Culture

L’étudiante à la maîtrise en communication de l’UQAM Noeimy Dulude

Des images pour nourrir la réflexion

Pour l’étudiante à la maîtrise en histoire de l’art à l’UdeM et cocoordonnatrice du colloque Marie-Pier Blain, la consommation des images n’est pas un phénomène nouveau. « Le simple fait de regarder des images, de les voir, de les percevoir, c’est une forme de consommation », affirme-t-elle.

Le colloque abordera les différents moyens par lesquels les images sont consommées. Les musées, la télévision et Internet en sont des exemples. Ce transfert entre le créateur de l’image et le consommateur sera traité sous différents angles lors de l’événement.

Le pouvoir des algorithmes

Lors du colloque, la doctorante en histoire de l’art de l’UdeM Christelle Proulx participera à un panel sur les manières de structurer l’image.

Son expertise porte sur les changements dans la consommation des images provoqués par Facebook et Google. « Je m’intéresse au fait que notre consommation d’images est dorénavant façonnée par les algorithmes de ces plateformes, dit-elle. La popularisation d’Internet propose autant sinon plus de continuité que de transformation dans notre consommation des images. Mais on peut dire que Google transforme la consommation des images en généralisant les principes de la base de données et de la consultation. »

Selon la doctorante, l’instantanéité et la présence sont des éléments centraux pour saisir les mutations qui s’opèrent à l’ère du numérique.

Christelle avance également que l’utilisation des images sur Internet peut s’arrimer à des idées politiques. « Pour le moteur de recherche Google, on peut souligner un idéal d’harmonie démocratique ou l’utopie documentaire de l’accès universel à l’information », soutient-elle.

Nourriture pour les yeux

De son côté, l’étudiante à la maîtrise en communication de l’UQAM Noeimy Dulude prendra part à une discussion sur les dérives capitalistes et la surconsommation. Dans le cadre de son mémoire, elle s’intéresse à la pornographie culinaire, ce phénomène que l’on retrouve principalement sous forme de vidéos sur Internet et qui met la nourriture au premier plan. « C’est un courant alimentaire qui présente la nourriture de manière extravagante et alléchante », explique Noeimy.

D’après l’étudiante, la pornographie culinaire a un double rapport à la consommation. « J’apporte l’idée que c’est une représentation qui est extravagante, qui joue sur l’hyperphagie* tant visuelle, soit le fait de consommer des vidéos à tout prix, qu’alimentaire, c’est-à-dire consommer de la nourriture à tout prix », affirme-t-elle.

Bien que notre rapport à la nourriture ait toujours été conditionné, l’apparition de ce phénomène l’a transformé, d’après Noeimy. En effet, la pornographie culinaire ne sert pas nécessairement à apprendre à cuisiner. Beaucoup se satisfont de simplement visionner ce genre de vidéos. « C’est le plaisir de regarder des choses qui vont déborder, qui sont lustrées, soutient-elle. Les aliments favoris sont le bacon, le fromage, le chocolat, des produits qui sont considérés comme interdits. »

Le phénomène peut entraîner des problèmes d’ordre psychologique. L’étudiante, qui interroge des consommateurs de pornographie culinaire dans le cadre de ses recherches, affirme avoir rencontré des gens qui en sont devenus dépendants.

Au total, sept panels auront lieu lors du colloque. En plus des thèmes abordés par Christelle et Noeimy, les sujets des espaces de consommation, de la marchandisation des images, du temps de consommation à l’écran, des représentations des corps et de la violence seront aussi traités. Les panélistes invités proviennent du Canada, des États-Unis et d’Europe.

Colloque arts et médias de l’UdeM
L’image consommée : excès, limites et transformations
16 et 17 novembre
Carrefour des arts et des sciences | 3150, rue Jean-Brillant

 

* Trouble résultant d’un désir constant de manger même après satiété.

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