Des stages rémunérés en éducation préscolaire et primaire

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Par Mylène Gagnon
lundi 29 janvier 2018
Des stages rémunérés en éducation préscolaire et primaire
Des étudiants manifestent pour la rémunération des stages universitaires.(crédit photo : Courtoisie CUTE)
Des étudiants manifestent pour la rémunération des stages universitaires.(crédit photo : Courtoisie CUTE)
Certains étudiants en enseignement à l’UdeM seront rémunérés à partir de l’an prochain dans le cadre de leur stage final. Des organisations luttant contre la précarité financière des stagiaires apportent quelques nuances à cette annonce.
« Il y a des associations qui militent pour que tous les stages soient rémunérés, mais on n’est pas rendus là. »
Josianne Robert, directrice du Centre de formation initiale des maîtres de la Faculté des sciences de l'éducation

Les étudiants de quatrième année du baccalauréat en éducation préscolaire et enseignement au primaire pourront s’inscrire à des cours de soir et à davantage de cours durant l’été. Cette mesure découle d’une entente entre la Commission scolaire de Montréal (CSDM) et la Faculté des sciences de l’éducation (FSE). « La problématique, c’est qu’il y a des classes qui n’ont pas d’enseignant et que nos étudiants ne sont pas disponibles pour accepter des contrats, car ils ont des cours », déclare la directrice du Centre de formation initiale des maîtres (CFIM) de la FSE, Josianne Robert.

L’étudiante au baccalauréat en travail social et militante au sein des Comités unitaires pour le travail étudiant (CUTE) Sarina Motta est contre cette initiative. « On n’est pas du tout satisfaits de cette réorganisation, car pour les parents-étudiants et les étudiants ayant un parcours atypique, comme ceux qui souffrent de problèmes de santé mentale, les cours de soir ne sont pas vraiment accessibles », proteste-t-elle. Elle ajoute que cette nouvelle perpétue le stéréotype des étudiants habitant chez leurs parents, qui n’ont pas besoin de travailler et pas d’enfant à charge, alors que la réalité est toute autre.

Mme Robert apporte des précisions. « Nous avons deux groupes au baccalauréat et nous proposons un changement d’horaire pour un groupe, indique-t-elle. Un d’eux restera de jour, puisque nous ne voulons pas imposer quoi que ce soit à quiconque. Nous sommes très sensibles à la situation des parents-étudiants. »

Du côté de la Campagne de revendications et d’actions interuniversitaires pour les étudiantes et étudiants d’éducation en stage (CRAIES), le porte-parole et étudiant au baccalauréat en enseignement du français au secondaire, Antoine Côté, est plus conciliant. « On pense que c’est un bon premier pas, se réjouit-il. Ça permettra d’enrayer la précarité financière de certains étudiants. » Par contre, il déplore que cette mesure touche uniquement les étudiants au baccalauréat en éducation préscolaire et enseignement au primaire. « La situation restera inchangée, notamment pour les étudiants en adaptation scolaire, en français langue seconde et en enseignement au secondaire», explique-t-il.

Critères contestés

Afin d’être admissibles au stage rémunéré, les étudiants devront répondre à certains critères. « Une bonne moyenne académique et un dossier exemplaire des trois premiers stages sont nécessaires », affirme Mme Robert. Elle soutient que seuls les étudiants sélectionnés obtiendront un contrat, donc une classe à temps plein. « On ne veut pas envoyer n’importe qui, car les stages permettent l’obtention d’un brevet d’enseignement qui est obligatoire pour enseigner », ajoute-t-elle.

La militante des CUTE voit la situation sous un autre angle. « Être disponible pour avoir de bonnes notes, on ne croit pas que ça fasse de toi un meilleur enseignant », dit-elle en faisant référence aux parents-étudiants qui ont moins de temps pour étudier.

Une solution pour la CSDM

Les deux organisations, CUTE et CRAIES, tout comme Mme Robert, s’entendent sur le fait qu’il s’agisse d’une entente qui vise d’abord et avant tout à répondre aux besoins de la CSDM. « Il y a des associations qui militent pour que tous les stages soient rémunérés, mais on n’est pas rendus là », confie Mme Robert.

Sarina craint que lorsque ce besoin n’existera plus, il n’y ait plus de garantie pour les étudiants. Elle croit que le problème n’est pas la pénurie, mais la raison pour laquelle il y a pénurie. « Pourquoi est-ce qu’il n’y a pas d’enseignant? s’exclame-t-elle. Pourquoi les enseignants sont-ils épuisés? On pense que la solution devrait être centrée là-dessus. »

Pour Antoine, il est temps que le gouvernement provincial agisse. « Ce n’est pas normal que ce soient des commissions scolaires qui offrent à certains étudiants une compensation financière, dit-il. L’ensemble des étudiants vivent de la précarité et ils cherchent une solution. »

Les CUTE travaillent actuellement sur une possible grève les 20 février et 8 mars. Quant à la CRAIES, elle présentera sous peu une recherche fiscale afin de proposer des solutions pour une future compensation financière. Elle souhaite rencontrer la ministre responsable de l’Enseignement supérieur, Hélène David, dans le mois qui suit.