Campus

Débat intelligent?

Un nouveau réseau social donnera la possibilité à la communauté universitaire non pas de créer des liens d’amitié sentimentaux, mais plutôt de créer des liens d’amitié intellectuels. Créé par des étudiants du campus, Propind sera un lieu de discussion et de débat où les participants seront récompensés en fonction de la popularité de leur contribution.

Il y a un an, l’étudiant à la maîtrise en études internationales Lofred Madzou et son collègue étudiant à HEC David Georgette ont eu l’idée de créer un blogue qui permettrait aux étudiants du campus de débattre entre eux. « Au départ, cette idée de blogue a germé parce que nous nous sentions concernés par la vie sociale de l’Université, explique Lofred. Finalement, avec les nouvelles technologies, nous avons opté pour un réseau social pour impliquer le maximum d’étudiants et les encourager à s’exprimer autour des débats d’actualité. »

L’équipe de Propind est constituée de six étudiants, dont trois informaticiens de niveau collégial qui ont réalisé la partie technique du projet. Le nom du réseau social est le fruit d’une contraction des termes anglais prop-up, qui veut dire «soutenir», et mind, qui désigne la pensée. « Il fallait trouver un nom qui montre que nous voulions soutenir le partage d’idées et d’opinions dans le but de progresser ensemble», renchérit Lofred.

Sur le site internet qui présente le projet, on peut lire que Propind est une startup, un terme qui désigne une jeune entreprise promise à de grands succès. « Nous avons investi près d’une année en temps et 50000 $ en argent pour ce projet, affirment les fondateurs du groupe. Nous nous sommes endettés en prenant un maximum de risques. » Un référencement particulier Les étudiants pourront rédiger leurs propres articles sur la politique, l’économie et l’éducation, entre autres. Ils pourront aussi réagir par rapport aux questions soulevées dans d’autres articles, et échanger leurs opinions entre eux.

 Selon les deux fondateurs, la particularité de leur réseau social réside dans le fait que chaque auteur est référencé en fonction de la qualité de sa contribution sur la plateforme de discussion. « Plus les gens te lisent, partagent tes articles et aiment ce que tu écris, plus tu progresses, affirme Lofred. La progression est récompensée par l’attribution de badges qui augmentent ta visibilité auprès de la communauté. »

Autrement dit, plus un auteur crée une émulation intellectuelle autour de lui, plus il progresse dans la hiérarchie des auteurs de son domaine. « Ainsi, si quelqu’un tape un mot clé dans le moteur de recherche du site, c’est l’auteur le plus compétent, le mieux positionné dans la plateforme sur le sujet en question, qui lui sera référencé, ajoute Lofred. Nous allons faire de l’auteur un leader dans son domaine de référence. »

Le problème avec un tel système, c’est que la qualité des articles est jugée en fonction du nombre de vue, du nombre de partage et du nombre de mentions «j’aime». Ce qui fait que ce n’est pas nécessairement l’auteur le plus compétent qui se retrouve en pole position, mais plutôt le plus populaire puisqu’il n’y a pas d’organe de légitimation.

Lofred est conscient du problème. « Il est vrai que nous voulons une plateforme qualitative alors que nous fonctionnons avec des critères quantitatifs, reconnaît-il. Cependant, on parle ici de gens qui étudiaient à l’université. Ce n’est pas n’importe qui qui sera accepté sur Propind, c’est un réseau pour ceux qui s’y connaissent bien dans leur domaine. L’aspect quantitatif, dans ce cas, va de paire avec l’aspect qualitatif.»

Pas comme les forums

Selon le cofondateur de Propind David Georgette, la nouvelle plateforme est débarrassée des problèmes qu’on peut retrouver sur les forums classiques. « Par exemple, sur les forums, il est impossible de débattre, il n’y a qu’un seul fil de discussion, explique-t-il. Si tu veux répondre à quelqu’un, tu es obligé de le nommer dans ton commentaire pour qu’il sache que le message lui est adressé.»

Propind permet qu’un débat ait lieu en temps réel sans que les commentaires ne se perdent dans les méandres de la discussion. « Nous avons un système de couleurs et de positions avec lequel nous allons pouvoir identifier les différentes discussions au sein de la même plateforme », poursuit-il.

Il sera également possible de consulter les tendances des débats sur le réseau social. « Ça ne va plus être une simple prise de position binaire oui ou non, prévient David. Il va y avoir toute une échelle de positions qui vont refléter la réelle tendance des débats. »

L’étudiante en sociologie Emma Gatipon-Bachette fait partie des premiers étudiants à avoir testé Propind. « Dans les forums classiques, on ne sait pas à qui on n’écrit et qui nous répond, affirme-t-elle. Avec Propind, nous savons exactement à qui nous nous adressons puisque les vrais noms sont affichés. Ce que j’ai bien aimé aussi, c’est que j’ai l’impression que si j’écris quelque chose, ce sera réellement lu au lieu de tomber dans les oubliettes de Google. » Pour Emma, Propind donne la chance à tout le monde de s’exprimer et d’être lu.

 

 

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