Une étude parue au mois de septembre et produite par la firme de consultation CIMA+ dévoilait qu’une centaine de véhicules supplémentaires viendraient congestionner le réseau viaire aux heures de pointe dans un secteur déjà surchargé.
Une situation indésirable, mais qui n’est pas du ressort de l’Université selon le directeur général du chantier, Alain Boilard. « C’est la Ville qui est responsable de ce problème […] et puis, cent voitures à l’heure, c’est deux voitures à la minute, pas vingt ou trente voitures, mais deux », relativise-t-il. En outre, selon des études menées par l’UdeM, plus de 80 % de la clientèle ne viendra pas en voiture.
Enjeux de communication
Pour l’établissement universitaire, le chantier ne présente actuellement pas de problèmes majeurs. « Ça arrive peu souvent, mais on assiste à un alignement de planètes, tout est réuni pour ce chantier-là, se félicite son directeur général. À moins d’une catastrophe, les délais vont être respectés. »
La communication avec les habitants du quartier en ce qui concerne la progression du chantier et les transformations qu’il amène à l’environnement social est une des préoccupations de l’UdeM, même si M. Boilard reconnaît que des efforts sont à faire. « On communique au besoin, on ne le fait pas toujours directement, on l’a fait un peu, mais souvent en collaboration avec l’arrondissement », complète M. Boilard.
Le membre du conseil d’administration du Comité d’action de Parc-Extension et résident impliqué Sasha Dyck regrette l’attitude des instances dirigeantes quant à la façon de procéder. « Je travaille au Centre universitaire de santé McGill et il y a des réunions chaque mois avec les différents comités du quartier, et je voulais la même chose pour le campus MIL, explique-t-il. On est allés à l’hôtel de ville, on a fait des manifestations, mais finalement tout a été signé sans que l’on ait pu avoir de discussions. Dès le début, on a eu l’impression que les gens du quartier n’étaient pas pris en compte. »
Des interactions avec l’Université qui s’avèrent trop peu nombreuses selon M. Dyck. « Environ une fois par année, des gens d’ici, surtout des groupes communautaires, se font appeler pour venir à l’UdeM, précise-t-il. Ils nous donnent la version mise à jour du plan de développement et on repart. »
« J’ai eu une rencontre avec le chef de cabinet du recteur de l’UdeM [NDLR : Jean Renaud], on discutait et il a fini par me dire : “Mais c’est où Parc-Extension ?” confie M. Dyck. On a dû aller voir sur une carte pour qu’il se rende compte où se trouvait le quartier, qui est à 40 mètres de son nouveau campus », souligne-t-il en parlant de sa rencontre avec M. Renaud en mars dernier. Le directeur de cabinet rétorque qu’il s’agissait d’une clarification concernant la localisation du campus MIL, situé aux limites géographiques de quatre arrondissements.
« M. Dyck a collaboré aux ateliers d’idéation pour le Plan de développement urbain, économique et social dès 2012, et j’attends toujours de savoir sur quelles questions il souhaiterait que l’on se penche, rappelle la coordinatrice au développement du campus MIL, Madeleine Rhéaume. On s’est revus il y a deux semaines et je lui ai dit que j’attendais toujours ses requêtes. » D’après elle, certains citoyens estiment que l’Université est responsable de quelques enjeux dans le secteur, notamment le phénomène de gentrification.
L’UdeM se dit totalement ouverte au dialogue avec les citoyens. « On veut travailler avec eux pour mettre en place certaines mesures pour avancer ensemble, assure Mme Rhéaume. M. Dyck est très revendicateur, mais parfois on se dit qu’il ne cherche pas toujours les solutions. À l’inverse, avec les gens d’Outremont, on a beaucoup de bruit généré, mais on les rencontre à toutes les six semaines, on prend des mesures. » Dans le cas du résident de Parc-Extension, la coordinatrice au développement certifie que le travail s’effectue de la même manière, mais que les retours concrets ne sont pas nombreux.
Évolution active
Le directeur du Service de l’aménagement urbain et patrimoine de l’arrondissement Outremont, René Girard, se dit satisfait de l’évolution du chantier. « Dans ce type de projet, souvent les groupes de citoyens se sentent moins informés, mais je peux dire qu’il y a eu beaucoup d’efforts pour les informer adéquatement, dit-il. Il y a des dossiers sur lesquels ils ont été davantage informés, notamment l’abattage d’arbres, la décontamination des terrains ou la circulation. »
Le conseiller en communication du campus MIL, Vincent Martineau, ajoute qu’une centaine d’activités ont eu lieu sur le chantier cette année. « On voit déjà qu’il y a des échanges, des gens qui ne se seraient jamais rencontrés si on n’avait pas fait ce projet », dévoile-t-il. Le conseiller ajoute qu’il n’est pas impossible que le projet évolue et que d’autres pavillons voient le jour dans le secteur dans les décennies à venir.
M. Boilard insiste sur le fait que rien n’a été imposé à la population tout au long du processus. « Pour la trame des rues, par exemple, il y a eu un exercice de consultation publique, détaille-t-il. Les gens ont eu l’occasion de venir exprimer leurs préoccupations. » Le directeur du chantier présente à titre d’exemple le cas du stationnement, que les citoyens ont demandé à limiter sur le projet pour contenir l’afflux de voitures, mais dont ils déplorent aujourd’hui le manque.
Le chef des opérations conclut en remarquant que l’Université ne peut pas se substituer à l’arrondissement ou à la Ville en allant sonder directement les citoyens, mais qu’elle souhaite tout de même être le plus possible à leur écoute.