Des frais pour maintenir le CEPSUM à flot

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Par Alex Fontaine
mardi 13 décembre 2022
Des frais pour maintenir le CEPSUM à flot
Alors que des rénovations ont entraîné la fermeture de la piscine du Centre d’éducation physique et des sports de l’Université de Montréal (CEPSUM), les frais relatifs au centre sportif ont crû de presque 5% sur la majorité des factures étudiantes depuis l’an dernier. L’absence de compensation pour la diminution du service est difficile à avaler pour plusieurs étudiant·e·s.
C’est dommage que le coût n’ait pas diminué, puisqu’on n’a pas accès à la piscine jusqu’à la fin de l’année.
Agathe Villeneuve, étudiante en première année au baccalauréat en kinésiologie

«J’y allais une fois par semaine. Je ne fais juste plus de natation.» N’ayant pas trouvé de nouvelle piscine aussi pratique et abordable, l’étudiante en troisième année au baccalauréat en génie civil à Polytechnique Montréal Lauriane Angers-Gauthier a dû s’ajuster. Le cas de Lauriane, qui pratique d’autres sports, illustre bien le changement d’habitudes qu’ont causé les travaux au CEPSUM pour plusieurs étudiant·e·s.

Dans son numéro d’octobre, Quartier Libre avait fait état des perturbations causées par les travaux en cours aux installations aquatiques. La réfection de la toiture et la modernisation du bâtiment des installations, la revitalisation du stade extérieur et l’agrandissement de la salle d’entraînement des Carabins s’inscrivent dans le chantier, dont la fin est prévue pour septembre 2023. Plusieurs activités sont ainsi relocalisées. Pendant ce temps, des étudiant·e·s s’interrogent sur la hausse des frais institutionnels obligatoires (FIO) pour le CEPSUM, alors que les services offerts sont réduits.

Frais en hausse, services en baisse

Le Règlement relatif aux droits de scolarité et autres frais exigibles des étudiants fixe le montant des FIO perçus pour le financement du CEPSUM à  même la  facture étudiante. Ces frais s’élèvent à 5,40$ par crédit pour l’année universitaire 2022-2023, soit 81$ par trimestre pour la plupart des étudiant·e·s inscrit·e·s pour 15 crédits. L’année dernière, ces frais étaient de 5,15$ par crédit, soit 77,25$ par trimestre.

Les travaux au CEPSUM ont entraîné la fermeture de la piscine, dont les étudiant·e·s ne peuvent plus profiter. (Crédit: Patrick MacIntyre)

Les étudiant·e·s de l’UdeM, de Polytechnique Montréal et de HEC Montréal doivent payer ces frais. En contrepartie, tous·tes deviennent automatiquement membres du CEPSUM et peuvent ainsi pratiquer plusieurs sports librement comme la natation, le basketball ou le badminton. Des frais additionnels sont toute- fois exigés pour avoir accès au mur d’escalade, à la salle d’entraînement ainsi qu’à des cours.

L’étudiante en première année au baccalauréat en kinésiologie Agathe Villeneuve déplore cette hausse de frais. «C’est dommage que le coût n’ait pas diminué, puisqu’on n’a pas accès à la piscine jusqu’à la fin de l’année», témoigne- t-elle. Une opinion que partage Martin Aliotti, également étudiant en première année au baccalauréat en kinésiologie, qui aurait eu l’intention d’utiliser les infrastructures aquatiques, mais qui préfère plutôt se rendre à la salle d’entraînement.Pour l’étudiant en troisième année au baccalauréat en kinésiologie Marc-Antoine Tardif, le CEPSUM est presque une deuxième maison. Lui qui fréquentait la piscine à l’occasion a mis la natation de côté pour le moment. Il affirme d’ailleurs comprendre que la situation puisse être décevante pour certain·e·s. «On a un service de moins, alors le prix devrait baisser», estime-t-il.

