Cours à distance : Les revendications du SGPUM

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Par Esther Thommeret
jeudi 3 septembre 2020
Cours à distance : Les revendications du SGPUM
Crédit : archives QL
Crédit : archives QL
Pour cette session d’automne 2020, les professeurs ont dû adapter leurs cours pour un format à distance. En raison des difficultés pédagogiques que cette situation entraîne, le Syndicat général des professeurs de l’UdeM (SGPUM) demande des accommodements à l’Université.

« Les professeurs se débrouillent comme ils peuvent, mais je n’ai jamais vu mes collègues aussi anxieux par rapport à la session, ils commencent épuisés », affirme la présidente du Syndicat général des professeurs de l’UdeM (SGPUM), Audrey Laplante.

Le SGPUM a émis certaines revendications auprès de la direction de l’Université. D’après lui, faire de l’enseignement à distance exige plus de temps de travail pour les professeurs, les auxiliaires d’enseignement et les chargés de cours. Le Syndicat souhaite notamment que l’Université reconnaisse la charge de travail supplémentaire à laquelle fait face le corps enseignant. « Il s’agirait, par exemple, de donner trois cours au lieu de quatre pendant l’année, comme ça, ça pourrait nous permettre de continuer nos activités de recherches », propose madame Laplante.

Plus de travail, moins de temps

Selon l’expérience de la professeure au Département de sciences cliniques de la Faculté de médecine vétérinaire Isabelle Masseau, la préparation de cours à distance exige plus de travail que celle d’un cours en présentiel. « Je n’ai pas eu plus de temps cet été pour préparer mes cours, en plus, pour les stages, on nous a annoncé début août qu’on allait avoir plus d’étudiants que prévu », témoigne-t-elle. Habituellement, le stage peut recevoir quatre étudiants, cependant, les nouvelles règles sanitaires en vigueur permettent d’accepter uniquement deux élèves. « Il a donc fallu créer du contenu à distance pour les étudiants qui ne peuvent pas se présenter », poursuit-elle. La professeure espère être prête pour ses premiers cours lundi prochain.

Un format en ligne pas toujours adapté

D’après le professeur en littérature de langue française Benoît Melançon, l’enseignement à distance fonctionne, mais n’est pas toujours idéal. « Dans ma discipline, ce genre d’enseignement à distance est assez peu productif et se prête mal au format en ligne, explique-t-il. Les cours que je donne sont des cours de discussion sur des textes. Avoir deux écrans devant moi sans savoir si les personnes sont là, si elles écoutent ou pas, ça ne permet pas d’avoir des discussions fructueuses. »

Pour son cours de théâtre français du XVIIIe siècle, M. Melançon a opté pour une méthode d’enseignement asynchrone. « Je multiplie les modes d’acquisition du savoir, je propose des capsules audio, vidéo, des textes à lire, des PowerPoint, détaille-t-il. Je ne fais pas de cours où je m’enregistre pendant trois heures, ça me semble être une aberration. Je préfère découper la matière en petits segments pour que les étudiants puissent la consulter à leur rythme. »

Le professeur partage son envie de reprendre les cours en présentiel dès que possible. « Ce qui m’inquiète, ce serait une généralisation de l’enseignement à distance qui ne tiendrait pas compte des différences disciplinaires », ajoute-t-il.

Davantage de ressources financières et humaines

« Les classes inversées* demandent plus de personnes et de temps pour, par exemple, faire la modération d’une conférence sur ZOOM, accorder les tours de parole, etc. », précise madame Laplante. Le SGPUM demande à la direction des ressources humaines, mais également des ressources technologiques telles que des tablettes, des caméras ou encore des casques d’écoute. « Pour l’équipement, jusqu’à présent, l’Université ne s’est engagée à rien », regrette la présidente du Syndicat.

« Près de 170 caméras ont été installées dans les salles de cours (…) et une cinquantaine de caméras mobiles ont été achetées, donc les professeurs peuvent les déplacer et les utiliser ailleurs que dans une salle de cours », affirme la porte-parole de l’UdeM, Geneviève O’Meara. L’UdeM mentionne également que pour les autres demandes de matériel, les professeurs ont accès à un fonds de dépenses professionnelles de plus de 2 300 dollars par an pour se procurer ces équipements. « Les facultés ont aussi bénéficié d’un budget important pour embaucher des professionnels ou des auxiliaires d’enseignement supplémentaires pour répondre aux différents défis de l’enseignement à distance », ajoute la porte-parole. Les discussions entre la direction de l’Université et le SGPUM sont toujours en cours.  

*Les classes en pédagogie inversées consistent à partager la théorie de façon asynchrone, c’est-à-dire par l’intermédiaire de lectures, de visionnements de vidéo ou de capsules interactives.