Dans le cadre du Sommet sur l’enseignement supérieur, nous vous proposons une série de scénarios possibles pour régler le dossier des frais de scolarité. Aujourd’hui, nous vous présentons l’indexation selon le salaire minimum.
À l’aube du sommet, l’indexation des frais de scolarité selon l’inflation semble être la solution privilégiée par le Parti québécois (PQ). Pourtant, il ne s’agit pas du seul type d’indexation possible.
Comme l’ont souligné les économistes experts de notre dossier, Pierre Fortin et Ianick Marcil, l’indexation des frais de scolarité peut aussi être basée sur le coût de fonctionnement des universités ou sur l’évolution du revenu par habitant. Par contre, cette dernière mesure « reviendrait à défavoriser les moins fortunés », prévient M. Marcil.
C’est pratiquement toujours là que le bât blesse. Comment renflouer les coffres des universités sans affecter les ménages peu fortunés?
L’indexation selon le salaire minimum pourrait être une piste de solution intéressante. Bien sûr, cette option sera considérée si on assiste à une hausse des frais de scolarité, par opposition à la baisse souhaitée par les fédérations étudiantes et l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ).
« La hausse ne fait que rattraper l’indexation des frais de scolarité selon l’inflation à partir de 1968 », disait Jean Charest au printemps dernier. Le problème de cet argument, disait-on, est que les salaires n’ont pas nécessairement suivi.
Si une hausse des frais de scolarité peut sembler abordable pour plusieurs étudiants en 2012, c’est parce que leur salaire a beaucoup augmenté lors des dernières années. Le salaire minimum est passé de 7,75 $ de l’heure en 2006 à 9,90 $ en 2012. Au cours des dix années précédentes, il n’a augmenté que de 1,05 $.
Nous avons donc enregistré une nette augmentation du salaire minimum au cours des dernières années. Toutefois, la hausse ne serait durer puisque les taux horaires à peine plus élevés que le salaire minimum en 2006 n’ont pas été majorés. Les jeunes travailleurs qualifiés n’ont plus un salaire compétitif puisque les entreprises n’ont pas beaucoup augmenté leurs revenus à cause de la crise économique.
L’inflation, elle, demeure constante. Si les salaires ne suivent pas l’inflation, il est absurde d’indexer les frais de 2 % ou 3 % par année.
Actuellement, un étudiant travaillant à temps partiel (20 heures par semaine) au salaire minimum a un revenu annuel de 10 296 $. Selon Statistique Canada, les étudiants québécois de premier cycle inscrits à temps plein paient en moyenne 2 774 $ de frais de scolarité. Est-il normal que ces frais soient augmentés de 46 à 70 $ par année si le salaire reste le même?
Si le gouvernement souhaite indexer les frais de scolarité, il devrait le faire parce que le revenu des étudiants a augmenté. L’indexation doit aller de pair avec une hausse du salaire minimum. Plus cette hausse est forte, plus l’indexation sera élevée, mais elle doit toujours représenter la même proportion du revenu de l’étudiant. Le calcul doit toujours être fait en fonction d’un travail à temps partiel, sur un période de 50 semaines.
Par exemple, une hausse de 0,10 $ du salaire minimum représente une hausse du revenu annuel de 100 $. Les frais de scolarité représentent environ 25 % du revenu d’un étudiant qui travaille au salaire minimum. Le montant de l’indexation devrait donc être équivalent à 25 % de l’augmentation du revenu de 100 $, soit 25 $. Ainsi, l’augmentation des frais a un impact nul ou minime sur le budget des étudiants.
L’indexation par rapport au salaire minimum n’est peut-être pas la meilleure solution, mais il s’agit certainement de la meilleure forme d’indexation possible pour ne pas augmenter l’endettement étudiant.