Volume 25

Les étudiants profitent de la promenade Colin, ouverte fin août. Photo : Laura-Maria Martinez

Des aménagements plus verdoyants

La Société d’agriculture urbaine de la Faculté de l’aménagement (SAUFA), comité étudiant à l’initiative de projets écologiques sur le campus de l’UdeM, est un acteur clé dans la réalisation de la Promenade Colin, inaugurée le 26 août dernier. L’étudiante au baccalauréat en architecture de paysage et membre de la SAUFA Jihany Hassun a participé au projet dès sa naissance à l’hiver 2017. « Cet aménagement résulte d’une collaboration entre plusieurs associations regroupant des étudiants qui veulent réaliser des projets qui mettent en œuvre des systèmes écologiques tant humains que naturels », explique-t-elle.

Au-delà de l’aspect esthétique, Jihany insiste sur le fait que ce parc linéaire est composé de mobilier urbain dans lequel on retrouve des plantations qui visent à augmenter la biodiversité. « Il y a aussi un grand volet social et cohésif, ajoute-t-elle. Le but de ce parc éphémère n’est pas seulement de proposer aux étudiants un lieu, mais aussi d’éveiller une conscience sur l’agriculture au sein des villes. »

Urbanisme tactique

Ce type d’aménagement s’apparente à de l’urbanisme tactique, selon le professeur de la Faculté d’aménagement Gérard Beaudet. « Au départ, c’est un urbanisme un peu délinquant, fait d’initiatives provenant de groupes de citoyens pour s’approprier l’espace, détaille-t-il. Petit à petit, les instances publiques l’ont récupéré. La Ville de Montréal dispose même d’un programme pour lancer des initiatives du genre, en collaboration avec les citoyens. » La Ville a lancé en septembre 2015 le Programme d’implantation des rues piétonnes et partagées, qui autorise ce type de projets.

D’après Jihany, le phénomène prend de l’ampleur. « Le grand public commence à s’intéresser à l’agriculture urbaine, souligne-t-elle. Dans les années 1970, le mouvement n’était pas bien reçu d’un point de vue social. Aujourd’hui, il y a une demande énorme pour les jardins communautaires en ville. »

Le professeur abonde dans son sens. Il estime que cette tendance devrait de se poursuivre à moyen terme. « Je pense que ça va continuer puisque ça répond à une demande sociale, expose-t-il. Pour les municipalités, ce sont des initiatives souvent bien reçues, à des coûts très raisonnables, dans un contexte où la remise en état des infrastructures captera une grande partie des sommes disponibles dans les prochaines années. »

Ces initiatives améliorent le bien-être et la convivialité des espaces universitaires. « Les projets d’aménagement paysager écologique contribuent à l’amélioration de la qualité de l’expérience universitaire, soulève l’étudiant au DESS en environnement et développement durable à l’UdeM, Gabriel Pouliot. Ils embellissent le paysage urbain de manière considérable. Cela a certainement une influence sur le moral des usagers du campus. » Ce type de projet représente pour lui une manière de mettre en lumière les enjeux environnementaux dans le quotidien de la communauté universitaire.

La Promenade Colin a vu le jour dans un contexte général de critiques à l’encontre de l’utilisation de la voiture en ville, selon M. Beaudet, mais il ne faut pas non plus y voir un changement de paradigme. « Ce n’est pas parce qu’on met de l’agriculture urbaine ou de la végétation que c’est durable, tempère-t-il. Le verdissement est souvent la manière facile de dire qu’on fait du durable. Par exemple, beaucoup d’éco-quartiers qui voient le jour sont en réalité des projets légèrement verdoyants. »

Quant à elle, la Promenade Colin s’inscrit dans une mouvance de projets qui cherchent à faire la part belle à l’élaboration d’aménagements plus écologiques. Une tendance populaire qui a de beaux jours devant elle.

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