Culture

Les photos citoyennes ont un caractère plus personnel et artistique que celles des journalistes au Marché Bonsecours (Crédit photo : Courtoisie Les Productions Foton).

Des amateurs au World Press Photo

Des citoyens verront leurs photos côtoyer celles des journalistes au World Press Photo cette année à Montréal. Jusqu’au 30 septembre, l’exposition Rouge², organisée par les Productions Foton, propose une collection d’images sur le mouvement de contestation étudiante.

Les organisateurs ont voulu garder un regard neutre sur les événements du printemps dernier. On retrouve autant d’images illustrant la violence policière que celle des manifestants (Crédit photo : J. Arthur White).

« Le mouvement social du printemps dernier a eu l’une des couvertures médiatiques les plus importantes, et la province n’a jamais autant fait parler d’elle. C’est l’évènement le plus important depuis la Révolution tranquille », affirme le cofondateur des Productions Foton, Mathieu Rytz. Cet organisme à but non lucratif a comme mission de promouvoir la photographie documentaire au Québec. «Les photos prises lors des manifestations avaient donc leur place au World Press Photo», ajoute-t-il.

En août, les organisateurs de Rouge² (prononcé « rouge au carré ») ont lancé l’idée d’une exposition sur la grève et la crise sociale du printemps 2012. Ils se sont alors associés au magazine Urbania, à l’Office national du film du Canada et à l’École de la Montagne Rouge pour concrétiser leur projet qui engloberait plusieurs arts visuels. Rouge² regroupe notamment des sérigraphies, une vidéo d’images capturées par la télévision de l’Université Concordia (CUTV) et une bande dessinée d’un collectif de bédéistes québécois.

Deux semaines avant l’exposition, ils émettaient un appel de candidature et invitaient journalistes et citoyens à soumettre leurs photos. «Nous avons reçu plus de 20 gigs de contenu, environ 14000 photos et 15 heures de matériel vidéo», explique M. Rytz.

Les photos journalistiques se distinguent des photos citoyennes sur la mezzanine du marché Bonsecours. Les photos de presse sont plongées dans l’action. On peut y voir les visages revendicateurs et la violence générée par certains actes. Présentées sur un cube rouge, les photos citoyennes, dont 850 défilent sur un écran, ont un caractère beaucoup plus personnel. Sur l’une des photos – d’Aure?lien Chartendrault (voir image à la une) –, on retrouve deux ballons gonflés à l’hélium côte à côte. L’un est rouge, l’autre, noir, et rien n’évoque directement le conflit étudiant.

«Ce n’est pas parce que la photo est prise par un citoyen que c’est une photo d’amateur, insiste M. Rytz. Beaucoup de celles-ci sont professionnelles.» C’est le cas du photographe professionnel Ulysse Lemerise Bouchard qui a envoyé une vingtaine de photos et dont l’une d’elles a été retenue. Il supportait la cause et publiait sur son blogue les photos qu’il prenait lors des manifestations. «C’était ma façon de manifester», dit le photographe rencontré au vernissage de l’exposition.

Un regard journalistique

Le photographe du Devoir et de La Presse François Pesant expose quelques-unes de ses photos à Rouge² (Crédit photo : J. Arthur White).

Même s’ils se sont associés à des groupes directement impliqués dans la grève, comme l’École de la Montagne Rouge, les organisateurs ont voulu garder un regard neutre sur les évènements. Sur l’un des murs de photographies journalistiques, on retrouve autant d’images illustrant la violence policière que celle des manifestants. « C’est un choix assumé, explique M. Rytz. Nous ne voulons pas créer une polémique ou prendre position. » Les organisateurs tenaient à ce que la plupart des grands quotidiens québécois soient représentés.

François Pesant, photographe pour plusieurs journaux, dont La Presse et Le Devoir, participe à l’exposition. Lorsque la grève a commencé en février, il était à New York. «J’avais des impératifs mais dès que j’ai pu, je suis revenu à Montréal», raconte le photographe, également rencontré sur place. C’est à partir du Grand Prix en juin qu’il a pu photographier l’évènement. « La grève avait débuté depuis déjà longtemps, ajoutet- il. Je crois que j’ai pu apporter un regard neuf sur la situation.» Une fois l’exposition terminée, M. Rytz aimerait archiver toutes les photos dans le but de rendre accessible et de préserver cette partie de l’histoire québécoise.

 

 

 

World Press Photo

Marché Bonsecours, 350, rue Saint-Paul Est

Jusqu’au 30 septembre 

 

World Press Photo, une exposition prestigieuse

Le World press photo est un organisme à but non lucratif créé à amsterdam en 1955. chaque année, l’organisme présente les meilleures photographies journalistiques. L’exposition se promène dans 100 villes à travers le monde, dont toronto, ottawa, chicoutimi et Montréal. cette année, elle présente, dans neuf catégories, 161 photos qui ont été prises dans 45 pays différents.

Partager cet article