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Sur la scène internationale, Montréal est devenu l’un des pôles de la recherche sur l’intelligence artificielle. Plusieurs compagnies, dont Google, Facebook et Samsung, y ont injecté des fonds.

Définir l’éthique

« L’éthique en IA est un domaine très récent, explique le chercheur en éthique de l’IA de l’UdeM, Martin Gibert. Il y a un an, je n’y connaissais encore pas grand-chose. Je travaille pour le Centre de recherche en éthique depuis seulement juillet dernier. » Si leur application dans ce domaine de recherche est récente, les principes fondamentaux d’éthique, eux, demeurent les mêmes, selon le conférencier. Dans un domaine qui évolue rapidement, le défi de la recherche en éthique est de rester à jour par rapport aux nouvelles technologies.

Pour y arriver, le comité scientifique derrière la Déclaration de Montréal réunit des professeurs d’horizons variés, allant de la philosophie au droit en passant par la gestion. « L’intelligence artificielle concerne tout le monde », affirme M. Gibert.

Encadrer l’intelligence artificielle

La Déclaration de Montréal a été lancée pour encadrer l’IA et ses applications. « L’IA apporte de vrais progrès, mais si on laisse faire les choses, on prend des risques », spécifie le chercheur de la Chaire de recherche du Canada en éthique publique et théorique politique Marc-Antoine Dilhac. Il partage l’avis de M. Gibert selon lequel les questions d’éthique concernent tous les preneurs de décisions.

M. Dilhac cite en exemple les chatbots (assistants virtuels) médicaux, soit des robots de conversation permettant d’obtenir un diagnostic médical sans rencontrer de médecin. « Veut-on investir dans une couverture cellulaire ou dans le système de santé ?, demande-t-il. Comment interpréter un diagnostic sans avoir les explications ? Est-ce que la personne qui reçoit le diagnostic le comprend bien ? Que faire avec un diagnostic sans recevoir les services nécessaires ? Ce sont toutes des questions que l’on doit se poser. »

Selon M. Gibert, des codes de déontologie devraient apparaître dans les entreprises en lien avec l’IA. « Le Québec et le Canada sont peut-être même en avance sur les questions éthiques dans ce domaine parce qu’il y a de la recherche », affirme-t-il.

Une préoccupation pour tous

Les préoccupations concernant l’éthique en IA rejoignent celles d’autres gens en plus des éthiciens et des philosophes. « Yoshua Bengio [NDLR : le directeur de l’Institut des algorithmes d’apprentissage de Montréal (MILA) et l’un des pionniers du développement de l’IA] se préoccupe de ces questions depuis déjà un moment, affirme M. Dilhac. Nous avons déjà travaillé ensemble sur les questions de l’organisation du travail avec l’IA et de la création d’un revenu universel. »

Selon lui, ce sont plutôt les entreprises qui sont parfois méfiantes. Elles ont peur d’une trop grande régulation de l’accès aux données qui pourrait les empêcher de travailler. En revanche, ces mêmes entreprises sont également conscientes qu’elles doivent maintenir la confiance du public.

Gouvernance

« Le temps presse, déclare M. Dilhac. Il y a une révolution permanente. Les entreprises développent des applications qui pourraient être en tension avec des droits fondamentaux. » C’est dans le but d’entamer un changement et un débat que la Déclaration de Montréal est en processus de création. Des recommandations devraient être faites dès la fin de l’année. La nécessité d’offrir des formations en littératie numérique fait déjà consensus selon M. Dilhac. « On a intérêt à tous bien se comprendre pour bien réguler l’IA, précise-t-il. Il faut s’adapter au monde qui change pour garder notre autonomie. »

Alors que les élections provinciales se dessinent à l’horizon au Québec, M. Dilhac suggère que la question de l’organisation du travail et du remplacement des travailleurs par l’IA fasse partie du débat. D’après lui, c’est une question majeure à laquelle le gouvernement doit réfléchir et tenter d’apporter des solutions d’ici dix ans.


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