Chronique : Une poésie revisitée

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mercredi 1 février 2017
Chronique : Une poésie revisitée
Rue de la Roquette à Paris/Flickr.com Denis Bocquet
Rue de la Roquette à Paris/Flickr.com Denis Bocquet
À mi-chemin entre la poésie et le théâtre, le spectacle Attentat, présenté sur les planches du théâtre Périscope à Québec, met en scène plus d’une trentaine de poèmes québécois. Il est aussi un écho au printemps érable, l’une des plus grandes manifestations estudiantines au Québec. Regard sur la poésie québécoise comme objet d’art, de lutte et de diversité.

Au Québec, la poésie semble connaître une popularité radieuse d’après la maison de la poésie de Montréal. En effet, la poésie contemporaine est plus que jamais présente dans le cœur des Québécois. Pas de grandiloquence ni de style verbeux, mais un rassemblement de voix, un objet de lutte : aujourd’hui, elle n’est pas seulement un support artistique, elle est aussi guerrière, politique et sociale, et invite par la force des mots à s’unir ensemble contre les dérives de l’humanité.

La pièce Attentat, sous la collaboration de Gabrielle et Véronique Côté, en est un exemple fort. Elle présente, dans un jeu de mots, de symboles et de lumières, le fleuron de la poésie contemporaine québécoise. Celle-ci est aussi une danse révolutionnaire autour du printemps érable, une grève étudiante québécoise dénonçant, entre autres, la hausse des droits de scolarité universitaires. Cette mise en scène, vibrante d’émotion et portée par un sens profond de l’engagement, montre à quel point la poésie demeure active et occupe une place de choix, même sur la scène politique.

David Goudreault est d’ailleurs l’un des premiers poètes québécois engagés à avoir remporté la coupe de Poésie à Paris en 2011. Autrefois travailleur social, ce jeune talent est très investi dans l’avenir des jeunes et n’hésite pas à exploiter le slam et la poésie pour les inciter à lire.

Discrète mais pérenne

L’industrie de la poésie ne pèse cependant pas très lourd sur le marché littéraire, supplantée par le roman, le théâtre et plus récemment la bande dessinée et le manga, qui raflent une grande majorité des ventes. La poésie n’occupe qu’une très petite place chez les libraires, et est également peu présente dans la presse et à l’écran, les émissions littéraires donnant souvent priorité au roman.

Or la poésie de « papier » n’est pas la seule de son espèce, et le succès de ce genre au Québec pourrait s’expliquer par sa capacité à se réinventer. Étant l’une des formes littéraires les plus anciennes du monde, elle est marquée du sceau de la philosophie et des arts dans la Grèce antique avec son langage particulier, plein de raffinements intellectuels et de sonorités musicales. Aujourd’hui, ce type de littérature a gagné en souplesse et en modernité, troquant son lyrisme pour un vers plus libre.

Elle a ainsi élargi son champ de registres et trouve toujours une résonance dans son cercle de lecteurs, notamment sur les réseaux sociaux où les amateurs du genre perpétuent la tradition dans leurs blogues. Elle est aussi revisitée par les chanteurs de slam – une improvisation poétique orale et proche de la chanson. Que ce soit au théâtre, dans les musées ou au cinéma, la poésie est partout autour de nous.