Des jeunes filles en vitrine

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Par Aude.Garachon
mercredi 10 novembre 2010
Des jeunes filles en vitrine
Courtoisie: Villa Maria
Courtoisie: Villa Maria

Le 23 octobre dernier, l’école privée pour filles Villa Maria a ouvert ses portes aux hordes de parents pressés. Quartier Libre s’est mêlé incognito à la foule de petites filles à jupe à carreaux plissée.

À Villa Maria, on est loin des idées progressistes des nouveaux modèles d’éducation. Cette école privée pour filles prône des valeurs ancestrales, une tradition d’excellence et de rigueur. L’institution est séparée en deux secteurs: l’école anglophone d’une part, l’école francophone de l’autre.

Courtoisie: Villa Maria

Les parents s’occupent de plus en plus tôt des formalités pour faire intégrer leurs filles à l’école. Ce jour-là, on pouvait ainsi croiser des fillettes de 4e ou 5e année de primaire. L’inscription à l’école secondaire est en effet conditionnelle aux résultats scolaires des années antérieures, ainsi qu’à la réussite d’un test d’admission. N’entrent pas seulement celles dont les parents ont le portefeuille bien garni, à Villa Maria.

Les droits de scolarité de l’école s’élèvent à 3 500 $ par année. Mais, selon Carole Gélinas, représentante de l’école, on est loin de certains montants d’autres écoles anglophones de Montréal : en effet, les frais de nombreuses institutions gravitent autour de 14000 $ l’année comme à St. George’s School et à l’école The Study, voire 20 000 $ au Lower Canada College.

Une fois le grillage franchi, un grand parc s’étend à perte de vue. À l’accueil, des jeunes filles habillées de l’uniforme de rigueur (kilt, chaussettes et chemise blanche) attendent les parents. Elles les accompagneront dans leur visite guidée. Présenter Villa Maria comme une école parfaite, tel pourrait être le mantra de ces portes ouvertes. Digne d’une pub des années 1950, les élèves affichent un large sourire aux lèvres. Les parents assistent au cours de chimie, à l’entraînement de sport, à l’enseignement des maths… Dans chaque salle, des adolescentes font figuration. Les parents restent éblouis devant les écrans plats, le matériel de science et la bibliothèque. Puis, dans la salle de spectacle, des stands fournissent les différents enseignements de l’école, à savoir maths, sciences, langues, mais aussi éthique et religion, ou bien mandarin. Là aussi, la majorité des professeurs sont des femmes.

Mieux sans les garçons

Carole Gélinas tente de nous expliquer ce désir d’évincer toute trace masculine de l’école : «Les filles, en général, sans tomber dans le stéréotype, aiment travailler dans un milieu collaboratif, et moins compétitif que les garçons. Et c’est un beau milieu de vie : elles se sentent valorisées, entourées, et les modèles qu’elles ont sous les yeux sont toutes des filles comme elles. Il n’y a pas cette retenue ou gêne qu’on peut avoir devant les copains. » Des arguments repris par Stéphanie Theopoulos, présidente du conseil étudiant de Villa Maria, qui a tout de la jeune fille populaire du secondaire : « Être avec des filles, c’est chill, c’est plus confortable. Et moi, je suis sociable, j’ai des amis garçons en dehors.»

Le côté familial et associatif est aussi mis de l’avant durant les portes ouvertes. En effet, de nombreuses célébrations sont organisées par l’école, comme la fête champêtre, l’Halloween, des pièces de théâtre et concerts de musique classique. Durant les années à Villa Maria, les adolescentes ont aussi l’occasion de voyager : voyage humanitaire au Pérou, stage linguistique à Boston ou à Beijing, les élèves sont gâtées. Carole Gélinas évoque de plus une fierté de l’école : le colloque sur l’estime de soi. «À cet âge un peu ingrat, on essaye de leur faire partager l’exemple de leaders féminines. C’est très touchant, et elles en parlent des années après.»

Villa Maria, c’est aussi les grands-messes catholiques, celles de la rentrée, celles de Noël, ou bien celles des finissantes, organisées dans la chapelle de l’école. Les religieuses sont en effet toujours propriétaires et gestionnaires de l’institution. Uniforme, bénévolat, rigueur, discipline… Villa Maria, c’est autant de valeurs qui ont de quoi rassurer des parents soucieux de transformer leur rejeton gâté en jeune femme parfaite.