Comment réussir son premier colloque

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Par Jean-Simon Fabien
mardi 26 octobre 2010
Comment réussir son premier colloque

C’est bien connu, l’expert-conseil est réquisitionné aux quatre
coins du Canada pour étaler ses connaissances transcendantes
dans des colloques universitaires. De retour d’Ottawa, il
explique à Marcel, étudiant en philo, l’origine de son succès.

«Jean-Simon, je présente un article dans un colloque universitaire
pancanadien la semaine prochaine. J’angoisse juste à l’idée de me
retrouver devant mes pairs avec une présentation de qualité douteuse
et mes talents d’orateur chancelants. Que faire ?»

Marcel, ne t’en fais pas. Tout ce qu’il te faut, c’est une compréhension minimale
des règles du jeu. Ce jeu n’est qu’une sorte de Donjons et Dragons
grandeur nature avec un décorum ennuyeux, et sans épée en mousse.

Voici quelques-unes des règles du Code de conduite international des colloques
universitaires (CCICU, duquel je suis l’auteur).

1 — présentation : Afin de frimer et d’épater tes collègues, sache
te présenter adéquatement. Confiance et assurance constituent la clé
d’une présentation réussie. Présente-toi au colloque le dos droit.

Pour bluffer la meute, localise une lointaine connaissance et n’hésite pas
à faire des blagues d’intello (c’est-à-dire plates) en riant à gorge déployée.
Les participants n’auront d’autre choix que de te considérer comme un
gros joueur !

2 — allocution: En tant que conférencier, tu es en position de commandement
devant ton assistance. Lors de la lecture, fais des simagrées
et fais glisser à répétition le stylo bille – que l’organisation t’aura fourni
à ton arrivée – entre tes doigts. L’attention de ton auditoire captif sera
détournée de ton propos grâce à ce prétendu tic !

N’oublie pas d’insérer des néologismes, des citations et des références
à Auguste Comte afin de simuler la pertinence et la profondeur de ton
propos. Ce genre de pirouette intellectuelle rapporte dans les colloques
et t’aidera assurément lors du cocktail de clôture (voir étape 4).

3 — question: Rassure-toi, Marcel, la période de questions, bien que
hasardeuse par nature, obéit toutefois à des règles définies : les questions
sont trop longues, touffues et imprécises. Elles sont posées dans l’unique
but de se faire valoir.

Amorce toujours tes réponses en remerciant chaleureusement le public
pour la question « précisément dans l’optique de ta présentation ».
Réponds vaguement à un aspect précis de l’intervention (que tu ne maîtrises
pas), pour finalement revenir à un élément central de ta présentation
(que tu maîtrises).

N’hésite pas à faire un lien boiteux avec l’actualité. Tu pourras certainement
intégrer à ta présentation sur Démocrite quelques remarques sur
les élections américaines de mi-mandat ou encore sur la souveraineté
canadienne dans l’Arctique.

4 — dégustation : Tout colloque qui se respecte se doit d’offrir aux
conférenciers un léger goûter, et parfois, un vin d’honneur. Ne t’emballe
pas, Marcel, les verrines et autres bouchées fancy sont toujours farcies
de discussions entre universitaires complaisants.

En fait Marcel, lors des cocktails, les couteaux volent bas. Ça se complimente
pour se diminuer. Reste à proximité de la bouteille de vin et gardetoi
bien de ne pas reproduire cette attitude suffisante répandue dans le
monde universitaire cynique et désillusionné !

La semaine prochaine, l’expert-conseil se fera gauchiste car nous questionnerons
la pertinence du fonds de bourses Coeur de Pirate pour les
étudiants de Brébeuf.