Conservons nos régions!

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Par Etienne Galarneau
lundi 29 septembre 2014
Conservons nos régions!
Le 25 septembre dernier, des étudiants auraient déroulé cette grande banderole où il y est inscrit "Sauvons la culture en région" sur l'édifice du Conservatoire de musique du Saguenay à Chicoutimi. (Crédit photo : Michel Baron)
Le 25 septembre dernier, des étudiants auraient déroulé cette grande banderole où il y est inscrit "Sauvons la culture en région" sur l'édifice du Conservatoire de musique du Saguenay à Chicoutimi. (Crédit photo : Michel Baron)
« La seule autre école de musique dans les environs est le Centre de Musique et de Danse de Val-d’Or, mais il n’y a aucun professeur qui y enseigne les cuivres. » Emilie Fortin Étudiante en trompette à l'UdeM

Le 18 septembre dernier, le conseil d’administration des Conservatoires de musique et d’art dramatique avait l’intention de fermer les établissements de Val-d’Or, Gatineau, Trois-Rivières, Saguenay et Rimouski afin de contrer un déficit structurel. Si le plan de restructuration officiel ne sera remis à la ministre de la Culture et ancienne vice-rectrice aux affaires académiques à l’UdeM, Hélène David, que le 30 septembre prochain, cette menace n’est pas sans inquiéter les nombreux étudiants et étudiantes ayant étudié dans le réseau des conservatoires.

Vendredi dernier, j’ai rencontré les musiciens de l’Orchestre de l’Université de Montréal (OUM) pour savoir combien d’entre eux venaient du réseau des conservatoires. Sur les trente-neuf musiciens à qui j’ai posé la question, le quart d’entre eux ont étudié dans un de ces établissements. De ces derniers, cinq ont séjourné dans l’une des écoles menacées de fermeture, incluant le chef d’orchestre Jean-François Rivest, ancien professeur au conservatoire de Saguenay.

Ces étudiants ne sont d’ailleurs pas rares dans les universités québécoises.« La force des orchestres universitaires, que ce soit à l’OUM ou à McGill, elle vient surtout des musiciens qui sont formés en région », confie le pianiste diplômé de l’UdeM et chef en résidence pour l’orchestre de chambre I Musici, Nicolas Ellis.

Étant lui-même un ancien étudiant du conservatoire de Saguenay, il reste catégorique.« Je suis de la génération des grandes coupures dans les programmes de musique au secondaire, raconte le pianiste. J’ai pu faire un programme art-étude parce que j’avais déjà commencé l’apprentissage d’un instrument en dehors de l’école. C’est une chance que mes collègues de classe n’avaient pas. » Il ajoute qu’au-delà du conservatoire et de l’École de musique de Chicoutimi il n’y a que très peu d’offres dans sa région natale pour les jeunes intéressés par la pratique instrumentale.

Même son de cloche chez la trompettiste en troisième année de baccalauréat à l’UdeM Émilie Fortin, qui a passé sept ans dans le programme de musique du conservatoire de Val d’Or.« La seule autre école de musique dans les environs est le Centre de Musique et de Danse de Val-d’Or, mais il n’y a aucun professeur qui y enseigne les cuivres », indique-t-elle.

Les conservatoires sont fondamentalement moins achalandés que les classes universitaires. C’est que le taux de fréquentation peu élevée est symptomatique à la mission du lieu d’étude. « L’admission se fait sur auditions; il n’y aura jamais deux mille personnes inscrites à Val-d’Or », souligne Émilie.

Malgré le nombre de places limité dans les établissements, les conservatoires de région proposent une plateforme intéressante pour les jeunes établis loin des grands centres. L’enseignement y est normalisé avec le reste du réseau, permettant aux jeunes talents d’émerger un peu partout sans réel handicap par rapport à Montréal ou Québec. Bien que ceux qui désirent poursuivre une carrière professionnelle aient tendance à bouger vers les universités et les autres conservatoires, la proximité permet un cheminement encadré tout au long de la formation.

Nicolas Ellis et Émilie Fortin estiment que le parcours au conservatoire leur a permis de continuer dans un domaine qu’ils n’auraient peut-être pas envisagé autrement. Et lorsqu’ils se produisent en spectacle, c’est l’ensemble de leur région natale qui rayonne à travers eux.