De l’acétate à StudiUM

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Par Katy Larouche
vendredi 14 novembre 2014
De l’acétate à StudiUM
Dans le pavillon Roger-Gaudry, toutes les salles de cours sont encore équipées de rétroprojecteurs qui peuvent être utilisés par les enseignants.
Crédit photo : Isabelle Bergeron
Dans le pavillon Roger-Gaudry, toutes les salles de cours sont encore équipées de rétroprojecteurs qui peuvent être utilisés par les enseignants.
Crédit photo : Isabelle Bergeron
Certains professeurs ne font que parler pendant trois heures alors que d’autres multiplient diapositives, forums, vidéos et outils interactifs. Bien que l’UdeM offre certaines formations en technologies de l’information et de la communication (TIC) aux enseignants, leur emploi dans les cours n’est pas toujours optimal.

«Dans certains cours, les profs bombardent leurs étudiants avec plus de 200 diapos en trois heures, observe le professeur titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les TIC en éducation, Thierry Karsenti. Ça devient tellement monotone que les étudiants sont tentés de faire autre chose pendant le cours.» Selon lui, il faut dépasser la simple présentation PowerPoint pour garder les étudiants actifs dans leur apprentissage. «Entrecouper un exposé magistral d’un sondage en ligne, de discussions et d’activités pratiques contribue grandement à garder l’attention des étudiants», précise-t-il.

À l’UdeM, la formation en technologies de l’information n’est pas obligatoire pour les professeurs. Des ateliers et des capsules vidéo sont toutefois offerts aux enseignants désirant se perfectionner. «Nos outils de formation sont centrés sur StudiUM, expliquele vice-recteur adjoint au premier cycle, Jean-Pierre Blondin. Notre rôle n’est pas d’apprendre aux professeurs à se servir d’un ordinateur.» Selon lui, cette plateforme, qui est utilisée par 80 % des enseignants, couvre la majorité de leurs besoins en matière de technologie.

«StudiUM c’est une plateforme pour déposer des fichiers, ce n’est pas ce qui fera que les enseignants pourront mieux utiliser les technologies en classe , soutient, pour sa part, Thierry Karsenti. Pour moi, il y a un manque de formation pédagogique et technopédagogique à l’UdeM.» En plus d’enseigner les notions techniques, les ateliers offerts par l’Université devraient, selon lui, aider les professeurs à mieux enseigner avec l’aide des technologies.

Pourtant, certains enseignants réussissent par eux-mêmes à manier habilement ces nouveaux outils mis à leur disposition. «Un de mes profs en économie fait des vidéos dans lesquels on voit défiler une présentation PowerPoint qu’il commente oralement, raconte l’étudiante au baccalauréat en mathématiques et en économie à l’UdeM Christelle Tager. Ça m’a été très utile pour revoir à la maison certaines notions plus compliquées.»

Technologies indispensables?

Selon Thierry Karsenti, l’université et les enseignants doivent nécessairement effectuer le virage vers les TIC.«Tout bon prof doit réaliser qu’en 2014, on ne peut pas enseigner sans les technologies, soutient-il . Mais il faut en faire un usage réfléchi, en lien avec la réussite des étudiants.»

Pour l’étudiante à la maîtrise en sciences de l’information Émilie Walsh, les technologies restent un outil qui ne peut pas remplacer le talent d’un professeur. «Il y a deux ans, j’avais un prof de biologie à l’UdeM qui utilisait encore un rétroprojecteur comme au secondaire, se souvient l’étudiante. Je garde quand même un souvenir très positif de ce cours parce que le professeur était un excellent pédagogue.»

Le professeur au Département de communication de l’UdeM André Caron estime que l’utilisation des TIC en classe ne rime pas nécessairement avec pédagogie.«Autrefois, certains professeurs lisaient leurs notes devant la classe, aujourd’hui certains lisent leur PowerPoint, illustre-t-il. La capacité d’absorption des étudiants a des limites et il faut savoir conserver une interaction réelle avec eux.»

Selon Thierry Karsenti, le fardeau de garder le cours intéressant doit toutefois être partagé avec les étudiants.En limitant leurs allées et venues sur les réseaux sociaux, les étudiants peuvent eux aussi contribuer au dynamisme du cours.