En 2010, une étude de l’Université de Windsor démontre que les travailleurs s’affairent plus lentement et moins bien dans un environnement silencieux. Plusieurs disques de musique, dite de concentration, sont vendus afin d’optimiser votre efficacité au travail. Écouter certaines musiques en étudiant pourrait-il améliorer vos résultats scolaires?
«Cette question est souvent posée par nos étudiants, constate la coordonnatrice et psychologue au Centre étudiant de soutien à la réussite de l’UdeM (CÉSAR), Dania Ramirez. Nous recommandons une musique qui n’a pas de connotation émotionnelle et sans paroles : la musique classique ou le new age en sont des bons exemples.»
Une autre étude, effectuée par le Journal of Music Therapy, démontre que le type de musique écoutée influence autant notre intellect que notre physique. Une musique calme, entre 50 et 60 pulsations par minute telle que le new age, aura tendance à nous calmer, tandis qu’une musique plus rapide, telle que la techno, aura l’effet contraire.
L’auteure de l’étude produite par l’Université de Windsor, maintenant professeure à l’Université de Miami, Teresa Lesiuk, estime que plusieurs raisons poussent quelqu’un à écouter de la musique lors du travail.« Pour certains, cela permet de contrer une ambiance négative et de réduire le stress», observe celle qui est également musicothérapeute.
Plusieurs étudiants suivent donc sans le savoir les recommandations des spécialistes. C’est le cas de l’étudiante au certificat en journalisme Léa Bouchard. « Je mets toujours de la musique lorsque j’étudie, sinon je suis déconcentrée au moindre bruit, dit-elle. J’écoute de la musique classique ou la liste de lecture “Sans paroles” de Songza. »
Pas efficace pour tous
L’ancienne étudiante en musique à l’UdeM et trompettiste depuis l’âge de 13 ans Mireille Tardif n’arrive pas à écouter de musique en étudiant à cause de son parcours de musicienne. «Mon oreille analyse trop la musique, raconte-t-elle. Je passe tout mon temps à juste écouter la mélodie, l’ensemble et la balance de l’orchestre.»
Mme Lesiuk a remarqué dans ses recherches sur des travailleurs en informatique que le niveau de maîtrise du travail effectué influe sur la capacité bénéfique de la musique. «Si quelqu’un est débutant dans une matière, l’écoute de la musique risque de détourner son attention de l’étude, soutient-elle. S’il est moyennement ou très compétent dans le travail qu’il effectue, son humeur et donc sa capacité de concentration peuvent bénéficier de la musique. » Écouter de la musique durant les révisions semble donc être la stratégie à privilégier.
Mme Ramirez souligne que chaque étudiant apprend d’une manière différente.Pour certains la musique peut aider, mais pour d’autres elle est une source de distraction. Elle croit aussi que ce n’est parfois pas la musique en soi qui est bénéfique pour la concentration. «Si un étudiant s’isole avec ses écouteurs, c’est probablement pour éviter les sources de distraction de la pièce dans laquelle il se trouve: les bruits de chaises, de papiers ou les conversations d’autrui», pense-t-elle.
La psychologue explique que de nombreux facteurs, autres que l’environnement sonore, entrent en ligne de compte pour être apte à étudier. C’est d’ailleurs ces facteurs qui sont mis de l’avant dans les ateliers sur la concentration offerts par le CÉSAR. «Nous conseillons de bonnes habitudes de vie : être reposé, bien manger et avoir un nombre d’heures de sommeil suffisant », rappelle-t-elle.
De plus, un environnement sans distractions supplémentaires, tel le téléphone et internet, est souhaité. Il faut aussi un espace physique bien éclairé et aéré. «Il faut être bien préparé, avoir son matériel à sa disposition et planifier ses séances d’étude», ajoute Mme Ramirez.
Ainsi, la musique lente et sans paroles peut contribuer à une bonne séance d’étude. L’important est qu’elle réduise les distractions, le stress et améliore l’humeur, afin d’augmenter la capacité du cerveau à travailler.
En collaboration avec Dominique Cambron-Goulet
Sondage
Quartier Libre a réalisé un sondage auprès de 50 étudiants de l’UdeM pour savoir s’ils écoutent de la musique pendant leur étude. Le sondage a été réalisé les 17 et 18 octobre 2013.
24 ont répondu non, car la musique les déconcentre.
10 écoutent parfois de la musique pour couvrir le bruit extérieur dans un endroit public.
9 écoutent de la musique pour se concentrer.
5 écoutent de la musique car cela les détend au moment des révisions.
1 écoute souvent de la musique pour ne pas entendre le bruit que font ses enfants.
1 écoute de la musique car ça lui permet de faire des pauses en étudiant.
Sondage réalisé par Ansou Kinty