Campus

Des techniques pour relativiser

Au Québec, environ un quart de la population âgée de 15 ans et plus déclare avoir déjà éprouvé un stress intense au cours de sa vie, selon une étude sur la santé dans les collectivités canadiennes*. D’après une enquête panquébécoise sur la santé psychologique étudiante réalisée par l’Union étudiante du Québec**, 58 % des étudiantes et étudiants québécois souffriraient de détresse psychologique, dont du stress.

L’étudiant à la maîtrise en musique, option composition pour l’écran Ferdinand Chupin, qui se décrit comme détendu de nature, avoue que la situation sanitaire a provoqué chez lui une nouvelle forme d’anxiété. « Ce n’est pas la pandémie en elle-même, mais ses conséquences directes, comme les restrictions de déplacements et les fermetures des lieux culturels, qui ont engendré chez moi des inquiétudes », explique-t-il. Ce Français arrivé depuis quelque temps au Québec reconnaît avoir également fait face à des obstacles stressants dès sa demande de permis d’études. Il ajoute que l’arrêt des activités culturelles a été un immense frein à son travail. « J’évolue dans le milieu de la musique et ce sont mes ressources », précise-t-il.

La diététiste-nutritionniste et formatrice bien-être et communication non violente à l’UdeM Amélie Sabourin catégorise deux types de stress : le stress chronique et le stress épisodique. « Le stress chronique est une sensation que l’on va ressentir sur le long terme, détaille-t-elle. Il peut s’étaler sur des mois, voire des années. Le stress épisodique, en revanche, intervient lors d’événements d’une grande intensité. » Selon la spécialiste, ces phases d’anxiété évoluent au rythme des fluctuations de la vie.

Bien qu’elle n’ait pas remarqué d’augmentation des sollicitations, elle admet toutefois que la période exceptionnelle que traverse la population peut être source d’angoisse. « Les gens qui viennent me voir ont toujours un besoin, je ne peux pas statuer sur le fait que la pandémie l’ait accentué, poursuit-elle. En revanche, la situation liée à l’arrivée des variants peut développer d’autres formes d’angoisses. »

L’étudiante à la maîtrise en travail social Clémentine Roucloux avoue pour sa part faire face à un stress épisodique, pas nécessairement en lien avec l’actualité, mais plutôt lors de situations précises. « Dès que je suis perdue dans la rue, ou lorsque je suis dans un ascenseur, car je suis claustrophobe, mon stress monte », révèle-t-elle. Les zones inhabituelles et le manque de repères suscitent chez elle de l’inquiétude.

L’étudiante en deuxième année au baccalauréat en neuroscience cognitive Camille Hodé ressent les mêmes angoisses. Victime de stress épisodique, elle attribue ce phénomène à l’approche des examens et à la procrastination dans le travail.

L’UdeM a déployé plusieurs dispositifs, parmi lesquels l’accès à des consultations psychologiques. Crédit photo : Mathis Harpham

Repérer les manifestations du stress

Pour gérer son état, Mme Sabourin explique que la première étape est de repérer les signaux de stress, ce qui permet, en quelque sorte, de savoir quel est le type de celui-ci. « Le stress peut être cognitif et perturber la réflexion, mentionne-t-elle. Il devient alors compliqué de penser de manière logique. Dans notre tête, c’est une sorte de brouillard mental. Le stress physique va influer sur la respiration, le pouls ou même la digestion. Le stress de l’humeur rend plus sensible, on se sent parfois énervé à la moindre difficulté. »

Le stress dont témoigne Clémentine Roucloux s’observe pour sa part de manière physique et cognitive. « Mes mains deviennent moites, je sens que ma respiration s’accélère et ça m’épuise, donc je transpire davantage », décrit-elle. La situation peut même culminer jusqu’à des paralysies musculaires. « Parfois, je vais ressentir des douleurs dans mes membres et je dois m’arrêter pour retrouver les capacités de mon corps », souligne l’étudiante.

Pour Camille Hodé, l’état de stress se manifeste par de la gourmandise. « Mon stress va engendrer de la faim, je vais avoir tendance à grignoter, déclare l’étudiante. C’est difficile de s’analyser, mais je remarque que je suis stressée quand je manipule mes mains ou que je fais tourner ma bague. »

Des solutions proposées à l’UdeM

Désireuse de contrer les effets néfastes du stress et motivée par ses parents, Camille Hodé s’est renseignée sur les services offerts par l’Université. Elle a ainsi découvert que, pour soutenir la communauté étudiante, l’UdeM a déployé plusieurs dispositifs, parmi lesquels l’accès à des consultations psychologiques orchestrées par le Centre de santé et de consultation psychologique (CSCP). En collaboration avec les Services à la vie étudiante (SVE), le CSCP offre également des ateliers sur la santé et le bien-être. Cet hiver, il en propose pas moins d’une douzaine.

