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Le chef de pupitre musique du Voir, André Péloquin, a fait ses premières armes à Quartier Libre. (Crédit photo: Pascal Dumont)

Du hasard et de l’audace

C’est en envoyant un courriel de reproche à Quartier Libre que l’actuel chef de pupitre musique à l’hebdomadaire culturel Voir, André Péloquin, est entré au journal étudiant de l’UdeM. Neuf ans plus tard, il l’avoue sans hésiter : c’est grâce à cette publication qu’il a pris goût au journalisme.

Durant son microprogramme de deuxième cycle en formation à l’enseignement postsecondaire à l’UdeM au milieu des années 2000, André Péloquin anime l’émission Plectrum à la radio étudiante CISM, en plus de siéger au comité musical de la station. C’est à ce moment qu’il adopte une position critique face aux médias culturels montréalais.

« J’étais exposé à beaucoup de musique locale indépendante à CISM et je me demandais pourquoi personne n’en parlait, se souvient le natif de Sorel. C’est ça qui m’a motivé à écrire un courriel à Quartier Libre. Je trouvais ça drôle que le journal étudiant s’intéresse presque juste aux gros canons de la musique alternative américaine, alors que plein de médias le faisaient déjà. »

 La chef de pupitre culture de l’époque, Linda Fatigba, lui répond rapidement. « Elle m’a demandé si ça me tentait de me mouiller, dit-il. J’ai pris ça comme un “t’es pas game” et je lui ai envoyé deux ou trois critiques d’albums. »

Mme Fatigba aime ce qu’elle lit, et André devient le critique musical officiel de Quartier Libre pendant un an. « Ça m’a donné ma première vraie expérience en journalisme, incluant toute la gamme d’émotions qui vient avec, explique-t-il. C’est à Quartier Libre que j’ai eu le stress d’envoyer un texte la première fois et le stress de recevoir ce même premier texte plein de corrections alors que je le croyais parfait. C’est également à cette époque que j’ai vu mes premières critiques d’albums photocopiées sur le MySpace d’un groupe.»

Alors qu’il commence sa maîtrise en littérature comparée, en 2005, André travaille à temps partiel dans un studio de jeux vidéo et envoie des C. V. un peu partout, notamment au magazine Nightlife et au défunt hebdomadaire Ici Montréal.

C’est le rédacteur en chef du Ici à l’époque, Patrick Baillargeon, qui lui manifeste son intérêt. « Je travaillais à mon studio et j’ai reçu un appel, se remémore-t-il. Patrick me proposait d’interviewer Metric, qui faisait des entrevues toute la journée dans les studios de Musique Plus. » André Péloquin a alors fait croire à son patron qu’il allait manger dans le centre-ville pour pouvoir se présenter à l’entrevue. « J’étais dans la l’illégalité complète ! Je suais à grosses goûtes en entrant à Musique Plus », ajoute-t-il.

À la même époque, André commence également à écrire pour le mensuel alternatif montréalais Bang Bang. L’équipe de rédaction de Quartier Libre préfère alors donner la chance à un autre étudiant. «Vu que j’écrivais déjà pour trois ou quatre autres journaux, elle a voulu passer au suivant», partage M. Péloquin.

Sa maîtrise terminée, André continue de cumuler les piges à gauche et à droite. Rapidement, l’expérience d’une vraie salle de presse lui manque. « Je voulais faire autre chose que rédiger des articles en boxers chez moi », avoue-t-il.

Le journaliste trouve alors un emploi comme chef de pupitre au Trait d’Union, un hebdomadaire de Terrebonne. « Je suis resté là-bas un an, puis j’ai vu que Transcontinental ouvrait une salle de rédaction à Sorel-Tracy, où je suis né, raconte-t-il. Je me suis dit que, tant qu’à prendre mon auto pour aller à Terrebonne, aussi bien aller làbas et voir mes amis. En plus, je n’avais jamais vécu l’expérience de lancer un journal. »

Un an plus tard, son ancien collègue au Bang Bang et nouveau rédacteur en chef de Voir, Simon Jodoin, lui lance un appel pour être chef de pupitre musique. « C’était pendant mes vacances d’été, raconte-t-il. J’étais au chalet de ma blonde et j’ai négocié mon contrat au téléphone. Le seul inconvénient que j’y voyais, c’était le salaire, plus bas qu’à Transcontinental. Je me suis dit que je regretterais d’avoir choké ma job de rêve pour ça. »

Obligation d’innover

En poste depuis maintenant huit mois, André Péloquin constate la dure réalité du journalisme. Le Voir, beaucoup plus mince qu’avant, fait face au déclin inévitable du papier.

« Beaucoup chantent la mort de ce format, affirme-t-il. On dit même que La Presse arrêterait d’imprimer d’ici cinq ou dix ans. Au Voir, le monde est motivé, et il y a beaucoup de projets qui se brassent. J’essaie de pousser pour qu’il y ait plus de multimédia sur le site web. »

La diffusion d’albums en pré-écoute et l’intégration de vidéos font partie des projets du chef de pupitre. « Le web a été trop longtemps sous-estimé par la presse québécoise, ajoute-t-il. On l’a mal exploité pendant des années. Vu qu’il n’y a aucune limite d’espace, les médias doivent constamment se distinguer des autres et se mettre en danger. » André veut mettre l’accent sur ce côté audacieux et expérimental dans les prochains mois. Sans se presser, le diplômé de l’UdeM veut prendre le temps qu’il faut pour développer de nouveaux projets et apposer sa signature au journal.

 

  Crédit photo: Pascal Dumont

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