Société

Des statistiques inquiétantes sur la mésinformation médicale en ligne

Récemment, l’Association médicale canadienne (AMC) a révélé que 37 % des Canadien·ne·s se fient à l’information médicale en ligne pour s’autodiagnostiquer ou s’autotraiter. Cependant, celle que ces dernier·ère·s consomment peut se révéler fausse, les mettant à risque d’éprouver des effets néfastes. 

D’après l’AMC, une partie de la population du Canada est amenée à avoir recours à de telles pratiques faute d’avoir accès à un·e médecin de famille ou de trouver un·e professionnel·le de la santé accessible. Un cinquième des Canadien·ne·s, soit 6,5 millions de personnes, n’avaient pas de médecin de famille attitré en 2022.

En août dernier, le journal La Presse informait que l’Institut de la statistique du Québec avait constaté qu’une personne sur quatre dans la province n’avait pas de médecin de famille en 2023. La proportion de la population ayant un·e médecin avait d’ailleurs chuté de près de 10 %, passant de 82 % à 73,3 %, entre 2019 et 2023. Ce déclin s’explique par le départ à la retraite d’un nombre significatif d’omnipraticien·ne·s. 

Ce constat prouve l’accroissement d’une population plus encline à recourir à d’autres méthodes à défaut de recevoir l’aide médicale appropriée. Une tendance alarmante devenue courante, selon l’AMC, qui met en lumière la corrélation entre la montée de la mésinformation en ligne en matière de santé et le manque d’accès aux soins.

Pour l’Association, la solution est de limiter la diffusion et la circulation des informations fausses ou erronées. « Nous demandons à toutes les plateformes de médias sociaux d’assumer leur part de responsabilité quant à l’impact de la mésinformation sur la santé de la population canadienne, et de prendre des mesures immédiates pour y mettre fin », a indiqué la présidente de l’AMC, la docteure Joss Reimer, dans un communiqué de presse publié sur le site Web de l’organisation. 

Sur le total des personnes sondées, 23 % disent avoir ressenti des effets physiques négatifs à la suite de conseils obtenus en ligne. Or, les effets néfastes n’affectent pas que la santé physique des individus, mais également leur santé mentale. L’étude de l’AMC met en évidence le lien de causalité entre la mésinformation en ligne et le stress, alors que près de la moitié des Canadien·e·s (43 %) déclarent souffrir de détresse psychologique et d’anxiété en raison des fausses informations qui circulent sur Internet. 

D’après le professeur à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et chercheur au Centre de recherche de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal (IUSMM) Stéphane Vial, les individus ont tendance à faire des liens entre ce qu’ils ressentent et des diagnostics déjà existants, a-t-il expliqué à La Presse le 22 janvier dernier.

Pour lui, bien que la consommation d’information médicale en ligne présente des risques réels, les réseaux sociaux ont aussi été un moyen efficace de déstigmatiser certaines maladies, voire de conscientiser la population sur les symptômes qu’elle peut ressentir. Dans tous les cas, l’important est de faire preuve d’esprit critique face aux contenus partagés et consommés sur Internet, insiste-t-il.

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