Culture

L'équipe actuelle de CISM. De gauche à droite : Charles-André Chamard, Antonis Labbé, Simon Doucet-Carrière, Etienne Galarneau, Eloi Mayano-Vinet, Zykia Mendez, Roxane Caillon et Benoit Poirier.

CISM célèbre 30 ans d’existence

Indépendance, audace et diversité : voilà comment se définit en trois mots CISM, ou « Communication Information Sur la Montagne ». La radio étudiante, qui réunit 120 bénévoles à travers 80 émissions, se positionne en tant que « référence en musique et en culture alternative et émergente au Québec », selon ses propres mots.

« J’aime la programmation musicale très québécoise, qui me fait toujours découvrir de nouveaux artistes », déclare la nouvellement diplômée du certificat en journalisme de l’UdeM Éléonore Escobar à Quartier Libre. Les sujets plus « jeunes » et le « ton moins strict que sur d’autres radios » ont su la séduire.

« Un tremplin pour les artistes encore inconnus des grands médias »

Les Trois Accords, les Cowboys Fringants, Karkwa, Loud ou encore Bleu Jeans Bleu font partie des nombreux artistes qui se sont fait connaître sur les ondes de CISM. La radio étudiante de l’UdeM met un point d’honneur à diffuser la culture alternative et émergente du Québec et tient également à offrir à ses auditeurs une diversité de genres musicaux. Hip-hop, électro, jazz, punk/métal, folk/country, pop/rock, musique exploratoire ou encore musiques universitaires ou globales, plusieurs émissions animées par des mélomanes diffusent chaque style.

Une école pour les animateurs de demain

 

Rommane Blouin, en 2012, animatrice de l’émission Nous sommes les Rockers, de 2012 à 2020.
Crédit photo : Maxime Juneau

Patrice Roy, Sébastien Benoit, Véronique Cloutier, Fred Savard, MC Gilles ou encore Marie Plourde sont quelques-uns des noms bien connus d’animateurs et animatrices, de journalistes et de politiciens et politiciennes qui ont fait leurs débuts à CISM. Et pour cause, les ondes du 89.3 FM, qui réunissent 81 000 auditeurs par semaine en moyenne, ne proposent pas seulement des émissions musicales. La diversité de la programmation se retrouve également dans le contenu des émissions et dans l’animation, selon le directeur de la programmation, Etienne Galarneau. CISM offre en effet des séries documentaires, des émissions culturelles et artistiques, d’information et de société, mais aussi de sport ou d’humour. Elle consacre même trois émissions à l’Université de Montréal, dont celle de Quartier Libre, diffusée chaque vendredi à midi.

Etienne Galarneau, qui anime depuis mai 2013 l’émission de musiques variées Va voir ailleurs si j’y suis, indique que la particularité de CISM est que certains bénévoles continuent à y animer des émissions, même après la fin de leurs études. Que les raisons soient l’amour pour la musique, la passion radiophonique ou encore le désir de mettre de l’avant une culture boudée par d’autres médias populaires, M. Galarneau souligne que certains animateurs et animatrices cumulent parfois plusieurs décennies de bénévolat à CISM. Donner l’occasion à des personnes de poursuivre l’animation au sein de la radio étudiante permet aux auditeurs et aux auditrices, selon lui, d’écouter « un produit fiable et de qualité ». « Les gens qui restent plus longtemps ont le temps de développer leur expertise », estime-t-il.

L’histoire de CISM à travers ses bénévoles

« Il y a un aspect école de journalisme à CISM, décrit le bédéiste et bénévole à CISM depuis janvier 2009 Alexandre Fontaine Rousseau, également auteur du livre Il est strictement défendu de boire de l’alcool en studio : 30 ans de bénévolat à CISM, paru le 19 octobre dernier aux Éditions de Ta Mère. Il y avait une salle de nouvelles à l’époque. Il y a toujours pas mal de recherchistes. Beaucoup de futurs recherchistes de ICI Radio-Canada commencent en faisant des émissions de contenu à CISM. »

Pour célébrer ses 30 ans, CISM s’est offert une compilation sur vinyle intitulée Les Chants du 30e, en plus de solliciter M. Fontaine Rousseau pour narrer l’histoire de la radio. « Mon ton irrévérencieux plaisait pour raconter l’histoire de la station », s’amuse celui-ci.

Le bédéiste et auteur, qui anime l’émission de punk/métal États altérés tous les lundis de minuit à 2 heures du matin, ajoute que l’idée était de partir des animateurs pour écrire l’histoire de la station, notamment à travers leur expérience. « Il y a plein de profils différents pour être bénévole à CISM, décrit-il. Le premier stéréotype, c’est le maniaque de musique qui veut vraiment partager sa passion pour celle-ci, et il n’y a pas de meilleur endroit pour faire cela que dans une radio étudiante. »

M. Fontaine Rousseau souligne qu’il a fait face à un immense défi quand il a dû choisir les bénévoles qui allaient figurer dans son recueil. « Ça a été hyper compliqué, et s’il y a bien une chose qui est stressante quand tu fais un livre comme ça, c’est de faire une sélection, avoue-t-il. Il y a tellement de gens qui ne sont pas dedans et qui auraient dû y être… » En effet, à hauteur de 120 émissions pour 80 bénévoles par année, l’animateur de CISM a recensé un nombre colossal d’anecdotes des trente dernières années.

Un sentiment d’appartenance

Il est strictement défendu de boire de l’alcool en studio : 30 ans de bénévolat à CISM fait état de plusieurs histoires qui illustrent un certain sentiment d’appartenance entre bénévoles, mais également avec l’auditoire. Parmi celles-ci, M. Fontaine Rousseau mentionne que la programmation de CISM a compté une émission humoristique de 2000 à 2005, baptisée Les rongeurs du risque et animée par Guillaume St-Onge, Raphaëlle Derome et Fabien Fauteux. Au cours de l’une d’elles, l’équipe a organisé un karaoké en direct. « Ils faisaient jouer des tounes super quétaines, décrit le bédéiste. Et pour créer un moment d’intensité sur les ondes, ils se mettaient à garrocher des affaires en studio, puis ils ont cassé une fenêtre. » Pour réussir à rembourser la fenêtre, les animateurs et l’animatrice des Rongeurs du risque ont donc vendu des compilations des meilleurs moments de l’émission aux auditeurs et auditrices. « Les auditeurs de CISM sont passionnés », poursuit le bénévole.

L’équipe de CISM pour les 25 ans de la station en 2016 au Théâtre Plaza.
Crédit photo : Camille Gladu-Drouin

Pour témoigner de la fidélité de l’auditoire de CISM, M. Fontaine Rousseau cite l’émission Voix tropicale, animée les samedis matin de 9 heures à 13 heures par Louis Chopin Laurent depuis octobre 1998. « Dès qu’il arrête de parler sur les ondes, le téléphone se met à sonner, puis ça n’arrête pas pendant trois heures, révèle-t-il. Les gens veulent lui parler pour le remercier d’être à la radio. C’est un aspect communautaire fascinant. »

Il est strictement défendu de boire de l’alcool en studio : 30 ans de bénévolat à CISM d’Alexandre Fontaine Rousseau aux Éditions de Ta Mère est disponible dans toutes les librairies et dans les locaux de CISM pour 25 $. Le vinyle Les Chants du 30e est offert pour tout achat d’un produit CISM à la station. Les chansons sont aussi proposées en ligne.

Partager cet article