Le 15 janvier dernier s’est tenu en ligne, par exemple, l’atelier « Pratiquer des techniques pour se déstresser ». Un petit groupe d’étudiantes et d’étudiants a ainsi eu l’occasion de tester des exercices. Animée par Mme Sabourin, la séance avait pour but de les orienter vers des méthodes de gestion du stress. La formatrice y a notamment expliqué que, lors d’un stress d’urgence, ramener son cerveau dans une zone où il peut réfléchir est primordial afin de déceler le point de départ de la réduction de ce phénomène. « Il s’agit de calmer l’intensité du corps en faisant appel aux sens lorsque l’on fait face à une situation de panique », précise Mme Sabourin. Les méthodes du toucher, comme le fait de se masser le visage et les mains, ou les méthodes physiques, comme la danse, les étirements ou la position dite « cocon », peuvent être, selon elle, une façon de se relaxer.

Clémentine Roucloux a pu participer à l’atelier. « J’avais déjà recours à la méditation et au yoga avant d’assister à la séance, mais elle m’a permis de découvrir d’autres méthodes comme celle du crayon qu’on laisse divaguer sur la feuille, relate-t-elle à Quartier Libre. On le laisse aller, sans penser, et ça détend. » Heureuse de cette expérience qu’elle avait pourtant testée sans attentes particulières, l’étudiante ne ferme pas la porte à d’éventuels futurs ateliers.

Des méthodes pour pallier les situations stressantes

Pour se défaire de la pression intérieure, Clémentine Roucloux prend le temps de se rassurer comme si elle s’adressait à une autre personne. Elle admet cependant avoir déjà eu recours à de mauvaises habitudes pour son corps lors d’un stress intense. « Parfois, j’ai tendance à me gratter très fort », avoue-t-elle. Elle est toutefois attentive aux conseils pour y remédier. Selon Mme Sabourin, ce réflexe est fréquent, mais l’important est de canaliser ces pulsions en transformant les démangeaisons en massages corporels.

La formatrice de l’atelier précise que chaque solution est propre à chacun et chacune, et affirme que les astuces qui fonctionnent pour une personne ne fonctionnent pas pour autant pour une autre. Ceux et celles qui souhaitent se déstresser doivent donc faire des tests pour trouver les méthodes qui leur correspondent. Camille Hodé avoue ne pas ressentir les effets bénéfiques des exercices de respiration, par exemple. « Peut-être par manque de patience, ou d’expérience », concède-t-elle. En revanche, elle préfère se réfugier dans le dessin.

En réponse au stress occasionné par la procrastination scolaire, Mme Sabourin insiste sur la nécessité de réajuster ses attentes de performance, en s’organisant avec des listes de choses à faire, pour ne pas se sentir submergé. D’après elle, une meilleure anticipation et une répartition des tâches permettent de diminuer la montagne de travail à l’origine du stress et de l’anxiété.

« Il faut un équilibre de vie sain avec des habitudes qui font du bien », résume Mme Sabourin. Pour Clémentine Roucloux, cette routine passe par un bon petit déjeuner tandis que pour Camille Hodé, elle passe par le maquillage. « Je prends le temps de choisir les couleurs que je veux mettre, confie-t-elle. C’est un instant qui me permet de me libérer l’esprit. » Ferdinand Chupin, pour sa part, explique que la méditation a pu l’aider à se détendre et à prendre du recul sur ce qu’il nomme « les galères de la COVID-19 ».

 

* Étude sur la santé dans les collectivités canadiennes publiée en 2014 par Statistique Canada. Rapport produit le 10 juin 2016.
** Enquête panquébécoise sur la santé psychologique étudiante réalisée par l’Union étudiante du Québec (UEQ), en collaboration avec la firme de sondage Léger, en novembre 2019.

 

ATELIERS OFFERTS À L’HIVER 2022 À L’UdeM
– Apprendre à vivre avec le stress : les 14 et 24février, ainsi que les 16 et 29 mars
– Apprendre à être moins sévère envers soi-même tout en restant dans la performance : les 15 et 23 février, ainsi que les 9, 15, 22 et 28 mars
– S’ouvrir à l’autre et s’entraider pour aller mieux : le 22 février, ainsi que les 14 et 24 mars
– Mettre en pratique la psychologie positive : le 16 février, ainsi que les 8, 21 et 31 mars
– Pratiquer la bienveillance pour aller mieux : le 17 février
– Ma relation avec la procrastination : les 21 février, ainsi que les 10 et 23 mars
– S’engager pour aller mieux : les 7, 17 et 30 mars

– Gérer mes vagues émotionnelles : le 17 mars

Les inscriptions sont gratuites et se font par le biais du calendrier des Services à la vie étudiante.

 

QUELQUES CONSEILS

– Trouver une position « cocon » dans laquelle on se sent à l’aise.

– Se bercer, se masser le visage ou les mains.

– Faire du sport.

-Laisser aller son corps à des mouvementsaléatoires, à de la danse, à des étirements…

– Écrire sur une feuille sans guider le crayon, avec les yeux ouverts ou non.

– Développer un rythme de vie sain : bouger, manger équilibré.

– Faire des listes pour ne pas se sentir submergé.

– Pratiquer des exercices de respiration à partir de vidéos disponibles sur Internet.

Selon Amélie Sabourin

Partager cet article