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Des fleurs et des messages d’amour ont été déposés sur les lieux de l’attentat en hommage aux victimes. (crédit photo: Flickr/ Vjeran Pavic)

Chronique: ce n’est plus comme avant

C’est peut-être l’arrivée du printemps, ou alors il se passe quelque chose de plus fondamental. Au moment où on pense que le moral des Américains commence à remonter – et pas juste à cause de leur économie qui se porte un tout petit peu mieux le destin les frappe avec l’événement qui s’est produit lundi dernier. Des individus ont eu la très vilaine idée de commettre un attentat. Les événements de Boston ont réactivé l’anxiété des Américains qu’avait provoquée la commotion de septembre 2001.

La correspondante de Radio-Canada à Washington, Joyce Napier, l’avait souligné en entrevue il y a quelques semaines : ce qui caractérise les Américains, au-delà de la colère due à la Crise, des frustrations à l’égard du système politique bloqué par la partisannerie, ce qui les caractérise, c’est qu’ils ont encore peur. Plus de dix ans ont passé, mais la plaie ne s’est pas cicatrisée. Les nouvelles en provenance des bourbiers que sont l’Irak et l’Afghanistan leur rappellent trop souvent que la page de la « guerre au terrorisme » n’est pas tournée.

Or, voilà que les réactions à la suite des attentats de Boston nous indiquent que nos voisins du Sud ont fait du chemin. Ils nous ont donné un exemple de résilience et de sang-froid face à cette tragédie qui mériterait d’être soulignée, comme on l’avait fait à propos des Japonais à la suite de Fukushima. Le premier point de presse d’Obama tranchait avec le ton revanchard de son prédecesseur : «I’m supremely confident that Bostonians will pull together, take care of each other and move forward as one proud city […]» [Je suis extrêmement confiant que les Bostonniens vont se relever, vont prendre soin les uns des autres et qu’ils avanceront ensemble fièrement].

Thomas Friedman du New York Times affirmait haut et fort dans son éditorial la semaine dernière qu’on devrait organiser un nouveau marathon à Boston dans les plus brefs délais pour ne pas laisser gagner les terroristes: «This is our house. We intend to relax here. And we are not afraid.» [Nous sommes chez nous ici, et nous avons l’intention d’être calmes. Nous n’avons pas peur].

On aura encore peur, et on va probablement continuer à modifier notre mode de vie pour empêcher que d’autres drames se produisent. La présence de caméra de surveillance dans les villes risque de s’accroître, dit-on.

On cherchera par tous les moyens imaginables à contrôler tout ce qui pourrait être une menace à la sécurité, au grand dam des voyageurs, des marathoniens, et pourquoi pas des cinéphiles, maintenant que les salles de cinéma ne sont plus sûres. Cependant, un discours constructif et serein rejoint plus de gens désormais. Ça tombe bien, c’est celui du chef d’État ayant la plus grande tribune au monde, Barack Obama. Peut-être que certains comme lui ont compris que l’Amérique ne pourra pas encore faire chambre à part avec le terrorisme.

Et à Montréal, sommes-nous immunisés contre le terrorisme ? Saurons-nous prendre une grande respiration si jamais le pire se produisait ? Autant de questions que je soupçonne plusieurs d’ignorer. Autant de questions que nous devons tous nous poser .

 

 

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