 

Compensation écartée 

Dans ses états financiers du 30 avril 2022, l’Université rapportait des revenus de 17 millions de dollars pour le CEPSUM au cours de l’exercice 2021-2022. Ces revenus proviennent notamment des FIO, mais aussi d’autres sources comme les abonnements et les camps de jour. La directrice générale du CEPSUM, Manon Simard, parle d’un «écosystème» pour lequel différentes sources de revenus, dont les FIO, sont sollicitées afin de couvrir les frais de fonctionnement de l’ensemble du centre sportif.

Elle indique qu’une diminution des frais ou une autre forme de compensation n’a ainsi pas été considérée pour pallier la baisse de service. «Les FIO ne sont pas des frais établis en fonction d’un service, déclare-t-elle. Ils servent plutôt à s’assurer que le centre sportif fonctionne et maintienne son offre.»

FRAIS CEPSUM

Les frais pour le financement du CEPSUM pour des cours de premier cycle sont de 5,40 $ par crédit, jusqu’à concurrence de 81,00 $ par trimestre. Les frais pour le financement du CEPSUM pour une ins- cription à un programme de deuxième ou de troisième cycle en scolarité à plein temps sont de 81,00 $ par trimestre.

Les frais pour le financement du CEPSUM pour les résidents en médecine sont de 76,95 $ par trimestre.

Sont exclus : les cours en ligne ayant un campus « virtuel », les étudiants interna- tionaux inscrits à des cours en ligne dans le cadre d’un programme d’études libres ou délocalisé, ainsi que les cours donnés en dehors de la région métropolitaine de Montréal, et de Trois-Rivières. Les frais pour le financement du CEPSUM pour les inscriptions en rédaction sont de 20,25 $ par trimestre.

Source : Université de Montréal, Règlement relatif aux droits de scolarité et autres frais exigibles des étudiants, 4 mai 2022, p. 3

 «Le CEPSUM est un centre autonome de gestion, poursuit Mme Simard, il doit faire ses frais.» En théorie, il ne peut pas faire de déficit, mais l’Université pourrait le compenser le cas échéant. Le budget de fonctionnement du CEPSUM pour 2022-2023 prévoit d’ailleurs un déficit d’environ 700 000$, notamment en raison des coûts engendrés par la relocalisation d’activités sportives durant les travaux de réfection1. Une baisse des FIO pèserait sur les finances du centre sportif et viendrait accroître le déficit.

La directrice générale du CEPSUM précise que les travaux d’infrastructures en cours sont assumés par l’Université. Cependant, le CEPSUM paie, entre autres, pour l’entretien et pour les équipements spécialisés comme ceux présents dans la salle d’entraînement. Les FIO «servent à garder le centre sportif fonctionnel et ouvert», résume-t-elle.

Le point sur les travaux

 Mme Simard révèle discuter actuellement avec des gestionnaires d’autres piscines pour permettre aux membres du CEPSUM d’utiliser leurs installations pendant les travaux. En échange, les utilisateur·rice·s de ces autres piscines pourraient avoir accès aux installations du CEPSUM par la suite, lors de travaux à venir dans leurs propres piscines. «Avant Noël, il va y avoir un plan d’offre externe pour lequel on va communiquer et diriger les gens [vers des options]

 Pour l’instant, les travaux de la piscine avancent bon train, selon Mme Simard. «On travaille tous très fort pour que [les travaux soient ter- minés] à la rentrée 2023», affirme-t-elle.

La réouverture fera le bonheur des nageur·euse·s, mais l’échéance est mise en doute par Agathe Villeneuve. «Je suis sûre qu’elle ne sera  pas  pre?te  avant  au  moins un an», prédit-elle, avec une goutte de pessimisme.

1- Université de Montréal, Budget de fonctionnement 2022-2023, http://budget.umontreal.ca/2022-2023/Budget-de-fonctionnement- UdeM_2022-2323.pdf, p. 29.