De fil en aiguille

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Par Michelle Paquet
mercredi 17 septembre 2014
De fil en aiguille
M. Barbeau estime qu’un costume est réussi si on le voit sur scène quand il apparaît, puis qu’on l’oublie.
Crédit photo: Hugues Poirier
M. Barbeau estime qu’un costume est réussi si on le voit sur scène quand il apparaît, puis qu’on l’oublie.
Crédit photo: Hugues Poirier
Jusqu’au 7 décembre prochain, l’exposition François Barbeau, créateur de costumes, présentée au Centre d’exposition de l’UdeM, permet de jeter un coup d’œil sur l’œuvre titanesque de ce grand costumier québécois. M. Barbeau a participé à plus de 660 productions pendant sa longue carrière, du théâtre au cirque, en passant par le cinéma, la télévision et la danse.

 « En 1959, j’ai commencé à travailler au Théâtre du Nouveau Monde avec le concepteur et scénographe Robert Prévost, qui aimait surtout dessiner les costumes, mais qui n’était pas tellement intéressé par les vêtements, explique M. Barbeau. Par contre, les tissus ont été pour moi une découverte extraordinaire, j’aimais les trouver, et j’aimais discuter avec les gens qui les vendaient. » L’univers des tissus n’a plus jamais quitté l’esprit du costumier, qui a notamment appris leurs propriétés, la coupe et le recyclage des vêtements, au fil de ses rencontres et de ses projets.

 

Malgré l’ampleur de l’œuvre, l’exposition ne se donne pas des airs de rétrospective, mais illustre plutôt le parcours de ses créations, de l’atelier jusqu’à la scène. Dans la première partie de l’exposition, de grands cahiers remplis d’esquisses se mélangent aux prototypes d’accessoires et aux échantillons de tissus. « Voir tous ces costumes exposés, ça donne vraiment envie d’aller au théâtre », affirme une visiteuse et étudiante au DESS en gestion d’organismes culturels à HEC Montréal Celia Kodja.

 

La carrière du costumier, aujourd’hui âgé de 79 ans, est surtout caractérisée par la grande diversité des médiums pour lesquels il a travaillé. Au-delà du théâtre, M. Barbeau a contribué à une quarantaine de productions en danse dont certaines pour Les Grands Ballets de Montréal, dont Casse-Noisette en 1987. Il a collaboré avec le Cirque du Soleil, pour les costumes de la production Dralion, et a également travaillé au cinéma avec de nombreux réalisateurs, dont Claude Jutra, Louis Malle, Micheline Lanctôt et Xavier Dolan. « C’est un travailleur acharné qui a su survivre dans un milieu extrêmement difficile grâce à sa grande capacité d’adaptation, il a toujours su se renouveler », affirme l’assistante technique à la réalisation et guide pour cette exposition, l’étudiante à la maîtrise en histoire de l’art Gabrielle Mathieu.

 

Remarquer puis oublier

 

On peut suivre dans cette exposition le cheminement de certains costumes, notamment ceux de la pièce Christine, la reine garçon, présentée au Théâtre du Nouveau Monde en 2012. « Les costumes sont souvent recyclés ou réutilisés lors d’autres pièces, nous sommes très chanceux que ceux-ci aient été conservés par le TNM », explique Gabrielle.

En plus d’exposer des costumes originaux, la section cirque offre quant à elle les recherches préliminaires que le créateur avait effectuées pour un projet du Cirque du Soleil qui n’a jamais eu lieu. De ce spectacle qui aurait été présenté à Dubaï,  il ne reste que des cahiers d’inspirations, remplis d’images, de couleurs et de croquis de costumes originaux, qui illustrent parfaitement le travail de moine qu’implique la création de chacun des costumes exposés.

 

Quand on demande à M. Barbeau ce qui a constitué pour lui son plus beau projet, ce dernier répond qu’il n’aime pas regarder en arrière. « Le plus beau, c’est celui qui est à venir », dit-il. Pour chaque projet qu’il réalise, particulièrement au théâtre, le costumier sait pourtant quand il a réussi son défi. « Pour moi, un costume réussi, vous le voyez sur scène quand il apparaît, et après vous l’oubliez », assure-t-il.

 

Une collection de l’UdeM

 

En plus de rendre hommage à François Barbeau, l’exposition offre aussi une chance à l’Université de présenter une partie de la Collection Marjorie et Gerald Bronfman de l’Université de Montréal, qui contient un grand nombre de maquettes de grands costumiers canadiens. Parmi cette collection,  M. Barbeau a choisi une quinzaine d’œuvres l’ayant inspiré au cours de sa carrière, présentées dans la dernière partie de l’exposition, notamment des esquisses de Robert Prévost, pour qui M. Barbeau a déjà travaillé sur plusieurs projets.

Une présentation multimédia, François Barbeau, le fil d’une vie, expose en arrière-plan des œuvres moins connues du créateur. Elle est suivie d’un court-métrage présentant le costumier lors d’un essayage, montrant de façon concrète la dernière étape du cheminement d’un costume.

Exposition François Barbeau, créateur de costumes
Du 25 mai au 7 décembre
Centre d’exposition de l’UdeM
2940, chemin de la Côte-Sainte?Catherine
Salle 0056
Gratuit