Culture

(Crédit : Pascal Dumont)

Des macaronis pour maman

Pourtant fabriqué avec beaucoup de coeur et de nouilles, le collier de macaronis n’a aucune valeur commerciale, avant-gardiste ou esthétique. En toute connaissance de cause, l’étudiante en communication à l’UdeM, Cybèle Beaudoin Pilon, a demandé à 18 artistes de faire un collier de macaronis pour la fête des Mères. Une exposition bientôt au Studio xx, du 5 au 12mai.

Votre mère a une boîte remplie de petits trésors, comme ce collier de macaronis que vous lui avez conçu jadis durant un mois de mai, et ça ne sert à rien. Il s’agit d’un « cadeau fréquemment fabriqué en activité scolaire par les très jeunes enfants pour la fête des Mères», précise Wikipédia. C’est exactement ce qui a attiré Cybèle Beaudoin Pilon, à l’origine du projet d’exposition Colliers de macaronis pour maman. «J’ai toujours plein d’idées, affirme l’étudiante en communication à l’UdeM. D’un point de vue artistique, le collier de macaronis a quelque chose de ridicule. Il évoque aussi une naïveté, un côté très kitsch.»

Derrière l’apparence enfantine de la commande, l’exposition fait fi des barrières de l’art, de l’industrie et de l’artisanat. Des joaillers, des vidéastes, des sculpteurs, des designers, des peintres et des tenants d’autres voies artistiques sont réunis pour l’occasion. «Il n’y a pas de barrières. C’est assez inhabituel, fait remarquer Cybèle Beaudoin Pilon. L’art contemporain en particulier est un milieu très circonscrit. Dans l’exposition, des créateurs issus de milieux plus commerciaux vont être mêlés à des créateurs issus de l’art contemporain.»

Même si le collier de macaronis n’est pas tout à fait la matière première des arts, il s’inscrit dans une tendance où l’objet directement issu du quotidien, avec toute sa charge affective, est roi. La preuve : le petit, le banal, l’objet, le cossin s’incrustent dans les musées.

Et si le Petit Prince vous demandait de faire un collier de macaronis ?

 La commande de Cybèle Beaudoin Pilon est restée volontairement floue en ce qui a trait aux bijoux de pâtes alimentaires. La jeune commissaire de 21 ans explique qu’elle a préféré éviter un cadre de création trop balisé. «Je ne voulais pas me perdre dans une liste de critères. La consigne est donc restée la demande de départ: “fais-moi un collier de macaronis”. Je me suis inspirée de l’image du Petit Prince. Alors, si le créateur conçoit la réponse comme quelque chose d’abstrait, ce sera abstrait. Personne n’est obligé d’utiliser des nouilles. Dans l’exposition, il y aura donc réellement des colliers en macaronis et d’autres oeuvres qui seront plus expérimentales.»

Elle donne l’exemple de l’artiste François Lumière, qui prépare une installation qui se tiendra sur tout le mur. «C’est très grand, cette installation. On a demandé les dimensions de chaque projet. Le Studio est petit. C’est hypercomplexe. Marie-Audrey Jacques, une amie à moi ayant étudié en scénographie, s’occupe de gérer l’espace.» Tout se déroulera au Studio XX, un centre d’arts médiatiques et de ressources multimédia pour femmes. Et ça tombe bien, car les nouilles crues sont aussi un hommage à maman; l’exposition est pour la fête des Mères. «Les propriétaires ont été attirés par notre exposition, raconte la commissaire. Ils appuient notre projet.»

La réflexion sur la femme, sur la mère et sur l’enfant est véritablement au coeur de la proposition de Cybèle Beaudoin Pilon. «Même s’il semble simple, ce projet est une véritable narration condensée, note Libby Hague, artiste chevronnée et exposante pour Collier de macaronis pour maman. Je faisais des objets à partir de blocs lorsque j’étais plus petite. Je demandais à ma mère de venir admirer mes projets, que je défaisais une fois admirés par elle. Le coeur de mon oeuvre pour l’exposition est la relation entre la mère et la fille.»

Ceci n’est pas du Kraft Diner, vous en conviendrez. C’est le premier projet d’exposition de Cybèle Beaudoin Pilon : un collier de macaronis.

Collier de macaronis pour maman Exposition du 5 au 12 mai au Studio xx 4001, rue Berri 

PHOTO : Cybèle Beaudoin Pilon (Crédit : Pascal Dumont)

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