Volume 22

« Pour me lancer dans une carrière,

Du crayon aux boulons

« Selon mon expérience, c’est assez rare que des étudiants universitaires se réorientent vers un DEP , soutient la coordonnatrice des services d’orientation scolaire et professionnelle et d’information scolaire et professionnelle de l’UdeM, France Dodier. En plusieurs années de pratique, ça m’est peut-être arrivé maximum deux fois. » Bien que peu fréquente, la réorientation vers le DEP est une réalité qui touche des étudiants universitaires de tous les horizons.

L’ancien étudiant au baccalauréat en études cinématographiques à l’Université Concordia Mathieu Caya s’est réorienté vers un DEP en mécanique automobile, car il ne se retrouvait plus dans son choix de carrière. « J’aimais beaucoup mon domaine d’études universitaires, mais je me voyais mal rester assis toute la journée et mes études m’amenaient vers ce genre de travail », affirme-t-il.

Selon France Dodier, chaque étudiant possède un profil type qui s’apparente soit au cadre théorique offert par les universités, soit au cadre pratique offert par les établissements d’études professionnelles. Le sentiment que l’étudiant ressent vis-à-vis de son type d’études est donc à prendre en considération. « Les étudiants que j’ai rencontrés et qui se sont réorientés vers le DEP étaient malheureux à l’université, souligne la coordonnatrice. Aller vers un métier plus concret et plus technique représentait une sorte de délivrance. »

Le raisonnement de France Dodier trouve écho dans le cheminement scolaire de l’ancien étudiant en informatique puis en mathématiques de l’UdeM Alexandre Careau qui s’est finalement redirigé vers un DEP en boucherie de détail.« J’avais beaucoup de problèmes de motivation et de procrastination avec mes études universitaires, explique l’étudiant . Je me suis rendu compte en cours de route que j’avais perdu ma passion pour le domaine. »

Écarts de salaire

L’étudiant en études littéraires et culturelles de l’Université de Sherbrooke Zacharie Audet-Vallée estime que sa réorientation lui assurera une meilleure stabilité de salaire. « La sécurité d’emploi que me procure le DEP me permet d’aller étudier dans un baccalauréat où les possibilités d’emplois sont faibles à la fin », affirme l’étudiant qui a vécu un cheminement particulier : aller à l’université avant de se réorienter vers un DEP en ébénisterie pour finalement retourner à l’université à la fin de ses études professionnelles.

De nombreuses carrières prometteuses sont offertes aux étudiants en études professionnelles. Selon les données du Guichet emplois du gouvernement du Canada, un étudiant qui possède un DEP comme grutier, par exemple, peut atteindre un salaire hebdomadaire moyen de 1 600 $.

Le recruteur de cadres et coach de carrière Claude Daigneault considère toutefois que les étudiants universitaires ont plus d’opportunités de gravir les échelons au sein de leur milieu. « Les techniques, les DEP et les diplômes universitaires permettent d’accéder à des niveaux de postes différents, remarque le recruteur. Le diplôme universitaire va souvent permettre d’obtenir des postes de cadres supérieurs. » Ainsi, alors que le DEP peut offrir une carrière bien rémunérée très rapidement, le diplôme universitaire offre tout autant d’opportunités, mais à long terme.

De son côté, France Dodier estime qu’il n’en tient qu’au travailleur de créer ses opportunités d’avancement, peu importe son parcours scolaire. « Même si un étudiant fait un DEP, il y a possibilité de gravir les échelons : l’étudiant peut travailler à son compte, pour une entreprise et même bâtir sa propre entreprise », affirme la coordonnatrice.

L’instabilité reliée à certains domaines universitaires peut aussi convaincre des étudiants de se réorienter. « Le salaire n’était pas vraiment un argument pour moi, c’est plutôt la demande rattachée au domaine qui m’a convaincu, assure l’ancien étudiant en études cinématographiques Mathieu Caya. Pour me lancer dans une carrière, la sécurité d’emploi est plus importante que le salaire. »

À savoir si le diplôme universitaire aura encore une valeur aux yeux des employeurs pour un étudiant qui s’est réorienté vers le DEP, Claude Daigneault croit que tout dépend du type d’emploi recherché. « Je regarde le CV en fonction du besoin de l’employeur, soutient le recruteur. Si celui-ci a des contraintes salariales, par exemple, un diplômé universitaire qui est payé plus cher peut être désavantagé par rapport à un diplômé des études professionnelles. » L’idée que le diplôme universitaire primera automatiquement sur le diplôme professionnel représenterait donc un mythe.

Les 5 DEP les plus en demande

Métier – Salaire

1 Foreur et dynamiteur – 69 000 $

2 Calorifugeur – 54 000 $

3 Mécanicien de machines fixes – 66 000 $

4 Soudeur-monteur – 42 000 $

5 Technicien d’usinage – 47 000 $

Source : gouvernement du Québec, 2014

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