Culture

Francis Desharnais signe un orignal très graphique.

Chic Moustache : le Québec 100 % coton

Les États-Uniens ont leurs t-shirts Threadless. Les Français ont laFraise. Les Québécois ont désormais Chic Moustache ! Le projet de Christophe Magnette et d’Aurélie Olivier est en oeuvre depuis juillet dernier. L’idée ? Proposer du textile régional original sans l’écueil du « t-shirt de touriste ».

Chic Moustache est un site Internet. Son principe, comme celui de Threadless et de laFraise, est très simple : des graphistes y proposent un visuel, les internautes votent, puis, selon les résultats du concours, l’organisateur fait sérigraphier les t-shirts en série limitée. Alors, pourquoi le nom Chic Moustache ? Christophe Magnette répond tout sourire : «C’est le fruit de longs brainstormings… On voulait un nom qui sonne en anglais comme en français et qui soit fun. Il fallait aussi que le domaine soit disponible en .com et en .ca. Chic Moustache s’est imposé de lui-même!»

Francis Desharnais signe un orignal très graphique.

Bien évidemment, Chic Moustache ne réinvente pas le concept de la production textile en concours permanent… Seulement, voilà ! Ces «t-shirts qui pognent» s’adressent aux purs, aux durs, à ceux qui déblaient leur char l’hiver : les Québécois et les assimilés – si vous êtes Ontarien et que vous aimez la belle province, vous avez quand même le droit de vous habiller à la boutique CM. «On voulait sortir de la bête fleur de lys… Le Québec, c’est un peu plus que ça quand même», confie Christophe Magnette.

Une mouffette qui pète, une petite inside joke de Julie Delporte.

Pourtant, il y a bien une, de fleur de lys dans la collection. Intitulé «Je me souviens», ce design signé Hubert Meffe-Hétu (étudiant graphiste montréalais) relie 150 mots et expressions pour former l’emblème du Québec : c’est le seul. Pour le reste, le spectre est plutôt large. Francis Desharnais signe un orignal très graphique (et très éloigné de son travail dans la BD Burquette) ; Iris (qui a récemment sorti la BD Justine) réinterprète l’image du bûcheron canadien ; et Vincent Giard livre sa vision de Montréal et de ses lieux symboliques (immeubles du Centre-Ville, Mont-Royal, autoroute Ville-Marie, Club Super Sexe, etc.). Julie Delporte propose pour sa part une mouffette plutôt polissonne… Et pourquoi mettre cette mouffette en scène dans une situation si gênante ? Pour la bédéiste (et oui, encore une), c’est surtout un clin d’oeil à la vie quotidienne. Une petite inside joke servie sous des apparats régionaux.

I dig Montreal, imaginé par Eric Bouchard, est un hommage à Montréal, à ses nids-de-poule, et à ses romantiques chantiers.

Le cofondateur Magnette s’explique: «on veut une collection homogène, mais ce n’est pas pour autant que les productions doivent toutes êtres similaires. On veut aussi exposer la diversité des graphistes québécois. » Pour le coup, c’est plutôt réussi et ça s’exporte même bien audelà des limites de l’île de Montréal: «On a pas mal de commandes en région, mais aussi à l’étranger. Tiens, par exemple, j’en ai eu de Suisse et de France récemment! J’étais vraiment étonné et ravi!».

Dans l’échange de procédés, tout le monde a quelque chose à gagner : les artistes touchent deux dollars par t-shirt vendu et s’offrent de la visibilité, alors que Chic Moustache s’occupe de la production. Pour Julie Delporte, c’est un vrai coup de pouce : «J’adore dessiner et je suis super contente de voir mon travail imprimé, mais je ne me serais jamais lancée dans la sérigraphie toute seule. Ça coûte cher et c’est beaucoup de problèmes.»

Si Christophe Magnette demeure évasif quant aux volumes de ventes, il sait que son projet a de l’avenir et il veut continuer à favoriser les créations. Hoodies et collections enfant devraient bientôt apparaître en catalogue.

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