Changement de rôle

icone Culture
Par Maude-G. Lafleur
mercredi 16 octobre 2013
Changement de rôle
«Je ne retournerais pas à l’écran. Ça ne me dit vraiment plus rien. » – Thomas Graton. (Crédit photo: Pascal Dumont)
«Je ne retournerais pas à l’écran. Ça ne me dit vraiment plus rien. » – Thomas Graton. (Crédit photo: Pascal Dumont)

Chaque mois, Quartier Libre fait le portrait d’un comédien de série télévisée jeunesse qu’on ne voit plus à l’écran. Vous pouvez participer à la sélection du prochain comédien sur la page Facebook du journal.

 

Thomas Graton a marqué deux générations d’enfants avant de se retirer de nos écrans. L’acteur qui campait le rôle de l’oncle Darius dans Robin et Stella, du Roi Jasant dans Ma Princesse Astronaute et de Pon-Pon dans Pin-Pon est aujourd’hui agent d’artistes. Pour lui, l’envie d’être devant la caméra n’y était plus.

« J’en avais assez d’être en avant, j’avais le goût d’un changement. J’en avais assez du style de vie d’acteur et des journées de travail », lance Thomas Graton. Il raconte qu’après avoir passé près d’une trentaine d’années à jouer à la télévision et au théâtre, il a préféré se ranger derrière la caméra.

Bien loin des longues journées de tournage, la vie d’agent d’artistes est plus posée et lui permet de s’occuper de sa famille. « J’ai un horaire normal de bureau, note-t-il. La gérance d’artiste ne me demande pas vraiment de travailler les fins de semaine. Je gère mon horaire et j’aime bien ça. »

Son grand besoin d’être structuré dans ses horaires, entre autres, l’a poussé à réorienter sa carrière. « J’en ai beaucoup appris sur la précarité de la vie, dit-il. On vit intensément  pendant un laps de temps, mais ensuite ton agenda est vide. Tu apprends à vivre comme ça, mais un moment donné tu as besoin de balises. »

Thomas Graton explique qu’avant d’avoir changé de branche, il s’est avant tout tourné vers la réalisation. Choix qu’il a rapidement laissé tomber. « Le rythme de vie était encore plus compliqué en tant que réalisateur qu’en tant qu’acteur », observe-t-il.

Un brin nostalgique, Thomas explique que même si, parfois, lors de représentations théâtrales auxquelles il assiste, l’envie de retourner sur scène le prend, il n’a aucune intention de retourner au jeu. « L’envie de jouer est encore là, mais ça ne dure pas longtemps, avoue-t-il. Quand je pense qu’il faudrait que je reprenne le lendemain, la flamme s’éteint. »

Ayant déjà refusé plusieurs offres pour des rôles et des apparitions dans les médias, il est catégorique sur le fait qu’il ne retournerait pas à l’écran, du moins pour l’instant. « Je ne ferme pas la porte, mais je n’y pense pas tous les jours, disons », indique-t-il.

Catégorisation

Après avoir fait rire les enfants pendant plusieurs années, il s’est retrouvé à être catalogué dans des rôles de séries jeunesse. « On reste coincés dans une catégorie d’acteurs, pense-t-il. J’étais un petit peu « Monsieur. Enfant », mais des fois t’as le goût de jouer un bandit à cravate. » Pourtant, il avait joué des rôles variés avant de plonger dans l’univers des séries jeunesse. « Ça ne me disait plus rien, lance-t-il. Peut-être que c’est le fait de vieillir et que j’avais pris de la maturité, donc je me suis retiré. »

Cependant, il garde de ses rôles jeunesse des expériences agréables. « Chacune de ces productions m’a apporté une expérience de vie extraordinaire », juge-t-il.

De tous, c’est le rôle du Roi Jasant dans Ma princesse astronaute qu’il l’a le plus marqué. « Un personnage à la Molière, se remémore-t-il. C’était une belle gang, tout le monde était très proche. Sur le plateau c’était le party et j’ai beaucoup de souvenirs d’amitié. »

Encore aujourd’hui des gens le reconnaissent dans la rue et il s’en considère chanceux. « C’est toujours drôle de voir le gars de 30 ans avec une grosse barbe qui vient te voir en disant que t’as marqué son enfance, avoue-t-il. Il y a des gens que tu n’imagines pas enfant. » Il voit comme un privilège d’avoir accompagné toute une génération dans son enfance.

Son métier d’agent d’artistes l’appelle à se consacrer à son client contrairement à l’acteur qui se soucie davantage de ses rôles et de sa carrière. « J’ai toujours défendu mes pairs avec mon sens de la négociation et de la gestion, précise Thomas Graton, qui siège au conseil d’administration de l’Union des Artistes. Tout s’est ensuite enligné vers la gérance d’artiste. »

Serein, l’ex-comédien est bien confortable avec la vie qu’il mène maintenant. Il a adoré son passage en avant de la caméra, mais ne regrette aucunement d’avoir pris cette décision. « Je ne retournerais pas à l’écran, dit-il. Ça ne me dit vraiment plus rien. »

L’agence artistique Thomas Graton est membre de l’Association québécoise des agents artistiques et gère la carrière d’artistes connus, dont Chantal Fontaine et Normand Daoust.