Découvertes explosives à McGill

icone Societe
Par Guillaume Mazoyer
mercredi 25 février 2015
Découvertes explosives à McGill
En 2009, le règlement relatif à la recherche au sein de l’Université McGill stipulait que les chercheurs devaient dévoiler les effets néfastes potentiels de leurs travaux.
En 2009, le règlement relatif à la recherche au sein de l’Université McGill stipulait que les chercheurs devaient dévoiler les effets néfastes potentiels de leurs travaux.
Les militants du collectif antimilitariste Demilitarize McGill ont rendu publiques, dans un communiqué de presse diffusé le 11 février, des informations censées prouver l’existence de sociétés permettant à des professeurs de décrocher des contrats de recherche pour l’armée canadienne. Selon le directeur des communications internes de l’Université McGill, Doug Sweet les professeurs sont plutôt « consultants auprès d’entreprises privées ».
« Le but de ces sociétés écrans est de cacher au public les recherches qui sont faites sur le campus de McGill. Cela permet aussi d’outrepasser les politiques de l’Université qui, autrement, rendraient la poursuite de ces recherches plus difficiles. »
Kevin Paul, Étudiant au baccalauréat en droit et membre de Demilitarize McGill

À travers une demande d’information faite auprès du Département de la Défense nationale (DDN), Demilitarize McGill a obtenu une copie d’un contrat* passé en 2009 entre la Défense nationale et une compagnie nommée ZND inc., pour des recherches sur des « explosifs thermobariques », selon leurs dires. Le mot « thermobarique » est une contraction des mots grecs « chaleur » (thermos) et « pression » (baros), qui sont les deux effets principaux produits par ces bombes.

ZND inc. appartient au professeur du Département de génie mécanique de McGill David Frost, selon le registraire des entreprises. Deux collègues de M. Frost, Samuel Goroshin et Andrew Higgins, administreraient aussi conjointement la compagnie Research Energetics inc. ayant soumis un rapport de contrat à la section des armes du DDN en 2013 au sujet de technologies applicables à des missiles. Il y aurait, au total, un million de dollars en contrats selon le collectif antimilitariste.

« Le but de ces sociétés écrans est de cacher au public les recherches qui sont faites sur le campus de McGill , croit l’étudiant au baccalauréat en droit et membre de Demilitarize McGill Kevin Paul.Cela permet aussi d’outrepasser les politiques de l’Université qui, autrement, rendraient la poursuite de ces recherches plus difficiles. »

En 2009, le règlement relatif à la recherche au sein de l’Université McGill stipulait que les chercheurs devaient dévoiler les effets néfastes potentiels de leurs travaux. En passant par ZND inc., David Frost se serait donc soustrait à l’examen éthique de ces travaux.

La direction de McGill n’a pas voulu confirmer les informations du collectif. « Certains professeurs sont consultants auprès d’entreprises privées, ce qui inclut un travail de recherche, comme c’est la pratique dans la plupart des universités qui font beaucoup de recherches , défend Doug Sweet. Rien n’indique que nos professeurs aient fait quoi que ce soit de répréhensible. »

Le groupe promet de conduire des actions de sensibilisation auprès de la communauté universitaire, sans toutefois révéler plus de détails.

*ATI ZND/DRDC Reactivity Study for Gasless System