Pour donner suite aux conclusions de l’étude de la DSP, un comité paritaire composé de membres du SGPUM et de l’administration de l’UdeM a rédigé une résolution qui exige que le Département de géographie soit déplacé dans les plus brefs délais.
« Les quatorze professeurs du Département ont signé un document demandant à être relevés de leur fonction si l’Université ne procède pas à un déménagement du Département au printemps », menace le président du SGPUM, Jean Portugais.
Dans une lettre datant du 18 février dernier dont Quartier Libre a obtenu une copie, l’adjointe au doyen de la Faculté de l’aménagement, Anne-Marie Labrecque, et le responsable de la prévention du Syndicat des employés de l’UdeM (SEUM), Normand McDuff, recommandent au vice-recteur aux finances et aux infrastructures, Éric Filteau, « le déménagement sans délai de l’ensemble du personnel. » L’idée de déménagement immédiat ne plaît pas à la direction de l’UdeM.
« L’Université ne peut pas systématiquement déplacer le personnel et les étudiants chaque fois qu’elle soupçonne des problèmes qui peuvent être résolus dans un délai raisonnable», affirme le porte-parole de l’UdeM, Mathieu Filion.
Contaminé, mais pas dangereux ?
Le rapport de la DSP conclut sur le fait que l’humidité excessive du bâtiment, due à un mauvais drainage d’eau, a favorisé le développement de moisissures qui ont contaminé l’air intérieur du pavillon, surtout au rez-de-chaussée. La DSP recommande une multitude de travaux à faire.
« Il n’est pas écrit dans les rapports que le pavillon est dangereux, souligne le porte-parole de l’Université, Mathieu Filion. Les rapports disent que les gens doivent être déménagés en cas de travaux majeurs. »
Dans ces mêmes rapports, la DSP a fait, par le biais d’un questionnaire, un portrait de l’état de santé du personnel qui travaille au pavillon Strathcona. Sur 17 répondants, 76 % « auraient au moins un problème de santé possiblement ou probablement relié à la qualité de l’air du bâtiment », et les problèmes rapportés le plus souvent sont « les symptômes nasaux chroniques, une atteinte de l’état général, l’irritation des yeux et l’asthme. »
Selon Mathieu Filion, l’UdeM procédera à des déménagements individuels en cas de problème de santé. « Le Dr Louis Jacques, de la Direction de santé publique de Montréal, a dit aux représentants de l’UdeM que les personnes qui semblaient avoir des problèmes de santé pouvaient consulter un médecin au besoin, et agir en fonction des résultats », affirme-t-il.
Jean Portugais s’insurge contre la manière de faire de l’Université. « Cette approche est scandaleuse ! s’exclame-t-il. Que feront-ils si quelqu’un décède ? »
Et les étudiants dans tout ça ?
Jean Portugais s’étonne que les étudiants ne se mobilisent pas pour le déménagement du Département de géographie. « J’ai laissé un message à la secrétaire générale de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM (FAÉCUM), Mireille Mercier-Roy, mais elle ne m’a pas rappelé », se désole-t-il.
La FAÉCUM, de son côté, assure qu’elle prend le problème au sérieux, même si elle n’a reçu aucune plainte d’étudiants qui auraient des problèmes de santé à cause des moisissures. « Nous avons demandé aux associations étudiantes si elles étaient prêtes à prendre une position en assemblée générale sur ce sujet », affirme le coordonnateur aux affaires universitaires de la FAÉCUM, Mychel Pineault. « Nous attendons des nouvelles de leur part, mais, pour le moment, c’est évident que nous sommes pour un déménagement immédiat », ajoute-t-il.
Mychel Pineault estime que la revendication de la FAÉCUM aura plus de poids si les associations étudiantes la soutiennent. Mathieu Filion, quant à lui, croit que seuls les travaux qui seront faits par la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSMB) règleront le problème.
Éric Filteau et l’affaire du bail
Si l’UdeM tarde tant à réagir, c’est parce qu’elle n’est pas propriétaire du pavillon Strathcona. Le bâtiment appartient à la CSMB. Éric Filteau est en discussion avec la Commission scolaire pour que les travaux de décontamination commencent l’été prochain.
« L’Université ne doit pas fuir ses responsabilités vis-à-vis de la santé de son personnel à cause d’une question de bail, déplore le président du SGPUM. Elle doit réagir d’abord et prendre des recours contre la CSBM plus tard. » M. Portugais va plus loin. Il accuse directement le vice – recteur Éric Filteau de s’opposer personnellement au projet de déménagement pour des raisons obscures. M. Filteau n’a pas donné suite à notre demande d’entrevue.