L’annonce officielle, le jeudi 6 décembre, des coupes faites aux budgets 2012-2013 des universités québécoises a causé un émoi au sein de la communauté universitaire. À l’UdeM, l’inquiétude domine, d’autant plus que le montant des suppressions à l’UdeM n’est toujours pas connu.
Si des estimations circulent depuis que le gouvernement Marois a ordonné aux universités des compressions budgétaires de 140 millions de dollars, l’UdeM ne sait pas combien elle doit amputer de son budget. « Pour le moment, nous ne connaissons pas les demandes officielles du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie (MERST). Il devrait nous donner plus de détails dans les prochains jours », a déclaré lundi dernier le porte-parole de l’UdeM, Mathieu Filion.
Cette décision gouvernementale désole le président du Syndicat des chargées et chargés de cours de l’UdeM, Frédéric Kantorowski. « C’est extrêmement décevant dans le contexte du Sommet sur l’enseignement supérieur qui doit avoir lieu en février, regrette-t-il. Vu les circonstances exceptionnelles que traverse le milieu universitaire, il aurait fallu davantage mûrir cette décision pour préserver la paix et donner au Sommet toutes les chances de réussir».
Il trouve inquiétant à long terme le fait que la communauté universitaire soit actuellement divisée et sous tension. « L’année fiscale se termine dans moins de quatre mois et le Sommet va se tenir dans trois mois. Est-ce qu’il y avait urgence à envoyer un message comme celui-là ? », s’interroge M. Kantorowski.
Un gouvernement irresponsable
La secrétaire générale de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM (FAÉCUM), Mireille Mercier-Roy, va même encore plus loin. «Les coupes ont été faites du jour au lendemain par le gouvernement péquiste, avant le Sommet. La décision est aussi irresponsable que la manière dont elle a été annoncée.»
Mme Mercier-Roy refuse en tout cas de voir le mouvement étudiant désigné coupable. « Il n’est pas possible d’attribuer ces coupes aux étudiants, qui ont forcé l’annulation de la hausse, défend-t-elle. Nous maintenons notre position, il ne devrait pas y avoir une augmentation des frais de scolarité. »
Où l’UdeM va-t-elle couper ? L’administration ne préfère pas se prononcer pour le moment. «Notre équipe va regarder cela », dit M. Filion, qui reconnaît que cela met « une très grosse pression » sur l’Université. « Nous savons qu’il y a du gras à couper, mais est-ce qu’il y en a suffisamment ? C’est la question qui nous inquiète, explique Mme Mercier-Roy. Le vice-recteur aux études, Raymond Lalande, nous a dit que nous allions être consultés, mais le poids qu’aura notre avis reste à voir.»
«L’UdeM ne coupera pas dans les services aux étudiants, ni dans les paies, avance-t-elle. Elle le fera peut-être au niveau des services centraux comme l’informatique ou la Direction des immeubles. Il risque en tout cas d’y avoir un déficit.» La question du salaire du recteur, qui gagne près de 368000 $ par an, a plusieurs fois soulevé la controverse. «Ce n’est pas en coupant le salaire du recteur que tu libères 20 millions de dollars», souligne-t-elle.