Désinvestissement : le pavillon Roger-Gaudry occupé par des étudiant·e·s

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Par Paul Fontaine
mercredi 30 mars 2022
Désinvestissement : le pavillon Roger-Gaudry occupé par des étudiant·e·s
Des membres de L'Écothèque au premier jour de leur occupation. Photo : Mathis Harpham.
Des membres de L'Écothèque au premier jour de leur occupation. Photo : Mathis Harpham.

Depuis le lundi 28 mars, une trentaine d’étudiant·e·s occupent le hall d’honneur du pavillon Roger-Gaudry. Ils et elles veulent ainsi inciter l’UdeM à se départir de ses investissements dans les énergies fossiles d’ici 2025. Deux manifestant·e·s entreprennent également une grève de la faim.

Dès 9 heures lundi matin, les membres de L’Écothèque, un regroupement étudiant de l’UdeM militant pour la justice climatique, ont installé leurs tentes dans le hall d’honneur du pavillon Roger-Gaudry. Cette mobilisation, ou immobilisation, doit durer une semaine, mais est reconductible, précise l’étudiant en dernière année au baccalauréat en science politique Quentin Lehman, également membre de l’organisation. Cette occupation fait écho à celle menée il y a deux semaines, sur l’autre versant du mont Royal, par des étudiant·e·s de l’Université McGill.

À cet événement s’ajoute une grève de la faim entreprise par l’étudiant en troisième année au baccalauréat en philosophie et politique Vincent Vaslin, lui aussi membre de L’Écothèque. L’étudiante de première année au baccalauréat en anthropologie Catherine Ouellette Marrero l’a rejoint en cours de route. Ce geste s’inspire du cas d’étudiant·e·s de l’Université de la Colombie-Britannique, qui avaient passé cinq jours en janvier 2020 sans manger. L’établissement s’était finalement engagé à désinvestir complètement ses 1,7 milliard de dollars engagés dans les énergies fossiles.

Cinq associations étudiantes sont présentement en grève pour soutenir le mouvement. En tout, 28 associations étudiantes, cinq assemblées départementales ainsi que le Syndicat général des professeurs et professeures de l’Université de Montréal se sont positionnés en faveur du désinvestissement de l’établissement. Selon la porte-parole de l’UdeM, Geneviève O’Meara, l’Université détenait à la fin de l’année 2020 92,8 millions de dollars dans le secteur des hydrocarbures.

Une liste de revendications

Alors que des menaces d’expulsion planaient lors des premiers pourparlers entre les manifestant·e·s et l’Université lundi le 28 mars, les grévistes en sont maintenant à leur troisième journée d’occupation continue. Depuis, une liste de revendications a été envoyée au recteur Daniel Jutras et au vice-recteur à l’administration et aux finances Éric Filteau. Au premier chef se trouve une demande d’engagement public de la part de l’UdeM pour le désinvestissement de son fonds de dotation, mais également un appel à une plus grande transparence sur les détails des états financiers des portefeuilles de l’UdeM.

Une occupation initialement appelée à être relocalisée

En visite sur les lieux le 28 mars, Quartier Libre a constaté que tous les accès du hall d’honneur ont été verrouillés, à l’exception des portes principales qui ne permettaient que de quitter le pavillon. Les salles de bain ont elles aussi été condamnées. Ces mesures prises par le Bureau de la sûreté de l’UdeM moins d’une heure après l’arrivée des occupant·e·s avaient été vertement décriées. « C’est une question de contrôle de foule et de sécurité », nuançait Mme O’Meara.

En parallèle, des discussions avaient lieu lundi le 28 mars entre des représentant·e·s de L’Écothèque et du Bureau de la sûreté afin de relocaliser l’occupation, notamment dans les couloirs souterrains à proximité du garage Louis-Colin et de la Bibliothèque des lettres et sciences humaines. Des risques d’incendie ont notamment été évoqués par le Bureau de la sûreté pour motiver ce déplacement, selon Quentin Lehmann. « Ils [NDLR : Les membres du personnel du Bureau de la sûreté] nous menacent d’appeler les pompiers et la police d’ici la fin de la journée si nous décidons de ne pas partir », ajoutait-t-il cette même journée.

« Les étudiants ont été invités à se déplacer vers un autre lieu, dans le but d’assurer la sécurité autant des manifestants que du personnel et de la communauté étudiante de l’UdeM, confirmait lundi Mme O’Meara. Le lieu que nous proposons leur permettrait d’y passer la nuit. »

Vers de nouveaux engagements ?

« La direction de l’UdeM évalue depuis déjà plusieurs semaines différents scénarios de désinvestissements des énergies fossiles et une réunion pour évaluer ces scénarios a eu lieu pas plus tard que la semaine dernière », souligne la porte-parole de l’Université. Ainsi, en plus de son engagement de réduire de 35 % l’intensité carbone de son portefeuille d’ici 2030, avec une cible intérimaire de 20 % d’ici 2025, l’Université pourrait transmettre de nouvelles directives au comité des investissements du fonds de dotation, selon Mme O’Meara.

 

L’occupation étant en cours au moment de la publication de cet article, d’autres détails suivront.