Comprendre l’Alzheimer

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Par Laura-Maria Martinez
vendredi 10 février 2017
Comprendre l’Alzheimer
Le candidat au doctorat en neuropsychologie à l’Institut universitaire de gériatrie de l’UdeM Maxime Montembeault. Crédit photo : Mathieu Gauvin
Le candidat au doctorat en neuropsychologie à l’Institut universitaire de gériatrie de l’UdeM Maxime Montembeault. Crédit photo : Mathieu Gauvin
Quartier Libre met en lumière une découverte scientifique étudiante dans le cadre de la série « Vulgarisation ». Dans ce numéro, le candidat au doctorat en neuropsychologie à l’Institut universitaire de gériatrie de l’UdeM Maxime Montembeault révèle une déconnexion cérébrale en analysant des images 3D de cerveaux atteints de la maladie d’Alzheimer.

Quartier Libre : Pourriez-vous nous résumer vos recherches en quelques mots ?

Maxime Montembeault : Jusqu’à présent, les recherches sur la maladie d’Alzheimer (MA) s’intéressaient surtout à l’atrophie de régions isolées du cerveau. Nous appliquons une nouvelle méthode qui consiste à étudier, chez les patients atteints de la MA, le degré d’atrophie au sein d’un réseau cérébral. Autrement dit, le degré de dégradation de différentes régions cérébrales qui soutiennent une même fonction, comme la mémoire.

Q. L. : Qu’avez-vous découvert ?

M. M. : Grâce à une méthode d’imagerie cérébrale, nous avons observé que, chez les patients atteints de la MA, certaines régions cérébrales étaient déconnectées au niveau des volumes de matières grises, entre autres dans le réseau du mode par défaut. Ce dernier implique différentes régions cérébrales, dont l’hippocampe [NDLR : partie du cerveau liée à la mémoire], qui sont actives lorsque la personne n’effectue aucune tâche précise mais que son esprit vagabonde, par exemple lorsqu’elle réfléchit ou ressasse des souvenirs.

Q. L. : Comment fonctionne cette méthode ?

M. M. : Nous utilisons l’imagerie par résonance magnétique (IRM), qui permet d’obtenir une image en trois dimensions du cerveau. À partir de celle-ci, nous étudions les volumes de la matière grise [NDLR : ou densité de neurones] en des zones précises du cerveau, ainsi que leurs degrés de connexion. Cette image 3D nous permet de localiser les zones atrophiées du cerveau, de connaître leur degré de dégradation et de savoir à quel point ces zones sont connectées. Les connexions peuvent ainsi être comparées entre les cerveaux sains et ceux atteints de la MA.

Q. L. : Quelle est l’importance de cette découverte pour les malades ?

M. M. : Ce sont des choses importantes à savoir, particulièrement pour le développement des médicaments. Présentement, il n’existe pas de médicament pour traiter la MA, bien que plusieurs essais soient en cours. À cause du vieillissement de la population, le taux de personnes atteintes de la MA va continuer d’augmenter. C’est une problématique à laquelle on doit s’attarder.

Q. L. : Quelle est la prochaine étape ?

M. M. : Maintenant que nous avons validé cette technique, nous aimerions l’utiliser pour mieux comprendre ce qui fait qu’un patient atteint de la MA a des problèmes de langage tels que le trouble de dénomination [NDLR : la difficulté à trouver le mot juste]. Notre hypothèse est que ces symptômes langagiers seraient causés par des déconnexions dans le réseau du langage. Cette étude, qui est actuellement en cours, combine les méthodes d’imagerie cérébrale avec l’évaluation clinique de patients, par exemple en utilisant des tests neuropsychologiques du langage comme le Boston Naming Test.

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