Arrondir ses fins de mois, faire des rencontres intéressantes et bénéficier d’une flexibilité dans l’utilisation : les avantages d’être hôte avec Airbnb sont clairs et nets aux yeux de l’étudiant à la maîtrise en marketing Alexandre*, qui loue une chambre dans son appartement depuis trois ans. Il n’est manifestement pas le seul, puisqu’en 2016, le Comité logement du Plateau Mont-Royal a recensé sur ce site Internet plus de dix mille logements à Montréal. « On est toujours heureux de recevoir des voyageurs et on ne le voit jamais comme un emploi », explique Alexandre. Il concède que son budget d’étudiant ne lui aurait pas permis de conserver son appartement actuel sans l’existence d’Airbnb.
La plateforme aide aussi l’étudiante à la maîtrise en littérature Nicole*. « Je suis la seule personne sur le bail pour un appartement de trois chambres à plus de 2 000 dollars, donc Airbnb me dépanne pour payer le loyer », affirme celle qui est installée à Montréal depuis à peine quelques mois. Elle avoue louer les chambres quelques jours à la fois pour pouvoir garder l’appartement.
Pour les deux étudiants, la conciliation avec leurs études n’est pas difficile. « Il faut simplement faire preuve de discipline et s’organiser à l’avance pour le ménage », explique Nicole.
Un flou à dissiper
De son côté, le Comité logement du Plateau Mont-Royal a été témoin des effets néfastes du phénomène sur les quartiers de Montréal et souhaite l’interdiction de l’hébergement touristique de type Airbnb. « Notre organisme a une position forte, car on veut défendre les droits des locataires, explique l’organisatrice communautaire du Comité, Gabrielle Renaud. Le logement est un besoin de base et Airbnb capitalise sur ce besoin. »
L’organisme insiste sur le fait que de louer des hébergements montréalais sur Airbnb contrevient à la loi. « Ces transactions ont toujours été illégales, mais la communication autour de la question semble laisser tout le monde dans le flou », souligne l’organisatrice. Selon elle, le gouvernement provincial devrait se charger de faire campagne pour clarifier le statut de l’opération.
Alexandre ne s’inquiète pas du flou juridique entourant Airbnb et assure que si les mesures relatives à l’interdiction sont mises en place, il n’aura aucun problème à arrêter définitivement cette activité. De son côté, Nicole avoue que sans cette option, elle aurait beaucoup de difficultés à trouver des colocataires prêts à défrayer les sommes nécessaires pour garder l’appartement.
Moins de logements accessibles aux étudiants
Mme Renaud précise d’ailleurs que les étudiants se nuisent entre eux en louant des appartements sur ce type de plateforme. « Ils participent à rendre du logement abordable inaccessible, informe-t-elle. Il y a une inflation du parc immobilier et du logement locatif, qui contribue à la précarité des étudiants. »
L’augmentation du nombre d’annonces Airbnb dans une ville provoquerait une hausse des loyers pour les locataires. C’est ce que démontre une étude menée par des chercheurs de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA)**. Selon cette publication, le centre-ville de Montréal serait l’endroit au pays où il y a le plus de « logements Airbnb ».