Culture

L’Espace Go fait partie des bâtiments culturels qui ont modifié le paysage montréalais depuis les 20 dernières années.(crédit photo: Lina Kabbadj)

Édifier Montréal

Le Centre d’exposition de l’UdeM accueille jusqu’au 23 mars Monographie MAQ 02 – Lapointe Magne et associés vus par Marie-Paule Macdonald – Dialogues avec la ville en transformation. L’exposition est dédiée à l’œuvre de cette firme d’architectes montréalaise. Une occasion de revenir sur l’architecture marquante de la métropole des vingt dernières années.

Produite par la Maison de l’architecture du Québec, l’exposition porte essentiellement sur quelques réalisations notoires de l’agence Lapointe Magne et associés depuis 1992, telles que le Centre Bell (anciennement Centre Molson), l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ), l’École nationale de cirque, le Centre sportif de Gatineau, le Palais de justice de Salaberry-de-Valleyfield et l’Espace Danse Québec. Photo – graphies, maquettes, plans et cahiers à esquisses dépeignent leur processus de conception.

« On parle beaucoup de dessins digitaux et d’informatique en architecture, mais j’aime toujours les petites maquettes d’études, les esquisses en trois dimensions avec lesquelles on raffine les projets», juge la commissaire de l’exposition, Marie-Paule Macdonald, également professeure à l’École d’architecture de l’Université Waterloo.

Une génération distincte d’architectes est apparue durant les années 1990, selon le professeur d’architecture de l’UdeM Georges Adamczyk. «Ils ont commencé à marquer différemment le paysage montréalais, explique-t-il. Les choses ont surtout bougé du côté des petits bâtiments culturels tels que le théâtre de l’Espace Go et celui du Rideau Vert.»

Aux yeux de l’étudiant en architecture à l’UdeM Étienne Bourque-Viens, Montréal – certifiée ville UNESCO design en 2005 – retrouve une certaine effervescence. « Depuis le boum des années 1960, avec l’Exposition universelle de 1967, les Olympiques et le maire Drapeau, il y a eu une latence, estime-t-il. Depuis les années 1990, la culture architecturale s’améliore tranquillement ; les efforts des universités en architecture doivent porter leurs fruits. La population se sensibilise à l’importance de la qualité des environnements.»

Des monuments saillants

Au sein du panorama architectural des vingt dernières années, la Grande bibliothèque et le Quartier des spectacles retiennent l’attention.

Selon Étienne Bourque-Viens, ces aménagements transcendent le bâtiment individuel. «J’aime les projets d’envergure associés à des idées d’ensemble, qui comportent une vision plus large de la ville, assure-t-il. Le travail sur un quartier est intéressant à cet égard.»

L’étudiante en architecture à l’UdeM Kim Chayer souligne les projections déployées à la Place des festivals« L’éclairagisme architectural se porte très bien, mentionne-t-elleCertaines entreprises québécoises constituent des figures de proue à l’international, comme la firme Light Motion.»

L’architecte montréalais Dan Hanganu est l’un des piliers de la recrudescence propre aux dernières décennies, avec des œuvres telles que le musée Pointe-à-Callière, l’école de design de l’UQAM, les HEC du campus Montréal et le Théâtre du Nouveau Monde. «Il a fait exploser la créativité à Montréal, affirme M. Adamczyk. Il marque par son sens de la spatialité et l’utilisation de matériaux relativement traditionnels, avec des budgets souvent serrés. Il montre qu’avec de la créativité, on peut faire des choses intéressantes.»

Une offre de concours carencée

Le manque de concours d’architecture constitue un problème majeur au Québec pour Kim Chayer. « La conjoncture n’est pas propice à la diversification et à l’expérimentation, déplore-t-elle. Le Guide des concours canadiens indique qu’il y aura seulement huit concours lancés au Québec cette année. L’Allemagne peut en lancer de 600 à 800 par année, la France, 1000.» Ce constat tombe à point nommé, sachant que l’UdeM n’instiguera finalement pas de concours pour la conception de son nouveau complexe des sciences, répudiant ainsi la suggestion du doyen de la Faculté d’aménagement, de la directrice de l’école d’architecture et de plusieurs professeurs.

Cette carence ne freine néanmoins pas les étudiants dans leurs aspirations. «On est de la génération du printemps érable, bien des choses se sont réveillées en nous, assure Kim. Je souhaite qu’il y ait plus d’architectes en politique.»

Étienne Bourque-Viens aspire quant à lui à une métropole qui se distinguerait par sa diversité culturelle. «Elle est tellement riche, on a beaucoup à offrir sur la scène internationale, avance-t-il. Il faut mettre le doigt sur notre propre culture, l’exploiter et l’exprimer en architecture. » Par leur vision, ces étudiants ont assurément l’épanouissement de l’architecture à cœur.

Centre d’exposition de l’UdeM
Pavillon de la Faculté de l’aménagement
2940, chemin de la Côte Ste-Catherine
Salle 0056 • Jusqu’au 23 mars
Entrée gratuite

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