Désinvestissement des énergies fossiles : nouvelle campagne à l’UdeM

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Par Morgane Choquer
jeudi 3 février 2022
Désinvestissement des énergies fossiles : nouvelle campagne à l’UdeM
La campagne pour le désinvestissement de l'UdeM des énergies fossiles renaît sous la forme d'affiches placardées sur le campus. Photo : Morgane Choquer.
La campagne pour le désinvestissement de l'UdeM des énergies fossiles renaît sous la forme d'affiches placardées sur le campus. Photo : Morgane Choquer.
La campagne pour le désinvestissement de l’Université de Montréal dans les énergies fossiles a commencé ce lundi 31 janvier. Depuis le début de la semaine, une mobilisation est menée par le regroupement étudiant universitaire militant pour la justice climatique Écothèque.
L’Université a reconnu l’urgence climatique aujourd’hui, mais elle n’y répond absolument pas.
Quentin Lehmann, étudiant au baccalauréat en science politique et membre d'Écothèque

La reprise des cours sur le campus est synonyme de reprise des activités militantes à l’Université. Écothèque réanime la campagne pour le désinvestissement de l’UdeM dans les énergies fossiles lancée en 2015 par le comité Désinvestissons l’UdeM. Cette mobilisation se construit autour de plusieurs revendications inscrites dans une pétition lancée le 12 novembre dernier par le regroupement : « désinvestissement total des énergies fossiles d’ici 2025 », « réinvestissement de l’argent dans une transition énergétique et/ou de la justice sociale », « réelle transparence [sur les investissements de l’UdeM] » ainsi que « carboneutralité d’ici 2030 ». Le Syndicat général des professeurs et professeures de l’Université de Montréal (SGPUM), la Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAÉCUM) ainsi que de nombreuses associations étudiantes locales soutiennent ce mouvement et ces requêtes.

« En 2012, un lanceur d’alerte avait publié des informations qui démontrent que dans le fonds de dotation et le régime de retraite de l’Université, 132 millions de dollars sont investis dans des compagnies qui exploitent des énergies fossiles », explique l’étudiante en baccalauréat en science politique et philosophie Anne Desruisseaux, membre d’Écothèque. ICI Radio-Canada avait par la suite confirmé ces données.

Écothèque a pris plusieurs mesures, parmi lesquelles le placardage d’affiches présentant des silhouettes qui portent un masque à gaz et tiennent un diplôme ainsi que la distribution de tracts. Cette première phase de mobilisation s’étend sur deux semaines. « Il y aura aussi des kiosques, pour toujours être présent, afin de créer un imaginaire collectif, annonce l’étudiant en baccalauréat en science politique et membre du regroupement Quentin Lehmann. Bien que ce soit plus difficile, ce n’est absolument pas impossible. L’Université a reconnu l’urgence climatique aujourd’hui, mais elle n’y répond absolument pas. »

Une réponse de l’UdeM jugée insatisfaisante

Face à cette situation, l’Université s’est engagée en février 2021 à réduire son intensité carbone de 35 % d’ici 2030, une promesse jugée un peu factice par les membres d’Écothèque.  En octobre 2021, l’Alliance U7+, qui regroupe 45 universités des pays du G7, dont l’UdeM, s’est engagée à lutter contre le changement climatique. Dans l’un de ses engagements, elle souligne l’importance de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’origine tierce, comme les investissements dans les énergies fossiles.

Contactée par Quartier Libre, l’UdeM a réitéré ses engagements, mais n’a pas souhaité réagir à cette nouvelle campagne de mobilisation. « L’Université est régie par les lois du marché, tout est question de rentabilité, soutient le membre d’Écothèque V. qui désire conserver l’anonymat. McGill et l’Université de Montréal sont à la traîne par manque de convictions. » D’autres établissements, comme l’Université Laval, l’Université Concordia et l’Université Harvard, ont déjà largement ou entièrement retiré l’or noir de leur portefeuille.

La FAÉCUM et l’urgence climatique

Dans les faits, le projet est porté main à main avec la FAÉCUM, qui est elle aussi mandatée pour demander le désinvestissement de l’UdeM dans les énergies fossiles. La participation de la Fédération laisse toutefois Anne perplexe. « La FAÉCUM ne va pas appuyer et militer ouvertement à nos côtés, estime l’étudiante. Elle est plus dans une optique corporative, pour garder une bonne relation avec l’administration de l’Université. » L’engagement dans cette mobilisation n’est pas partagé à part égale, selon Quentin Lehmann. « La FAÉCUM reconnaît l’urgence climatique, admet-il. Elle devrait donc mener cette lutte dès le départ, mais en ce moment, on la mène pour elle. »

Invitée à réagir, la Fédération s’est défendu en soulignant, par la voix de sa secrétaire générale Marie-Hélène Rivest, avoir adopté en juin dernier un avis avec 40 recommandations pour que l’Université ait un virage écologique, autant sur le plan du désinvestissement, que sur ceux de l’approvisionnement et de toute la gestion des sources d’énergie. « La stratégie de la FAECUM a été adopté par les associations étudiantes, en mentionnant que la stratégie de la FAECUM et de l’Écothèque peuvent être effectuées en parallèle, parce que ce sont deux façons de faire pression sur l’UdeM et que cela montre qu’il y a une forte mobilisation étudiante », ajoute-t-elle.

L’action menée par Écothèque en est à sa première semaine et devrait se poursuivre avec un changement de ton. « Toute cette mobilisation risque de culminer dans un événement beaucoup plus marquant, beaucoup plus tape-à-l’œil dans deux semaines », conclut V.