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Concours d’éloquence : découvrir le pot aux roses

Le concours Délie ta langue

 Ce concours, créé par la professeure titulaire au Département de linguistique et de traduction à l’UdeM Monique Cormier, est organisé par le Bureau de valorisation de la langue française et de la Francophonie de l’Université de Montréal.

Il vise à « promouvoir l’usage de la langue française dans sa diversité, de façon positive, originale et dynamique, en privilégiant la liberté d’expression en milieu universitaire ». Pour y participer, les étudiant·e·s de premier cycle de l’Université de Montréal, de l’Université Concordia, de l’Université de Sherbrooke ainsi que de l’Université du Québec à Rimouski doivent choisir et mettre en valeur une expression française, l’analyser et l’expliquer, mais aussi la mettre en lien avec un enjeu social.

La finale du concours, qui a réuni les dix finalistes, s’est tenue à Montréal en ligne le lundi 28 mars dernier. Trois prix ont été attribués, en plus des prix Coup de cœur du jury et Coup de cœur du public.

« Découvrir le pot aux roses ». Voilà à travers quelle expression l’étudiante en deuxième année au baccalauréat en communication à l’UdeM Kadiathou One s’est démarquée. « Le jury a été séduit par son charisme, par son authenticité. »* La lauréate du prix Coup de cœur du jury révèle qu’elle n’était pourtant pas son premier choix. Pour inspirer les autres à avoir confiance en eux et en elles, elle avait d’abord choisi la citation : « Soyez vous-mêmes, les autres sont déjà pris ». « C’est une citation que j’ai dû intérioriser, avoue-t-elle. Je voulais explorer mon identité, être à la hauteur de moi-même plutôt qu’à la hauteur des autres. »

Toutefois, puisque la règle du concours consiste à choisir une expression plutôt qu’une citation, Kadiathou a finalement opté pour « Découvrir le pot aux roses ». « Pour être totalement transparente, je ne connaissais pas l’expression avant le concours, confie-t-elle en riant. J’étais en panique et je ne savais pas quelle expression choisir. Aucune ne m’inspirait vraiment. » Après avoir trouvé l’expression qu’elle allait défendre, l’étudiante en communication s’est interrogée sur la façon dont elle allait l’exploiter. « Au début, je pensais à une rose, je me suis dit que j’allais parler d’écologie… c’était flou, précise-t-elle. Il fallait que je trouve un cadre. »

Découvrir le pot aux roses ou… être woke

« Découvrir le pot aux roses » signifie découvrir le secret ou la supercherie. Pour Kadiathou, c’est être éveillé à la réalité de la discrimination. En parler est apparu comme évident à l’étudiante, qui se sent concernée et à qui tient ce sujet à cœur. « On parle souvent du racisme systémique, des lois, etc., mais on parle moins du ressenti réel des personnes, souligne-t-elle. En tant que petite fille noire, j’ai eu du mal à prendre confiance en moi, à m’apprécier comme je suis. » Elle sait qu’elle n’est pas la seule. « Encore aujourd’hui, on refuse de jouer avec mes petites cousines, parce qu’elles sont noires », prend-elle comme exemple.

Pour parler de discrimination, Kadiathou s’est mise dans la peau d’une petite fille, en s’adressant à elle et en racontant son histoire. « On ne l’a pas préparée à affronter la dureté de la vie, à affronter la haine, l’exclusion, la xénophobie, etc. », explique-t-elle. Elle déclare qu’elle aurait voulu être prévenue qu’on allait lui dire « toutes ces choses » et qu’elle aurait aimé « voir (des modèles de femmes noires) à la télévision, dans les séries ». « Ce n’est pas parce que tu as un nez plat, les cheveux crépus, que ta morphologie est plus du côté africain, que tu n’es pas belle », fait-elle remarquer.

 La lauréate confie qu’en tant que personne noire, elle a mis énormément de temps à s’accepter. « Même dans le domaine amoureux, il faut se demander si la personne est attirée par les personnes noires, c’est compliqué », mentionne-t-elle.

 

* https://nouvelles.umontreal.ca/article/2022/03/29/concours-d-eloquence-delie-ta-langue-la-victoire-a-valerie-belanger/

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