Carabins soccer : Complot ou justice ?

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Par Élom Defly
mercredi 14 novembre 2012
Carabins soccer : Complot ou justice ?
Pat Raimondo est l'entrainneur-chef de l'équipe masculine de soccer depuis 2001 (Crédit photo : Courtoisie Carabins)
Pat Raimondo est l'entrainneur-chef de l'équipe masculine de soccer depuis 2001 (Crédit photo : Courtoisie Carabins)

L’équipe de soccer masculin des carabins n’a pas participé aux séries éliminatoires. Pourtant, elle occupait la tête du classement du championnat provincial à la fin de la saison régulière. elle se retrouve à l’avant-dernière place pour avoir utilisé un joueur non admissible. l’UdeM crie à l’injustice, mais ne fera pas appel de la sanction.

La nouvelle est tombée le mardi 30 octobre dernier. Le Sport interuniversitaire canadien(SIC) et le Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ) reprochent aux Carabins d’avoir enfreint le règlement du SIC. Un joueur des Carabins a participé à sept rencontres au cours de la saison alors qu’il était inadmissible. La sanction est immédiate. L’équipe perd les sept matchs impliquant le joueur non-admissible par la marque de 0-3. Sa fiche passe de 8-1-3 à 4-8. De même pour McGill qui, elle, perd 11 des 12 matchs de la saison.

Entre suspicion et confusion

«J’aurais dû savoir de quoi étaient capables mes collègues des autres universités, déclare l’entraîneur-chef de l’équipe, Pat Raimondo. J’ai été surpris, je ne m’attendais pas à ce que mes collègues descendent si bas.» Il laisse entendre ainsi que ce qui semble être une sanction du SIC ne serait qu’un mauvais coup de la part des autres universités canadiennes. Questionné sur l’identité de ces universités, il répond que son rôle consiste à diriger une équipe et non à faire de la politique. Il affirme qu’il n’était pas au courant de la situation irrégulière du joueur.

Même son de cloche du côté du coordonnateur du sport d’excellence, volet académique et affaires étudiantes de l’UdeM, Jean-Pierre Chancy. «De nouveaux faits ont été révélés au SIC par une tierce partie qui seule sait pourquoi elle a attendu jusqu’à la fin de la saison pour se manifester», regrette-t-il. Il faut dire que le SIC avait attesté l’admissibilité du joueur fautif avant de revenir sur sa décision à la lumière de ces nouvelles révélations.

«Nous ne pouvons pas vérifier l’admissibilité de tous les athlètes de toutes les disciplines de notre organisation, se défend Michel Bélanger, chargé des communications et des relations médias du SIC. Cette tâche incombe à chaque institution, nous n’ouvrons une enquête que si une équipe se dénonce elle-même ou est dénoncée.» Or, comme l’affirme Michel Bélanger : «Dans le cas du Québec, quelqu’un nous a envoyé une liste de noms de joueurs inadmissibles utilisés par les universités québécoises.»

Le directeur des opérations au SIC, Tom Huisman, le confirme. «Des membres et des non-membres du programme de soccer universitaire nous envoient des tonnes d’informations, explique M. Huisman. Bien que les athlètes en question aient été nommés admissibles à la ligue, la liste reçue en fin de saison nous a permis de mettre à jour les informations recueillies et de constater que ces joueurs ne respectaient pas le règlement. »

Des photos et vidéos du joueur irrégulier de l’UdeM aurait été envoyé directement au SIC. M. Huisman tient à préciser qu’il n’est pas nécessaire de dévoiler le nom de la personne ayant transmis la liste et les informations en question.

La règle de la discorde

La règle du SIC, en vigueur depuis cette année seulement, concerne les athlètes de plus de 20 ans qui ont joué dans une ligue de soccer outre-mer, hors Amérique du Nord. Ces ligues sont considérées comme une ligue professionnelle peu importe le niveau. La règle stipule que ces joueurs ne peuvent jouer dans la ligue universitaire canadienne que si une année s’écoule après leur dernier match au niveau international.

«C’est une règle injuste et controversée !», lance Jean-Pierre Chancy. Il prétend que même si l’esprit de la règle est bienveillant, sa formulation est décriée par toutes les institutions québécoises.

Michel Bélanger, de son côté, affirme que la règle a été votée en assemblée par les membres du SIC dont l’UdeM fait partie. «Si la règle est passée, c’est que la majorité des membres l’a votée! clame Bélanger. C’est à ce moment que l’UdeM aurait dû faire passer son message.» 

«Nous, les institutions qui représentons le Québec, avons proposé un amendement à cette règle pour que la portion qui concerne les 365 jours n’y figure plus», se défend Jean-Pierre Chancy. Mais cet amendement a été rejeté par l’assemblée générale du SIC. «Nous avions nous aussi quelques doutes à propos de joueurs d’autres universités mais n’avons pas dénoncé parce que nous ne voulions pas aller dans le sens de cette règle», ajoute avec regrets M. Chancy.

Les Carabins solidaires dans la douleur

« À la fin de la journée, c’est moi le coupable », se culpabilise l’entraîneur-chef, Pat Raimondo. Il prétend que cela relève de sa responsabilité de vérifier l’admissibilité de tous les joueurs. C’est pourquoi il veut être le seul à porter le blâme.

Même s’il concède que ses joueurs ont souffert de la sanction, Raimondo se dit content de leurs réactions. « Je suis très fier de mes gars, confie-t-il. Ils sont en train de démontrer beaucoup de courage et beaucoup de solidarité entre eux dans cette période difficile. » Quant à la manière dont l’institution a géré la crise, l’entraîneur-chef se dit totalement satisfait. « Toute la direction était derrière nous », a-t-il conclu.

Les Patriotes de l’Université du Québec à Trois-Rivières profitent de l’occasion pour remporter le championnat contre le Rouge et Or de l’Université Laval. Ils avaient terminé la saison régulière au quatrième rang avant les sanctions. L’organisation des Carabins encaisse donc une fin de saison sportive difficile après la sortie de l’équipe de football en séries éliminatoires et la défaite de l’équipe féminine de soccer en finale provinciale.