Des livres à aimer

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Par Julien Tardif
lundi 5 décembre 2016
Des livres à aimer
Autour des livres exposés, des affiches présentant des figures emblématiques de domaines comme la littérature, l’histoire de l’art ou la philosophie sont installés pour rappeler l’idée derrière l’exposition. Crédit photo : Mathieu Gauvin.
Autour des livres exposés, des affiches présentant des figures emblématiques de domaines comme la littérature, l’histoire de l’art ou la philosophie sont installés pour rappeler l’idée derrière l’exposition. Crédit photo : Mathieu Gauvin.
Dans le hall d’entrée de la Bibliothèque des lettres et sciences humaines (BLSH) est présentée l’exposition Les livres mal-aimés de la BLSH jusqu’au 20 décembre prochain. Avec humour, mais dans un objectif de sensibilisation, les étudiants sont invités à réaliser l’importance d’offrir un meilleur soin aux ouvrages qu’ils consultent.

Documents annotés, surlignés, raturés. Pages arrachées, images découpées, taches de nourriture, de café ou même livres complètement ruinés par l’humidité ou l’eau, l’équipe de la BLSH en voit de toutes les couleurs lorsqu’il est temps de vérifier les documents retournés. « On reçoit chaque jour des livres qui sont dans un état pitoyable, raconte la technicienne en documentation Claudine Leprohon, l’une des instigatrices du projet. Il y a vraiment de tout. Des romans entièrement barbouillés aux livres d’art à moitié découpés. »

Devant une situation qui dure depuis longtemps, Mme Leprohon et les techniciennes en documentation Julie Touchette et Diane Moreau ont eu l’idée de créer une exposition ludique et humoristique pour informer, tout en sensibilisant les étudiants au problème. « C’est par le comptoir de prêt que les livres vont et viennent tous les jours, avance la responsable du service à la clientèle de la BLSH, Julie Ouellette, qui a chapeauté le projet. Nous sommes aux premières lignes pour voir l’état des livres qui sont retournés. »

Une préoccupation commune

Le problème n’est pas propre à la BLSH et affecte différentes bibliothèques à travers le campus, notamment la bibliothèque de HEC Montréal où travaille l’étudiante à la maîtrise en sciences de l’information Marjorie Gauchier. « L’exposition est importante, car il faut pouvoir garantir une bonne conservation des documents, d’autant que le budget des bibliothèques n’est pas sans fond, explique-t-elle. Ça peut coûter cher de remplacer un document abîmé et c’est de l’argent en moins pour acquérir un ouvrage inédit. Aussi, remplacer un livre peut prendre du temps, et on y perd l’accès. Dans les deux cas, l’étudiant est pénalisé. »

Les étudiants ne sont pas seuls à blâmer, l’usure du temps a évidemment un effet sur la détérioration des livres, et l’objectif de l’exposition n’est surtout pas de culpabiliser les étudiants. « On ne veut vraiment pas les chicaner, assure Claudine. On cherche à ouvrir leurs yeux, mais de façon humoristique. Autant avec l’exposition qu’avec les affiches pour chaque discipline. »

Questionné à propos de l’exposition, l’étudiant à la maîtrise en sciences de l’information Marc Bruyère abonde dans ce sens. « Il ne faut surtout pas voir l’exposition dans un esprit moralisateur, mais dans un esprit de partage et de découverte, note-t-il. Les documents appartiennent à tous, et tous veulent pouvoir en profiter, c’est un bien collectif. »

Du livre mordillé par un chien à celui complètement raturé, tous les ouvrages présentés proviennent directement des étagères de la bibliothèque et sont des « faits vécus ». Crédit photo : Mathieu Gauvin

Du livre mordillé par un chien à celui complètement raturé, tous les ouvrages présentés proviennent directement des étagères de la bibliothèque et sont des « faits vécus ». Crédit photo : Mathieu Gauvin

Trouver des solutions

Sensibiliser les étudiants est la solution la plus efficace pour la Bibliothèque, d’autant plus qu’il devient difficile de réparer ou remplacer tous les livres endommagés et raturés. « Le pire étant les livres d’exercices où les réponses sont déjà écrites, note Marjorie. C’est simplement une question de respect envers son prochain, ce que rappelle bien l’exposition. »

De plus en plus, l’équipe de la Bibliothèque remplace les ouvrages trop abîmés par des versions électroniques, qui se trouvent plus facilement et qui sont impossibles à endommager. Il n’en demeure pas moins que les livres en édition limitée ou de collection spéciale ont une valeur historique. « On a une grande et ancienne collection en théologie et en philosophie, rappelle Claudine. C’est précieux pour les chercheurs et c’est triste parfois de devoir les élaguer, car ils sont en trop mauvais état. »

Julie Ouellette rappelle qu’en plus de l’exposition et des affiches, la BLSH offre aux étudiants des petits signets les incitant à prendre des notes dans un cahier plutôt que dans le livre. « Le message qu’on veut passer, c’est que les livres de la bibliothèque sont un bien public qui appartient à tous », insiste-t-elle. L’idée reçoit une bonne réponse des étudiants et d’autres bibliothèques du Campus s’intéressent également à l’exposition, selon Mme Ouellette.

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