Volume 27

Comme motivation d'absence, le registrariat de Polytechnique a accepté la participation à cette manifestation. Le délai réglementaire de cinq jours a exceptionnellement été diminué à un jour et demi avant la date du 27 septembre.

Les polytechniciens marchent (quand même) pour le climat

Les raisons du refus de cette suspension ont été clarifiées dans un courriel datant du 17 septembre dernier, envoyé aux élèves par le directeur général de Polytechnique Montréal, Philippe A. Tanguy. Il annonce que « Polytechnique soutient cette cause, mais nous sommes aussi conscients que, malheureusement, cette journée mondiale ne sera pas suffisante pour résoudre les enjeux climatiques ; il y en aura d’autres et nous ne pourrons pas lever invariablement les cours pour toutes ces journées. »

Malgré le maintien des cours, le cortège de l’Association étudiante de Polytechnique (AEP) est bien parti du Pavillon Lassonde le 27 septembre à 11?h?30 pour rejoindre la manifestation. « Cette marche est plus importante que les cours qu’on peut avoir sur une journée », déclare une étudiante de Polytechnique ayant pris part au cortège, Marie Vigier. « Beaucoup d’étudiants sont ici bien que les cours n’aient pas été suspendus », affirme Nicole*, également étudiante à Polytechnique.

Comme d’autres élèves, elle regrette la décision de maintien des cours, et voit dans cette situation un manque d’engagement de l’école. « Cette situation semble montrer une indifférence de la part de Polytechnique face à la situation climatique », déplore-t-elle.

Trouver un compromis

Si les cours n’ont pas été annulés, un compromis a été trouvé à la suite de la médiatisation des contestations étudiantes, raconte le président de l’Association étudiante de Polytechnique, Jonathan Landry-Leclerc. « C’est l’école qui nous a invités à faire une rencontre pour régler la situation, et qui est venue rapidement avec une solution », explique-t-il. Une dérogation a été accordée pour les élèves ayant eu un examen le 27 septembre.

La conseillère principale au Service des communications et des relations publiques, Annie Touchette, a commenté cet accommodement. « La direction de Polytechnique a choisi un compromis, celui de ne pas lever les cours, mais de s’assurer que les étudiants qui ont des examens le 27 septembre ne soient pas pénalisés s’ils s’absentent pour participer à la marche », précise-t-elle.

La coordinatrice en communication de l’AEP, Myriam Emond, souligne que les étudiants ont pu remplir un formulaire d’exemption d’évaluation jusqu’à deux jours avant la marche. « Indiquer la grève comme motif d’exemption était accepté », assure-t-elle. Pour le président de l’AEP, cette décision représente la meilleure des solutions pour les étudiants de Polytechnique.

Le directeur adjoint de Polytechnique Montréal, Pierre Baptiste, indique, dans un courriel envoyé aux étudiants le 19 septembre dernier, que les enseignants ont été invités à faciliter la mise en place de ce compromis. « Bien que les cours ne soient pas suspendus le vendredi 27 septembre, les enseignantes et les enseignants ont été encouragés à organiser ou à aménager, lorsque possible, les enseignements en tenant compte de ces circonstances », écrit-il.

Un compromis accepté, mais frustrant

Si les étudiants sont globalement satisfaits, cette solution demeure frustrante pour certains. « Il y a des étudiants chargés de laboratoire ou chargés de superviser des cours qui n’ont pas pu aller à la marche », déplore Myriam.

Un étudiant de Polytechnique Montréal, Philippe Bouchard Aucoin, commente cette situation. « On est satisfaits de la solution, mais c’est dommage, car il ne s’agissait pas d’une grève étudiante, mais de société, déclare-t-il. Ce serait bien que toutes les instances sociétales se positionnent. »

L’Association du personnel de l’École Polytechnique (APLEP) a exprimé son soutien à la décision de l’École. « L’APLEP appuie la décision de Polytechnique de maintenir les cours le 27 septembre 2019, écrit le président de l’APLEP, Dominic Cappe. Polytechnique permet à ses étudiants et à ses employés de participer à cet évènement selon les modalités prévues lors d’absences motivées. »

L’Association des professeurs de l’École Polytechnique (APEP) de Montréal n’a pas donné suite à nos demandes d’entrevues.

Des étudiants mobilisés

Myriam défend que la participation des étudiants à cette grève permet de montrer à la société que les ingénieurs de demain sont ralliés à la cause du climat. « En tant qu’ingénieurs, on va créer des technologies et on veut montrer qu’on est avec tout le monde, développe-t-elle. La solution, elle vient de la société dans son ensemble. » Elle ajoute qu’à Polytechnique, il est rare qu’une cause politique soulève les étudiants. « Pour l’environnement, beaucoup d’entre nous veulent se mobiliser et s’engager », conclut-elle.

Philippe Bouchard Aucoin a rappelé dans une lettre ouverte qu’à Polytechnique, près de 80 % des étudiants se sont exprimés en faveur de la suspension des cours. L’AEP ainsi que l’Association des étudiants des cycles supérieurs de Polytechnique (AÉCSP) ont en effet organisé un référendum auprès de la communauté étudiante pour connaître son souhait de participer à la grève pour le climat du 27 septembre. « Entre le 10 et le 13 septembre, un référendum par courrier électronique a eu lieu auprès des élèves de Polytechnique », explique Jonathan. Sur près de 6 000 étudiants contactés, le taux de participation a été de 42,9 % (2 820 étudiants). Parmi eux, 77,8 % (2 194 étudiants) ont dit « oui » à la grève pour le climat, 15,6 % (440 étudiants) ont voté « non » et 6,6 % (186 étudiants) se sont abstenus.

* L’étudiante n’a pas souhaité divulguer son nom de famille

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