Des mythes à dormir debout

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Par Marianne Castelan
vendredi 3 novembre 2017
Des mythes à dormir debout
Roger Godbout, chercheur au Laboratoire de recherche sur le sommeil. (Photo : Jèsybèle Cyr)
Roger Godbout, chercheur au Laboratoire de recherche sur le sommeil. (Photo : Jèsybèle Cyr)
Le professeur au Département de psychiatrie de l’UdeM et chercheur au Laboratoire de recherche sur le sommeil Roger Godbout répond aux interrogations des étudiants sur le sommeil et ses effets.

Quartier Libre : Quelles sont les conséquences d’une nuit blanche avant un examen ?

Roger Godbout : C’est sûr qu’on a un sentiment d’accomplissement parce qu’on a réussi à tenir éveillé toute la nuit, mais il est préférable de dormir pour mieux emmagasiner les informations. En outre, quand on passe une nuit blanche, on est plus irritable, plus impulsif, on a des problèmes de concentration. Ce n’est pas l’idéal pour passer un examen. De plus, si on a naturellement tendance à se réveiller tard, cela risque d’être encore plus compliqué de rester éveillé toute la journée.

Q. L. : Quelles sont les fausses informations sur le sommeil que vous entendez le plus souvent ?

R. G. : L’un des mythes que j’ai le plus entendu concerne le « fait » que l’on pourrait raccourcir son sommeil comme on veut. Ce n’est pas vrai du tout, car on remarque que les gens qui ont essayé finissent souvent par revenir à leurs heures habituelles. Le fait de dormir est une tolérance. C’est un peu comme la tolérance au froid ou à l’alcool, ça ne se modifie pas tellement.

Q. L. : Est-ce vrai que l’on retient mieux les informations si on les relit le soir avant de dormir ?

R. G. : Oui, c’est vrai, parce que ça fait partie des fonctions du sommeil. C’est certain qu’on peut apprendre des choses et les retenir le jour, mais la rétention à plus long terme va être bien meilleure si on a dormi entre-temps. Il y a un travail qui se fait au niveau cérébral, qui n’est pas achevé le jour et qui doit se poursuivre pendant le sommeil. Ce travail permet d’élaguer et d’éliminer l’information qui est moins importante afin de ne garder que l’essentiel et l’inscrire dans la mémoire à long terme, la mémoire permanente. C’est pour ça qu’il vaut mieux bien dormir en période d’examens que de faire une nuit blanche.

 

Q. L. : Est-il bénéfique de faire une sieste pendant la journée ?

R. G : Si on veut vraiment faire une sieste, il faut qu’elle dure vingt minutes gros maximum. Si le repos est trop long, on risque de moins bien dormir le soir et, le lendemain, on aura encore envie de faire une sieste. C’est un cercle vicieux. Si l’on fait des siestes de plus de vingt minutes, on se réveille médiocre parce qu’on est tombé dans le sommeil lent. On ne sera donc pas très efficace pour le reste de la journée.

Q. L. : Est-ce que regarder des écrans tels que le téléphone, la télévision ou l’ordinateur avant de se coucher peut affecter le sommeil ?

R. G. : Absolument. Les longueurs d’onde bleues nuisent au sommeil. Certains fabricants de téléphones mobiles l’ont compris assez rapidement. Ils ont créé un système qui enlève ces longueurs d’onde bleues automatiquement en fin de soirée. Le contenu de ce que l’on regarde peut également être perturbant. Si je bavarde, regarde le bulletin de nouvelles ou cherche une note dans mes affaires, ça peut devenir très stressant. Dans ce cas, c’est le contenu qui peut rendre l’endormissement difficile. C’est tout aussi nuisible que de lire un roman qui nous contrarie énormément ou de recevoir une mauvaise nouvelle. Tous ces éléments peuvent perturber le sommeil.


conseils pour un sommeil optimal

R. G. : Trente minutes avant de dormir, il faut prendre le temps de se détendre pour se préparer au sommeil. On peut, par exemple, écrire dans son journal intime, faire de la relaxation, lire un magazine, prendre un bain ou une douche. Il faut éviter le stress ou les contrariétés dans cette dernière demi-heure précédant le coucher pour avoir un sommeil optimal.