Oser rire pour se libérer et douter en pratiquant l’humour éthique. Le 31 octobre dernier, le professeur de philosophie Jérôme Cotte a publié Oser l’humour éthique : de Socrate à Virginie Fortin, aux éditions Somme toute. L’auteur voyage à travers les époques et propose un dialogue inédit entre philosophes et humoristes modernes. Tout au long des 18 chapitres qui composent l’ouvrage, le professeur défend le besoin de pratiquer l’humour éthique dans un monde inégalitaire.
Quelle est la portée émancipatrice de l’humour? Qui est l’humoriste éthique? Comment rire dans une société en déclin? Les questions fusent et l’auteur fait usage d’une chorégraphie de pensées audacieuses pour y répondre.
Rire pour (sur)vivre
Un récit autobiographique de l’auteur lance l’excursion philosophique. Il y révèle que, plus jeune, le rire calmait ses peurs, pouvait être synonyme de naïveté et conduisait parfois à banaliser la misère. De celle-ci, il ne voulait plus rire. Il embarque alors le lecteur dans des anecdotes personnelles qui évoquent ses rires, mais également ses pleurs.
L’œuvre de Jérôme Cotte incarne l’appel à «un rire plus lucide et lumineux, plus libérateur et juste». L’humoriste éthique y est représenté comme celui qui doute. Il entre en conflit avec le pouvoir qui participe au déclin de cette société, mais également avec le doctrinarisme contestataire du pouvoir en place. Alerte divulgâchis : «l’humoriste éthique est un dissident idiot». Avant de parvenir à cette conclusion, le lecteur est d’abord transporté par des discussions inédites entre Platon et Christian Vanasse, Kierkegaard et Marc Favreau, le clown et le philosophe.
Humour sexiste
En 2010, alors qu’il est étudiant à la maîtrise en sciences politiques à l’UdeM, Jérôme Cotte recueille des témoignages de femmes engagées dans la lutte féministe. Ces dernières partagent leurs expériences et analyses de l’humour sexiste dont usent les hommes. L’occasion pour l’auteur d’appuyer sur le besoin d’instaurer un humour qui s’affranchit de la domination actuelle, à l’inverse de l’humour brut, qui, lui, perpétue l’ordre établi.
Le voyage transperce ensuite les époques : l’humour de Kafka est défini comme éthique et le premier spectacle de Virginie Fortin est applaudi par l’auteur. À travers une lecture qui force la réflexion sur la pratique et la consommation de l’humour, Jérôme Cotte invite le lecteur à oser se remettre en question. Quitte à passer pour un «dissident idiot».