Des cours sur le sommeil 

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Par Pascaline David
vendredi 27 novembre 2015
Des cours sur le sommeil 
Illustration: Melen Joly
Illustration: Melen Joly
Le Réseau canadien sur le sommeil et les rythmes biologiques, dirigé par la professeure au Département de psychologie de l’UdeM Julie Carrier, a reçu début novembre une subvention de quatre millions de dollars pour ses recherches sur les troubles du sommeil. Il prévoit créer le premier programme de formation ouvert aux étudiants afin qu’ils acquièrent des connaissances sur le sujet. L’occasion de livrer quelques outils pour un meilleur sommeil en période d’examens.

Pour sensibiliser et éduquer les étudiants aux problématiques du sommeil, le Réseau réunira des experts de divers domaines, capables de créer une large base de données nationale et de concevoir son contenu pédagogique. « La recherche sur le sommeil et les rythmes biologiques n’est pas chapeautée par un département spécifique, explique Mme Carrier. C’est un domaine pluridisciplinaire allant de la biologie moléculaire à la psychiatrie, en passant par la psychologie, les sciences neurologiques, la cardiologie, la pneumologie, etc. »

Une plateforme nationale de formation sera ainsi accessible via le Web, avec des cours, des conférences, des ateliers de formation sur diverses problématiques ainsi que sur la carrière en recherche sur le sommeil. « Vingt pour cent de notre budget est dédié à la formation sur le sommeil et les rythmes biologiques, pointe Mme Carrier. Ce programme sera offert principalement aux étudiants des cycles supérieurs. »

Le programme sera mis en place graduellement durant les prochaines années. Pour l’étudiante au baccalauréat en histoire à l’UdeM Lucie Mirouze, une formation pourrait être intéressante, dépendamment du contenu pédagogique, et que ce dernier ne soit pas trop sérieux. « Il faudrait que ce soit une formation assez ludique, qu’ils rendent ça attrayant », considère-t-elle.

Dormir le plus possible

Dormir entre huit et neuf heures par nuit est essentiel dans le processus d’assimilation, selon la chercheuse. « Faire une seule nuit blanche diminue l’attention du sujet autant que s’il avait consommé de l’alcool au-dessus de la quantité autorisée pour conduire », dit-elle. D’après Mme Carrier, une personne qui se prive de sommeil pourra peut-être obtenir un A, mais ses capacités cognitives risquent d’être plus altérées par la suite, et beaucoup de jeunes n’auraient plus la notion de ce que signifie « être vigilant », c’est-à-dire passer une journée sans avoir à lutter contre la somnolence.

Chez les étudiants, il n’est pourtant pas toujours facile de trouver du temps pour dormir, notamment avec les échéances de travaux à respecter. « À choisir entre sommeil et vie sociale, je préfère dormir moins, c’est du temps gaspillé », affirme Lucie. Elle peine à trouver un rythme en sortant deux nuits par semaine, durant lesquelles elle dort environ cinq heures.

L’étudiante à la maîtrise en enseignement au secondaire à l’UdeM Margaux Picart a quant à elle adopté la sieste pour s’adapter à un changement de rythme depuis le début de son stage. « C’est devenu indispensable, car je dors beaucoup moins, environ six à sept heures par nuit et je tombe de fatigue dès le milieu de journée », confie-t-elle.

Mme Carrier recommande la solution de dormir en journée quand on n’a pas accumulé assez d’heures de sommeil la nuit. « Je préconise clairement de dormir le plus possible, plutôt qu’à des heures régulières, explique toutefois Mme Carrier.  Si vous rentrez tard de soirée, ce n’est pas grave d’être décalé par rapport à l’heure habituelle de réveil, mais essayez de faire la grasse matinée. »

Pour sa part, Margaux se sent malgré tout souvent fatiguée après ces siestes, dont la durée varie entre une et deux heures. « Les power naps, ou micro-siestes, ont un effet très positif; il est normal de ressentir une certaine fatigue après, c’est ce qu’on appelle l’inertie du sommeil et cela ne dure généralement pas longtemps », explique Mme Carrier. Une sieste de 20 minutes ou de 90 minutes peut néanmoins réduire cette sensation de fatigue, puisque l’on se réveille alors en période de sommeil plus léger, dit paradoxal, d’après la chercheuse.

Si la nuit porte conseil, elle est aussi thérapeutique, rappelle Mme Carrier. « Une étude a dévoilé que même une privation partielle de sommeil nuit par exemple au métabolisme du glucose, et peut entraîner des cas de diabète type 2 », illustre-t-elle. La chercheuse ajoute que le sport procure une fatigue saine et améliore la qualité du sommeil à condition cependant de ne pas s’entraîner trop tard le soir.

 

Quatre conseils pour un sommeil de qualité

Se déconnecter : éteindre ordinateurs, téléphones et autres nouvelles technologies au moins une demi-heure avant le coucher, les lumières bleues ayant un effet stimulant qui dérègle l’horloge biologique ;

Lire un bon livre plutôt que d’écouter un film;

Réduire l’alcool : celui-ci a tendance à « détruire l’architecture du sommeil paradoxal, période où l’on rêve et se relaxe musculairement », selon Julie Carrier ;

La thérapie cognitive comportementale : des sessions sont proposées ponctuellement au centre de santé de l’UdeM pour traiter l’insomnie reliée au stress et à l’anxiété.