Des allergènes dans les crèmes

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Par Edouard Ampuy
vendredi 6 décembre 2019
Des allergènes dans les crèmes
Selon l'étude menée par chercheurs de la Faculté de médecine de l’Université Laval, 76 % des produits analysés contiennent au moins un ingrédient ayant un fort potentiel allergène, et 43 % en contiennent deux ou plus.
Selon l'étude menée par chercheurs de la Faculté de médecine de l’Université Laval, 76 % des produits analysés contiennent au moins un ingrédient ayant un fort potentiel allergène, et 43 % en contiennent deux ou plus.
Une étude publiée dans le Journal of Cutaneous Medicine and Surgery indique que plus des trois quarts des crèmes vendues sur prescription médicale au Canada pour traiter les dermatites, à savoir les inflammations de la peau comme l’eczéma, contiennent des produits potentiellement allergènes.

Des chercheurs de la Faculté de médecine de l’Université Laval ont mené l’étude.

 « 76 % des produits analysés contiennent au moins un ingrédient ayant un fort potentiel allergène, et 43 % en contiennent deux ou plus », révèle le communiqué publié par l’Université Laval.

Pour parvenir à ce résultat, l’équipe de chercheurs a dressé la liste des ingrédients non médicinaux contenus dans 140 des corticostéroïdes topiques, une classe de médicaments prescrits au Canada et utilisés pour traiter une inflammation de la peau, la dermatite.

Les chercheurs ont ensuite comparé cette liste à une autre, produite par North American Contact Dermatitis Group, et qui contient 28 ingrédients à fort potentiel allergène.

« Les composés potentiellement allergènes les plus courants sont le propylène glycol (43 %), les parabènes (28 %), le chlorocrésol (11 %) et les libérateurs de formaldéhyde (7 %), peut-on lire. Le premier est un véhicule pour la molécule active et il facilite son absorption par la peau. Les autres sont des agents de conservation. »

La responsable de l’étude, la dermatologue spécialiste des dermatites de contact et codirectrice du programme de résidence en dermatologie de l’Université Laval, Marie-Claude Houle, a indiqué par voie de communiqué que la présence de composés allergènes dans ces médicaments peut avoir deux répercussions. « D’abord, la dermatite pourrait ne pas répondre au traitement. Ensuite, ces allergènes pourraient amplifier le problème, explique-t-elle. Par exemple, des dermatites qui ne touchaient que le genou au départ peuvent s’étendre à la cuisse et à la jambe ».

Si elle reconnaît qu’il est pratiquement impossible pour les laboratoires pharmaceutiques de mettre au point un onguent corticostéroïde exempt d’allergènes, elle est toutefois d’avis qu’il est possible de mieux faire. L’étude propose en annexe une liste de produits qui contiennent moins d’allergènes.

La dermatologue spécifie que si le patient ne répond pas au traitement ou que son problème s’amplifie, il faut envisager la possibilité que le médicament soit en cause. « Dans certains cas, le problème pourrait être causé par la molécule active elle-même, ajoute-t-elle. Il faut en tenir compte, en incluant l’onguent dans les tests d’allergie. »

Mme Houle invite les médecins à porter une attention particulière à la composition des corticostéroïdes topiques qu’ils prescrivent.