Hommage à Pina
Grâce au 3D, les émotions sont palpables. Les visages sont si près. Les 33 danseur s de la t roupe du Wuppertal Tanztheater interprètent les chorégraphies de Pina Bausch en solo, en duo ou en groupe. Après avoir dansé autant d’années pour elle, leur corps, pour la plupart vieillissants, sont en quelque sorte aussi la création de Pina Bausch. Ils ne sont ni beaux ni laids, habillés de simples robes de coton ou d’habits de soirée chics. Impossible de rester indifférent devant ces danseurs qui croient que Pina danse toujours à travers eux.
Pina Bausch a fusionné le théâtre, la musique, le ballet et la danse contemporaine. Organisées sous forme de saynètes, ses chorégraphies jouent sur les contrastes esthétiques avec un sens de l’humour assumé : un corps masculin vêtu d’un tutu, une femme qui transporte un homme sur son dos, et même des escalopes de veau dans des chaussons de ballet. Le film Pina de Wim Wenders substitue la scène à des lieux dans la ville, comme un train, un parc, une usine désaffectée, un coin de rue.
L’utilisation de la technologie 3D fait littéralement sortir la danse de l’écran. Grâce à la stéréoscopie, cette technique cinématographique qui reproduit la perception de relief à partir de deux images, le spectateur a véritablement l’impression d’être devant les danseurs. Si elle est mal utilisée, la stéréoscopie peut donner le mal de coeur. Dans ce cas-ci, elle raffine le film et n’est jamais superflue.
- Image tirée du film Ora de Philippe Baylucq
Ora de feu
Le court-métrage Ora du Québécois Philippe Baylucq a été tourné dans la noirceur totale avec deux caméras infrarouges à haute définition prêtées par l’armée américaine. Utilisée pour la première fois au cinéma, la thermographie rend visible la chaleur qui se dégage du corps humain, comme s’il en émanait de la lumière. José Navas a créé une chorégraphie spécifiquement pour le projet.
Les mouvements des danseurs sont alors reproduits à l’infini par des miroirs placés autour d’eux pour créer un effet de profondeur. C’est aussi fascinant que de regarder danser des extra-terrestres radioactifs tellement les corps sont lumineux ! Si l’incandescence des visages transmet la chaleur humaine, elle ne permet pas la perception des émotions. Une chose est étonnante: chacun des six danseurs exprime sa propre personnalité thermique.
Cette fois-ci, le 3D aurait pu être laissé de côté. Le port des lunettes bleu et rouge ne fait qu’agacer le spectateur qui veut voir de ses propres yeux un phénomène qu’il n’a jamais vu. Nul besoin de relief, puisque cela annule tout l’effet de profondeur créé par les miroirs. Il est donc recommandé d’utiliser la stéréoscopie à petites doses, au risque de camoufler de merveilleuses intentions artistiques.
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José Navas a été formé en ballet contemporain au Venezuela. il s’est établi à Montréal en 1991 où il a fondé la compagnie de danse Flak. il est internationalement connu pour ses solos chargés d’émotions et les prouesses techniques de ses chorégraphies de groupe.