Demander de l’aide avec un « cocktail »

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Par Léa Delambre
lundi 11 avril 2022
Demander de l'aide avec un « cocktail »
Le gérant du café-bar, Pierre Chabot, affirme que la sécurité de la clientèle a toujours été prise en considération dans son établissement. Crédit photo : Mathis Harpham
Le gérant du café-bar, Pierre Chabot, affirme que la sécurité de la clientèle a toujours été prise en considération dans son établissement. Crédit photo : Mathis Harpham
Dès septembre prochain, le café-bar de l’UdeM La Brunante suggérera une nouvelle approche pour contrer les violences à caractère sexuel. Celle-ci permettra notamment à toute personne sentant sa sécurité menacée de recevoir discrètement, et sans justification, l’aide d’un·e des employé·e·s du bar.

Selon une enquête menée par Statistique Canada en 2018, 50 % des femmes affirment avoir été victimes de violences sexuelles lors d’une soirée alcoolisée*. Pour contrer ce phénomène, l’organisme québécois Collectif social a créé, en 2017, le processus d’accréditation « Commande un Angelot ».

Le principe est assez simple : lorsqu’une personne se sent menacée pour une raison quelconque, elle commande le verre portant le nom « angelot » à un membre du personnel. À cet instant, un protocole d’aide s’enclenche afin d’assurer sa sécurité, et ce, sans qu’elle ait besoin d’expliquer sa situation. Cette étape, selon la directrice de Collectif social, Andréanne St-Gelais, est très importante. « Toutes les raisons sont bonnes pour commander un angelot, déclare-t-elle. Que ça ne se passe pas du tout bien ou que ce soit juste un feeling, c’est bien correct. »

« Cette initiative peut faire une réelle différence pour les étudiantes qui fréquentent des bars comme La Brunante, estime pour sa part l’étudiante en première année au baccalauréat en sociologie Clara Drolet-Lauzon. Elles sentiront une forme d’appui social. » L’étudiante en première année au baccalauréat en anthropologie Lauriane St-Amant partage le même avis et espère voir cette démarche adoptée par d’autres établissements. « Les bars ne peuvent plus rester passifs devant le fléau des agressions sexuelles », estime-t-elle.

Bientôt sur le campus

D’ici septembre, une formation correspondant à un protocole précis sera ainsi offerte au gérant et aux employé·e·s de La Brunante, située au pavillon Jean-Brillant. Les membres du personnel devront répondre à un questionnaire pour vérifier leurs connaissances sur les méthodes à appliquer et sur les façons de prévenir les violences à caractère sexuel, afin d’être accrédités. Ils devront aussi s’engager par écrit à honorer le processus mis en place. Enfin, Mme St-Gelais confirme que des vérifications régulières auront lieu grâce à la visite de client·e·s mystères, afin d’assurer que tou·te·s les employé·e·s déploient le protocole prévu.

Le gérant du café-bar, Pierre Chabot, affirme que la sécurité de la clientèle a toujours été prise en considération dans son établissement. « Depuis l’ouverture du bar, si un client se sent en danger, on s’en occupe, peu importe la raison du problème », explique-t-il. Lorsque Collectif social l’a contacté afin de proposer le protocole d’accréditation, accepter était pour lui évident, car cette initiative s’inscrivait tout à fait dans les valeurs de son établissement.

Une réponse sociale

Mme St-Gelais affirme qu’actuellement, 36 emplacements détiennent l’accréditation du protocole « Commande un Angelot » au Québec, mais que d’ici la fin de l’année, ce nombre devrait grimper à plus de 200. Selon elle, la pandémie a beaucoup freiné le démarrage de l’initiative. Le Collectif social dit se concentrer sur les bars fréquentés principalement par les 18-35 ans, mais ne vise pas particulièrement ceux à proximité des campus.

En septembre 2022, La Brunante pourra afficher des feuilles et collants d’information afin d’encourager la clientèle à demander de l’aide si elle vit une situation problématique.

*Statistique Canada (2018). La violence fondée sur le sexe: les agressions sexuelles et les agressions physiques dans les territoires du Canada.