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La soixantaine d'étudiants s’est réunie le 01 mars dernier au Centre pour la recherche et l’apprentissage Peter Gilgan à Toronto.

Création de la première association canadienne des étudiants noirs en médecine

Une soixantaine d’étudiants représentant les 17 facultés de médecine du Canada se sont réunis le dimanche 1er mars dernier. Parmi eux, trois étaient de l’UdeM, dont l’étudiante en médecine et membre de la NBMSAC, Harmine Christina Léo.

« Cette première rencontre a servi à mettre des bases solides pour l’association », déclare-t-elle.

Les besoins

Harmine explique que la création de la NBMSAC répond à plusieurs besoins, dont la question de la santé des communautés racialisées et des communautés noires au Canada. « On les voit les différences au niveau de la santé de ces communautés, indique-t-elle. On pense notamment à la santé des femmes noires, qui est plus à risque au moment de l’accouchement. La mortalité est plus haute, on le remarque, mais on veut des données plus claires et plus solides à ce niveau. »

Elle souligne aussi le fait que des curriculums en médecine vont présenter des cas pratiques stéréotypés, qu’elle juge culturellement irresponsables. Harmine se souvient notamment d’un cas auquel elle a été confrontée en 1re année d’études. « Le cas pratique était le suivant : “Un jeune patient haïtien, dont le père était absent et dont la mère pratiquait le vaudou”, précise l’étudiante d’origine haïtienne. Ce sont des stéréotypes culturels qui n’apportaient rien de pertinent au cas. » Elle souligne que des exemples de ce type ont un effet pernicieux sur l’apprentissage des étudiants et peuvent influencer la manière dont ils pratiqueront la médecine auprès de ces communautés, une fois sur le marché du travail.

La NBMSAC souhaite également identifier les barrières de l’accès à la médecine pour les étudiants noirs. « Pourquoi, dans une ville comme Montréal, qui comptent de 8 % à 9 % de personnes noires dans sa population totale, il y a moins de 2 % d’étudiants noirs admis dans la faculté de médecine de l’UdeM ? », questionne Harmine.

L’objectif à court terme de la NBMSAC sera la collecte de données sur ces différents besoins, ainsi que sur l’ethnie des candidats qui postulent en médecine partout au pays.

Les artistes Ariel Barrientos and Bernice Ho ont créé pour l’occasion une œuvre d'art interactive, représentant une image de deux médecins noirs, une femme et un homme. Photo: Jude Sanon @jude_sanon
Les artistes Ariel Barrientos and Bernice Ho ont créé pour l’occasion une œuvre d’art interactive, représentant une image de deux médecins noirs, une femme et un homme.
Photo: Jude Sanon @jude_sanon

 

Les barrières

Harmine ajoute que la NBMSAC souhaite d’abord identifier les barrières par faculté, avant de statuer sur des solutions.

Elle donne néanmoins à titre d’exemple un obstacle identifié par la Faculté de médecine de Toronto. « Ils se sont rendu compte que leur comité d’admission était trop homogène, développe-t-elle. Ils ont constitué des comités diversifiés pour évaluer, avec les mêmes critères et le même processus d’entrée, les étudiants noirs qui veulent entrer en médecine. » C’est, selon l’étudiante, un moyen de supprimer la discrimination latente inhérente à un comité d’admission homogène.

Les participants étaient invités à participer à l'œuvre en inscrivant leur réponse à la question : "Quels sont vos espoirs pour le futur de la médecine ?" Photo: Jude Sanon @jude_sanon
Les participants étaient invités à participer à l’œuvre en inscrivant leur réponse à la question : « Quels sont vos espoirs pour le futur de la médecine ? »
Photo: Jude Sanon @jude_sanon

 

Les microagressions

L’un des avantages venus avec la création de l’association se trouve dans l’opportunité que celle-ci donne aux étudiants noirs du Canada d’échanger sur leur situation. « La NBMSAC permet à des étudiants comme moi, qui ont vécu des situations bizarres ou inconfortables, de réaliser qu’on n’est pas seul et de voir comment travailler pour changer les choses », explique l’étudiante.

Si Harmine garantit que ses années à l’UdeM ont été une très belle expérience, elle y a tout de même vécu des situations qu’elle qualifie de microagressions. Celles-ci se sont apparentées à des petits commentaires inappropriés, malaisants et difficiles à rapporter. « Par exemple, je suis rentrée dans une classe, en sarrau, en même temps que tous les étudiants et l’enseignant m’a demandé si j’étais vraiment à la bonne place », se souvient-elle.

 

Le travail avec les facultés

Selon Harmine, l’accueil des facultés à la création de l’association a été mitigé. Si la Faculté de médecine de Winnipeg a fortement soutenu le projet, celle de Saskatchewan a été plus réticente. « L’Université de Saskatchewan ne voulait pas financer le déplacement de ses étudiants à la rencontre », déplore-t-elle. Elle ajoute que depuis l’emballement médiatique autour du lancement de la NBMSAC, la faculté est revenue sur sa décision.

Dans la délégation du Québec, trois étudiants en médecine de l’UdeM ont répondu présent lors de la première Assemblée Générale. Photo: Jude Sanon @jude_sanon
Dans la délégation du Québec, trois étudiants en médecine de l’UdeM ont répondu présent lors de la première Assemblée Générale.
Photo: Jude Sanon @jude_sanon

 

L’étudiante précise que la Faculté de médecine de l’UdeM a participé aux frais de déplacement et qu’elle s’est montrée ouverte à la discussion. « Il faut maintenant voir comment faire état de la légitimité de cette association et comment aller chercher plus de soutien, pas seulement au niveau financier, mais aussi au niveau de la reconnaissance de la pertinence de la NBMSAC », spécifie-t-elle.

Pour Harmine, ce point est essentiel afin que la voix des étudiants noirs soit entendue lorsque viendra le moment de proposer des recommandations.

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