Des universités et des musées archivent la pandémie

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Par Alexi Hachey-Brunet
vendredi 9 octobre 2020
Des universités et des musées archivent la pandémie
Le Musée de la civilisation a recueilli certains masques artisanaux, mais aussi des bouteilles de désinfectant à mains que des compagnies d’alcool québécois s’étaient mises à produire. Crédit : http://unsplash.com/
Le Musée de la civilisation a recueilli certains masques artisanaux, mais aussi des bouteilles de désinfectant à mains que des compagnies d’alcool québécois s’étaient mises à produire. Crédit : http://unsplash.com/

Au Québec comme ailleurs, des archivistes sont à l’ouvrage pour s’assurer que la pandémie de la COVID-19 demeure dans la mémoire collective. Qu’il s’agisse de collecter les mesures mises en place par les universités ou de recueillir des témoignages pour illustrer le vécu du confinement, ces initiatives documentent cette période particulière pour les générations futures.

Plusieurs musées et universités du pays, dont l’UdeM, se partagent le projet d’archivage. En voyant ce qui se passait, la Division de la gestion des documents et des archives de l’Université a déterminé qu’il était nécessaire pour l’établissement de conserver des traces de ses réactions à la pandémie et des moyens qu’elle a utilisés pour communiquer l’information, dans l’objectif que ces renseignements soient consultables plus tard.

« On s’est inspirés de l’Université Concordia, qui s’est mise à enregistrer ses contenus Web, explique la responsable des systèmes de gestion à la Division de la gestion des documents et des archives de l’UdeM, Taïk Bourhis. On a su qu’on devait aussi enregistrer les nôtres au maximum, parce que c’est maintenant que ça se passe. »

L’UdeM s’est abonnée à la plateforme Archive-it, le logiciel d’un organisme américain sans but lucratif, qui permet d’enregistrer des portraits des différentes URL à des dates précises. Les utilisateurs peuvent consulter les informations présentes sur un site Internet à une date précise, parmi lesquelles les photos et les vidéos, et construire des collections selon les thèmes recherchés. « On veut avoir un portrait de la façon dont l’Université a géré la COVID-19, mais aussi savoir comment elle l’a vécue », indique Mme Bourhis. Le site Internet de l’Université Info COVID-19, par exemple, a été enregistré chaque jour depuis sa mise en ligne.

Immortaliser le moment

Les musées saisissent également l’occasion d’immortaliser ce moment particulier de l’histoire. Le Musée de la civilisation, à Québec, a commencé dès le mois d’avril à recueillir des témoignages écrits et des photos sur son site Internet, pour avoir une idée du vécu de la population pendant le confinement de la première vague. « L’urgence était de saisir l’opportunité de recueillir des témoignages, affirme la chargée de projets d’exposition au Musée de la civilisation, Marie-Christine Bédard. Parce que c’est plus difficile pour quelqu’un de raconter ce qu’il faisait de son confinement trois ans plus tard. »

Le Musée de Vienne, en Autriche, a également lancé une collection dans le but d’immortaliser l’expérience du confinement par les habitants de la ville. Les citoyens ont été invités à partager leur vécu de la pandémie sous forme de témoignages, de photos et d’objets représentatifs, qui seront intégrés à la collection du musée pour des expositions futures. L’idée est de transmettre ce que la COVID-19 a eu comme impact sur la ville de Vienne et de sécuriser tout de suite ces artefacts pour la postérité.

Des objets ou contenus représentatifs de la pandémie

À l’UdeM, les contenus enregistrés vont des communiqués officiels de l’Université aux annonces des articles de recherche sur la COVID-19, en passant par la boîte à outils destinée aux employés pour le télétravail. L’Université cherche également à archiver ce qui se trouve sur les réseaux sociaux. « On veut savoir quelles décisions ont été prises, comment elles ont été communiquées et quels moyens ont été mis en place, précise M. Bourhis. C’est un témoignage historique, mais c’est aussi pour permettre une réutilisation de ces informations-là dans le futur. »

Depuis le 25 septembre dernier, le Musée de la civilisation a également lancé un appel aux objets significatifs pour les intégrer à la collection nationale du musée et ainsi pouvoir raconter aux générations futures comment s’est vécue cette pandémie. « Les objets, ça reste notre matière première pour raconter des histoires »,ajoute Mme Bédard.

La collecte va bon train, avec plus d’une cinquantaine de propositions reçues à ce jour, mais toutes les propositions ne seront pas ajoutées à la collection. « C’est sûr qu’à partir d’un moment, ça devient un peu répétitif, indique-t-elle. C’est que ça prend de la place, des objets ! »

En plus de cet appel, l’équipe du musée a également été à l’affût des objets pouvant avoir une signification particulière. L’équipe a donc recueilli certains masques artisanaux, mais aussi des bouteilles de désinfectant à mains que des compagnies d’alcool québécois s’étaient mises à produire.

« On va réfléchir plus tard, avec du recul, à ce qu’on va faire avec ça, parce que nous sommes encore beaucoup trop près des événements, poursuit Mme Bédard. Surtout que présentement, les gens en ont un peu ras le bol d’en entendre parler ! » D’ici là, l’appel d’objets du Musée de la civilisation se poursuit toujours, et ce, jusqu’au 27 novembre.