Culture

D’artiste à entrepreneur

« On s’est rendu compte qu’un artiste sur trois ne vivait pas de son art après les études, et qu’à l’université, on va lui appendre à théoriser son art, mais pas forcément à entreprendre et à devenir un artiste entrepreneur », affirme la directrice de l’organisme Artch, Sarah-Kitzy Gineau-Delyon. En partant de ce constat, le projet Artch a été lancé avec pour objectif d’identifier, de former et de diffuser le travail d’artistes québécois émergents en art contemporain.

L’organisme propose des formations en entrepreneuriat culturel et organise, du 9 au 13 septembre au Square Dorchester, la troisième édition de son exposition d’art contemporain, qui présente les œuvres de 19 artistes. Parmi eux se trouve la diplômée en 2019 du programme de D.E.S.S en arts, créations et technologies de l’UdeM Andrée-Anne Mercier. « Je trouvais que ça avait l’air d’être une initiative vraiment bien pour les artistes émergents, témoigne-t-elle. Pendant mes études en arts visuels, il y a beaucoup de sujets qu’on n’a pas abordés sur la carrière d’un artiste, et je trouve que c’était important d’en savoir plus. »

Andrée-Anne estime que ces formations sont complémentaires avec ce qu’elle a appris lors de son parcours à l’UdeM. « À l’école, on ne nous parle pas vraiment de la façon de rentrer dans le marché de l’art, de la façon d’être représenté par une galerie, comment signer un contrat, etc. », précise-t-elle.

De la théorie à l’entrepreneuriat

La directrice d’Artch souhaite démocratiser l’art contemporain. « Cet art est très élitiste, il y a beaucoup de préjugés, souligne-t-elle. On veut essayer d’avoir un nouveau public, composé de personnes qui ne sont pas forcément connaisseuses. »

Une cinquantaine d’heures de formation sont proposées aux artistes émergents sur diverses thématiques telles que les droits d’auteur, le réseautage dans les milieux artistiques, les marchés de l’art, la mise en place d’un projet d’exposition, le choix du prix des œuvres, la vente de celles-ci ou encore les questions d’héritage. « Ce sont des choses auxquelles on ne pense pas forcément en tant qu’artiste, on ne pense pas à la pérennisation de nos œuvres, par exemple, explique-t-elle. On donne un certain nombre de clés et d’outils pour se professionnaliser. Par exemple, mettre ses œuvres sur Instagram n’est pas anodin, c’est presque un don. Il faut apprendre à se protéger. »

Un atelier type proposé par des professionnels s’inspire de la gestion de projet. « Tu as trois mois pour monter une exposition, énonce la directrice d’Artch. Comment fais-tu ? Quels sont les outils que tu utilises pour t’organiser ? Comment fais-tu un échéancier, un budget ? Comment gères-tu des tâches ? Etc. ».

Afin de soutenir les artistes, l’organisme ne touche aucune commission lors des ventes effectuées pendant les expositions. « Ce sont des petits prix, notre message, c’est plutôt que d’acheter des œuvres chez Ikea, achète une œuvre à un artiste local, tu vas vraiment avoir un impact dans sa vie », affirme-t-elle. Lors de l’exposition, Andrée-Anne vend ses tableaux entre 150 $ et 470 $.

Un lieu de réseautage

Lors de son exposition annuelle, Artch invite des personnes du monde des affaires, du milieu de l’art contemporain ou encore des collectionneurs. « Des contacts se font, des contrats se concluent, on essaye toujours de nourrir l’écosystème pour que des échanges se fassent », ajoute Mme Gineau-Delyon.

Andrée-Anne conseille ces formations aux jeunes artistes qui sortent de l’école. « C’est quand même bien reconnu et ça donne une bonne visibilité, il y a un bon réseau, ça peut vraiment aider », conclut-elle.

L’organisme fait appel à des artistes de moins de 35 ans, qui ont obtenu leur diplôme au cours des cinq dernières années. Ceux qui sont sélectionnés pour l’exposition reçoivent une bourse de 1 000 $. « En aidant les artistes, en aidant à favoriser un marché de nouveaux acheteurs, en démocratisant un peu l’art, on permettra de pérenniser l’écosystème artistique à Montréal », se réjouit la directrice d’Artch.

Ce projet est réalisé en collaboration avec le Carrefour jeunesse-emploi Montréal Centre-Ville ainsi qu’avec des universités québécoises, parmi lesquelles l’UQAM et Concordia. Mme Gineau-Delyon souhaite, dans le futur, impliquer toutes les universités du Québec, dont l’UdeM.

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