Connectés pour moins stresser

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Par Félix Lacerte-Gauthier
lundi 5 décembre 2016
Connectés pour moins stresser
Les applications ISmart et PsyAssistance ont été développées par des chercheurs de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal [NDLR : CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal ], de l’UdeM et de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
Les applications ISmart et PsyAssistance ont été développées par des chercheurs de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal [NDLR : CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal ], de l’UdeM et de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
En cette fin de session, les étudiants peuvent ressentir davantage de stress ou de doute quant à leur orientation scolaire. Alors que de nouvelles applications de soutien sont disponibles sur téléphone intelligent, Quartier Libre en a testé trois sur une période d’une semaine.

iSmart

Note : 4/5

La première application testée, iSmart, invite les utilisateurs à évaluer leur stress sur une échelle de valeurs de 1 à 10. Il est préconisé de programmer un rappel toutes les heures afin de constater la progression ou la régression du stress. Si ces incitations fréquentes peuvent rapidement devenir lassantes, il est néanmoins possible d’espacer les périodes de rappel, de les adapter à son horaire ou de les désactiver complètement.

Lorsque la note de 5 sur 10 est dépassée, l’application propose de regarder des vidéos « QuickFix » afin de pallier le problème, tout en rappelant que ces techniques ne permettent pas de contrôler un stress chronique à long terme. Une des vidéos conseille par exemple d’évacuer le stress par la respiration. « C’est la respiration diaphragmatique, explique la psychologue du Centre de santé et de consultation psychologique (CSCP), Rose Oudot. Je trouve que c’est une bonne idée , je le conseille souvent dans les périodes de stress. Les symptômes physiques peuvent vite devenir envahissants, et le fait de reprendre sa respiration peut permettre de se recentrer sur son vécu. »

Une autre technique conseillée est de dépenser son trop-plein d’énergie en chantant à tue-tête. « Il s’agit à nouveau d’utiliser son corps pour évacuer la tension interne, précise la psychologue. Ce qui est important dans l’anxiété, c’est de ne pas rester paralysé, c’est d’agir. » Si l’application détecte que l’utilisateur est plus stressé à certaines périodes, elle va demander d’en définir la cause parmi plusieurs choix à savoir le contrôle faible, la nouveauté, l’imprévisibilité ou l’égo menacé. À la suite de cela, quatre nouvelles vidéos sont proposées.

« Pour moi, c’est une solution pansement, estime Mme Oudot. À court terme, c’est bien. Ça permet de te décentrer, mais si tu te sens anxieux tous les jours et qu’il y a véritablement une source, il faut peut-être consulter. » Un graphique permet également de voir l’évolution de son stress.

PsyAssistance

Note : 3/5

L’application permet de réaliser un journal de bord de ses émotions, dans l’objectif de traiter la dépression. PsyAssistance peut se combiner avec un suivi professionnel et permet aussi d’enregistrer des personnes-ressources à contacter en cas d’urgence, d’établir un plan de sécurité personnalisé et d’ajouter des documents à consulter. Étant donné la sensibilité des informations, l’application demande à l’utilisateur de se créer un mot de passe, qu’il devra entrer à chaque ouverture.

Il est possible de s’autoévaluer en choisissant entre tristesse ou joie, désintérêt ou intérêt, plaisir ou déplaisir et désespoir ou espoir. Une note sur 10 est demandée, 5 étant la position neutre. Les chiffres bas ramènent aux indicateurs négatifs, alors que les résultats plus élevés sont les indicateurs positifs. Chaque test peut ensuite être envoyé par courriel à un contact de référence. Un graphique permet également de retracer l’évolution des données.

Dans les rubriques Penser autrement et Régler ses problèmes, l’utilisateur doit décrire un évènement ou problème particulier puis indiquer les émotions qu’il a ressenties à ce moment-là, comment il a tenté de s’en sortir et comment il aurait pu le faire autrement. « C’est vraiment issu d’une thérapie en particulier, la thérapie cognitivo-comportementale, explique la psychologue du CSCP Rose Oudot. On est beaucoup dans le découpage des pensées qui sont inadéquates et génèrent des émotions négatives, et dans comment s’en sortir en recherchant des solutions. »

Pour être efficace, l’application demande donc un investissement assez important de l’utilisateur et gagne à être combinée avec un suivi clinique. « Ça peut être un outil efficace si tu arrives à te responsabiliser dans ce processus », estime Mme Oudot. La psychologue met cependant en garde contre le risque de dépendance de l’utilisateur vis-à-vis de l’application pour s’autoévaluer.

Academos

Note : 3/5

Le site Academos, qui facilite la mise en contact de l’étudiant qui recherche sa voie avec un professionnel, propose maintenant ses services sur une application mobile. L’inscription doit être validée par Academos et peut prendre plusieurs jours.

La page d’accueil met à disposition des rubriques donnant des conseils aux étudiants sur une variété de sujets. Par exemple, pour mieux épargner ou réussir ses études. La fonction « trouver un mentor » retient l’attention, car elle fournit une liste de professionnels filtrée selon le profil de l’utilisateur. Le nom, le domaine, les champs d’intérêts ainsi qu’une description du professionnel permettent à l’étudiant d’accepter ou de rejeter la proposition sur un principe ressemblant à Tinder. S’il est intéressé par un profil de mentor, il peut le contacter par message privé. « Ça permet à l’étudiant de rencontrer des gens sur le terrain, de voir ce qu’ils font, leur cheminement, leur profil d’études, d’aller voir plus concrètement ce que cela implique », commente la coordonnatrice des services d’orientation et d’information scolaire et professionnelle du Centre étudiant de soutien à la réussite (CÉSAR), France Dodier.

Cependant, les algorithmes ne permettent pas un filtrage suffisant des mentors et peuvent parfois proposer des profils trop éloignés des champs d’intérêt de l’utilisateur. « C’est plus un outil d’exploration à utiliser de façon complémentaire après avoir établi ses critères de choix », explique Mme Dodier. S’il existe un danger de se perdre étant donné la quantité d’informations fournies, la coordonnatrice recommande toutefois l’application.