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Chronique : Être une femme aux cycles supérieurs

Naomie Léonard, Annabelle Podlasiewicz, Mélanie Radilla et Charline Robert-Lamy sont toutes les quatre étudiantes à la maîtrise en science politique à l’UQAM et fondatrices du collectif Être femme aux cycles supérieurs. Le projet est né d’un consensus général chez les organisatrices, à savoir qu’il existe aux cycles supérieurs des structures de pouvoir qui influencent la réalité étudiante des femmes. Ce constat est le point de départ d’une foule d’observations soulevées lors de discussions entre étudiantes menées par le collectif.

Leurs observations sont telles qu’indépendamment du programme d’étude, de l’université et du milieu social, il existe des points communs vécus par les femmes aux cycles supérieurs, tels que la sous-représentation dans les séminaires, le syndrome de l’imposteur, le double standard sur le plan des carrières, la difficulté de mener de front études et maternité et les exigences de performance, pour ne nommer que ceux-ci. «  Pas une fois quelqu’un a soulevé une situation qu’une autre n’avait pas déjà vécue ou ressentie, souligne Mélanie. C’était quand même un peu décourageant de constater que peu importe le programme ou l’université, on retrouvait les mêmes problèmes et inquiétudes.»

Structure de pouvoirs aux cycles supérieurs

De prime abord, on pourrait se poser la question de la sous-représentation des femmes aux cycles supérieurs. Selon une étude menée par le Conseil du statut de la femme, bien que les étudiantes au doctorat demeurent minoritaires, plus de la moitié des femmes occupent les bancs d’école à la maîtrise. Cela dit, la sous-représentation des femmes aux cycles supérieurs ne correspondrait par uniquement à leur présence en nombre (bien que ce soit le cas dans certains programmes notamment en sciences ou en informatique) mais davantage à leur prise de paroles dans les cours. « On a réalisé que la dynamique était différente dans les classes à majorité masculine et que cela avait un impact sur la prise de parole, que la dynamique de classe reproduisait des dynamiques sociales entre les genres », estime Naomie.

D’ailleurs, les hiérarchies de pouvoir en milieu universitaire font couler de plus en plus d’encre en sciences sociales. Une étude récente démontre que le travail et la réussite universitaire des femmes sont généralement sous-estimés en comparaison avec ceux des hommes, qui seraient davantage valorisés. Ce constat, présent à l’université et ensuite dans le marché du travail, commencerait dès l’âge scolaire comme l’attestent de nombreuses recherches* et participerait à entretenir un sentiment d’imposteur, de sous-estimation. Cela contribuerait également à maintenir une pression plus grande de performance chez les étudiantes.

Pistes de solution

Afin de faire face à cette réalité, Être femme aux cycles supérieurs propose différentes activités. Alors que les deux premiers évènements étaient davantage d’ordre théorique (panel de discussions, colloques) le collectif offrira très bientôt des ateliers pratiques : cours d’écriture de féminisation de textes, des séances de self-care et des cours d’autodéfense. Un acte de colloque sera sous peu publié afin de partager éléments soulevés lors de la dernière conférence du 18 mars 2017. « En partageant cet acte de colloque, on pense que ça pourrait inspirer d’autres personnes à faire pareil et qui sait, que notre projet pourrait faire des petits », explique Charline.

Il est intéressant de mentionner que depuis la création du projet, plusieurs professeurs et professeures ont décidé de les appuyer dans leur démarche notamment en discutant du format d’enseignement dans les séminaires, afin de voir si une pédagogie plus horizontale et plus égalitaire serait possible.

Le format d’activité proposé par le collectif Être femme aux cycles supérieurs est plutôt inusité et permet au projet de se démarquer des autres en sortant du modèle strictement académique. Les enjeux entourant la prise de parole, le syndrome de l’imposteur et les dynamiques de pouvoir s’inscrivent, comme le démontrent les études susmentionnées, dans des rapports à l’autonomie, à la confiance et à l’estime de soi. C’est pourquoi des ateliers misant directement sur ces aspects permettent non seulement d’intégrer des notions féministes, mais de développer des outils pratiques à appliquer quotidiennement dans le milieu universitaire.

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