Comédie sur le ring

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Par Guillaume Mazoyer
mercredi 12 novembre 2014
Comédie sur le ring
La liste des 39 films conseillés par Martin Scorcese dresse une cartographique presque ringarde du cinéma, selon le professeur André Habib.
Crédit photo : Isabelle Bergeron
La liste des 39 films conseillés par Martin Scorcese dresse une cartographique presque ringarde du cinéma, selon le professeur André Habib.
Crédit photo : Isabelle Bergeron
La troupe POSTHUME, qui regroupe d’anciens comédiens de Théâtre UdeM (TUM), présente la pièce de théâtre Les Amoureux de Goldoni: le match du 8 au 15 novembre prochain au Centre Calixa-Lavallée. «Il l’aime. Elle l’aime. Ils s’aiment…», mais ils vont se battre lors d’une rencontre alliant le sport et la comédie, pour le plus grand plaisir de tous.

L’auteur dramatique italien Carlo Goldoni applaudirait la mise en scène prévue pour cette pièce s’il le pouvait toujours. Les deux personnages principaux de son œuvre Gl’innamorati (Les Amoureux), Eugénie et Fulgence, s’aiment encore, mais se retrouvent cette fois propulsés dans un match sportif dont ils sont les vedettes, au milieu du ring qui leur sert de scène. «J’ai voulu transférer les codes d’une représentation sportive au théâtre», explique le metteur en scène de la pièce, Cyril Catto.

Tout y est: des commentateurs en direct, un hymne d’avant-match, une journaliste, un banc des joueurs et même desmeneuses de claque.«Je voulais bousculer la solennité de la représentation théâtrale, commente le chef de la troupe. En exploitant le cadre de la société d’aujourd’hui, je propose un contenu culturel.» Ce choix de mise en scène permet de mettre en avant la performance de l’athlète-comédien dans un cadre d’échange avec le public.

Commentateurs et meneuses de claques

«Nous ferons des commentaires sur les performances des acteurs, sur Goldoni ainsi que sur POSTHUME en général», prévoit le diplômé en droit à l’UdeM et commentateur de la pièce, Étienne Cloutier. Au nombre de deux, les commentateurs occupent une place importante dans la pièce puisqu’ils ont à fournir une présentation d’avant-match et à faire une analyse de la représentation au cours des deux entractes de quinze minutes.

«Je ne suis pas un grand connaisseur de sport, donc ma connaissance de celui-ci passe par les commentateurs , poursuit Cyril Catto. Pourquoi ne pas amener cette dimension pédagogique au théâtre?» Ces présentateurs seront épaulés par une journaliste qui ­réalisera des entrevues avec les athlètes-­comédiens pendant les entractes et sondera l’opinion du public sur le spectacle en cours.

Interrogé sur sa méthode de préparation, Étienne Cloutier avoue qu’il s’agira en très grande partie d’improvisation. «La seule chose que je peux faire, c’est écouter des matchs de hockey ou de soccer et essayer de comprendre l’art de faire des commentaires essentiellement vides», dit-il.

Quatre «chipies», comme elles s’appellent entre elles, sont les meneuses de claques de la rencontre. «Ce sont les fans finies des personnages de la pièce», décrit l’une d’elles, Elsa Girard. Tout au long du match, elles présentent les scènes en tournoyant autour du ring comme des mannequins avec leur panneau annonçant le prochain round. Elles n’hésitent pas à y aller de cris d’encouragements.

Improvisation partielle

«Je me suis inspiré de la Commedia dell’arte, précise Cyril Catto. Les comédiens ont le canevas, mais je ne veux pas qu’ils présentent le même spectacle deux soirs de suite.» De plus, les athlètes-comédiens ne pourront pas répéter les mêmes déplacements à chaque spectacle, car au premier acte, le décor est composé d’une scène solide qui devient de la terre molle au deuxième acte, puis de la boue au troisième acte.

Il ne manque plus qu’une foule en délire. «Tout est fait pour que le spectateur se sente comme s’il venait d’allumer sa télé», illustre le metteur en scène. Cyril Catto ne croit cependant pas que le quatrième mur, qui sépare le public des acteurs sur scène, soit entièrement abattu avec ce spectacle.«Il n’est pas nécessairement brisé puisque l’espace de jeu est limité, poursuit-il. Par contre, il tombe à partir du moment où le public adhère entièrement à l’histoire.» Il s’agit donc d’un mur translucide pourcette pièce.

«C’est un défi, car c’est l’énergie du public qui guidera notre façon de jouer» , croit une autre chipie, étudiante en psychologie à l’UdeM, Lucie Rouau. La mise en scène permet aux acteurs de tenir compte des interactions avec le public, s’il y en a. Elles sont toutefois attendues, car la troupe espère créer une ambiance survoltée pour ce duel amoureux.

Les Amoureux de Goldoni: le match!

8 au 15 novembre à 19h30

Centre culturel Calixa-Lavallée

3819, rue Calixa-Lavallée 13 $ pour les étudiants

Quatre pièces qui brisent le 4e mur

Trois
(2014)

Écrit et mis en scène par Mani Soleymanlou

Dans ce monologue autobiographique, l’auteur s’interroge sur ses racines iraniennes et sur son appartenance à sa culture d’origine. Le concept permet à une cinquantaine d’interprètes de compléter la réflexion initiée par le metteur en scène pendant le spectacle. Les acteurs posent des questions à la foule quidoit répondre et interagir avec eux.

Jeux de société
(2012)

Création collective de POSTHUME

L’événement se déroule dans cinq chambres différentes. Les spectateurs reçoivent au début du spectacle un itinéraire personnel qu’ils doivent suivre pendant la soirée afin de visiter chacune d’entre elles.


Le NOSHOW

Un show-must-go-on à tout prix

(2014)

Œuvre collective écrite par François Bernier, Alexandre Fecteau, Hubert Lemire, Maxime Robin, mise en scène par Alexandre Fecteau

Les personnages de la pièce ont des décisions financières à prendre, que les spectateurs influencent en envoyant des textos pendant la soirée. Ces messages sont comptabilisés et changent le cours de l’histoire. La première décision à prendre pour le spectateur sera celle d’acheter le billet sur place, avec un choix de six tarifs différents, dont la gratuité.

Tragédies romaines
(2010)

Écrit par William Shakespeare, mis en scène par Ivo Van Hove.

Le décor est un centre de congrès international dans lequel des politiciens se battent sur les sujets qu’évoquent des tragédies romaines remises au goût du jour. Le spectateur peut se promener à n’importe quel moment dans le décor pour prendre un verre ou se laisser séduire par le discours d’un des personnages.